Publié le 12 Feb 2016 - 00:10
EN VERITE AVEC DR ALIOU SOW (LEADER DU MPD LIGGEEY)

‘’L’Acte 3 est une réforme inachevée avec des non-dits politiques’’

 

De l’avis de l’ancien ministre, maire, député, Aliou Sow, l’État doit  procéder au plus vite à la mise en œuvre de la loi portant statut général de la Fonction publique locale. Pour, dit-il, régler une bonne fois pour toutes la question des travailleurs des collectivités locales. Maître de Conférences à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Dr Sow revient également dans cet entretien avec EnQuête sur la crise de l’Enseignement supérieur marquée par une nouvelle grève du Saes. Président du Mouvement patriotique Mpd Liggeey, il n’a pas manqué  de donner son point de vue sur le projet de réformes constitutionnelles ainsi que sur le débat  de la double nationalité.

 

Que pensez-vous de l’arbitrage du PM dans le conflit entre le Maire de Dakar et le ministre du Renouveau urbain ?

J’en suis très heureux malgré la réaction tardive. Pour avoir défendu à l’époque que la nomination de Dionne au poste de PM était un excellent choix, je ne saurais que me réjouir d’une pareille démarche qui met un terme à ce cirque de mauvais aloi de ces derniers jours. On voit très souvent des choses bizarres avec cette Coalition au pouvoir qui nous avait promis la grande rupture positive. Heureusement, avant le pourrissement avancé, l’Association des Maires du Sénégal et le Premier Ministre ont trouvé la solution qu’il fallait pour arrêter cette sale bataille qui n’allait que noircir davantage l’Acte III en révélant ses nombreuses failles et ouvrir une campagne électorale présidentielle avant l’heure et au détriment du pouvoir. Je salue la pondération et le sens du consensus du Premier ministre Dionne qui n’est pas un homme à problèmes. Il est à féliciter pour avoir pu éloigner son supérieur, sûrement avec l’accord de ce dernier, de ce problème en le dénouant si merveilleusement. Mais qu’il calme les ardeurs de son ministre du Renouveau urbain en lui demandant de bien digérer la couleuvre qu’il est obligé d’avaler. Diène Farba Sarr est un homme d’action qui aime bien son Président pour qui il prend toujours fait et cause, mais cette fois-ci, il le sert maladroitement vraiment.

Les travailleurs des Collectivités locales ont entamé depuis la semaine dernière une série de grèves pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail. En tant qu’ancien ministre de la décentralisation comment analysez-vous ce problème ?

 Franchement, ces travailleurs ont été très patients et tolérants mais, à l’impossible nul n’est tenu. Leur situation s’adresse à notre conscience. Le pouvoir devait commencer par la mise en œuvre effective de la loi portant statut général des travailleurs des collectivités locales avant de se précipiter à imposer une réforme inachevée appelée Acte 3. Même aujourd’hui, cette loi doit être révisée pour se conformer à l’Acte 3 sans remettre en cause les acquis. J’espère bien que la deuxième phase en prendra compte. En plus du non-respect de beaucoup d’engagements, beaucoup d’agents ont perdu leurs positions et certains de leurs acquis sont remis en cause avant de les mettre dans une situation sans salaire ou de retard de salaire terribles. Mettez-vous à leur place. Ils sont de grands patriotes, mais ont des obligations familiales qui n’attendent pas un gouvernement qui prend tout son temps.

Est-ce à dire que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour mettre en pratique l’acte 3 de la décentralisation au Sénégal ?

Cette réforme est marquée par un empressement et un déficit de concertations avec la classe politique, qu’on a voulu compenser par des mises en scène de tournées sans consistance que rien ne justifie en dehors de non-dits politiques. Dans cette réforme, il y a plus de positions d’école que de traits marquants d’une vision politique solide. C’est une réforme inachevée et bourrée de preuves de tâtonnements. Cependant, l’idée de la communalisation intégrale et certaines nouvelles dispositions comme la possibilité de procéder à un découpage en zone de terroir sans entraîner la dissolution systématique des collectivités modifiées, entre autres sont d’importantes avancées.

Même si le Président refuse la création de deux catégories de communes, celles rurales et d’autres urbaines, la réalité est là, bien têtue dans la vie quotidienne. La ruralité n’est pas une honte encore moins une malédiction. C’est aussi une identité qui s’accommode bien de la modernité et du progrès surtout avec l’implication de hauts cadres dans la gestion de leurs collectivités locales d’origine. Ministre et enseignant-chercheur à l’Université, j’avais choisi de devenir Président de Conseil rural. Banquier et jeune moderne, Mbaye Dionne avait fait le même choix. Même chose pour le doyen Alé Lo, entre autres et les résultats positifs engendrés par l’appropriation de notre ruralité sont palpables dans nos localités. Je suis Kow Kow et j’en suis fier.

Aujourd’hui des concertations sont engagées pour corriger les incohérences de cette réforme mais, selon vous, qu’est-ce que  l’Etat peut faire pour résoudre  définitivement le problème ?

Les carences sont maintenant très bien connues. Les avantages sur le papier aussi. Je me méfie des réformes pilotées par des théoriciens qui ignorent l’essentiel des réalités sur le terrain du secteur qu’ils réforment. Cette réforme est à réformer.

Comment ?

Que l’État procède au plus vite à la mise en œuvre de la loi portant statut général de la Fonction publique locale. Elle est adoptée par le Parlement depuis 2011 et promulguée et beaucoup de décrets d’application déjà signés. J’en avais fait une priorité avec l’aide et le soutien du Président Abdoulaye Wade et de son Premier Ministre Me Souleymane Ndiaye. Le projet de loi portant statut de l’élu local et l’ensemble de ses décrets d’application a été élaboré et validé par l’ensemble des acteurs concernés suite à une série de rencontres, d’échanges et de concertations. Ces textes étaient déjà transmis au Secrétariat général du gouvernement avant mon départ. Les travailleurs sont privés de beaucoup d’acquis. J’avais commencé à faire allouer par le Ministère, chaque année, une subvention de trente millions de francs CFA à l’Association nationale des Assistants communautaires et engagé la procédure de construction d’un siège national pour ces grands volontaires de la patrie. Ils ont tout perdu maintenant. Et certains qui devaient devenir Secrétaires municipaux sont mis à l’écart alors que la majorité de ces brillants acteurs à la base sont excellents dans leur job. Malheureusement, ils sont tous dans les tiroirs des nouveaux tenants du pouvoir.

Par ailleurs, cette réforme dite Acte 3 ne sera pas utile tant que les mesures financières nécessaires ne seront pas prises. Il faut que le président de la République crée la CONAFIL, la Commission nationale des finances locales qui permettra l’implication de tous les acteurs concernés et non exclusivement du Ministère des Finances, le calcul des montants à affecter aux collectivités locales de façon transparente, aider à déterminer les critères et à les améliorer à chaque fois que de besoin, à créer un fonds de réserve et d’intervention urgente qui permettra au ministre en charge de la Décentralisation de pouvoir intervenir directement pour résoudre un problème particulièrement inattendu dans une collectivité locale avec les moyens de ce fonds. 

Les 5,5 % qu’on prélève chaque année de la TVA collectée pour financer le Fonds de dotation de la décentralisation (FDD) et le Fonds d’Équipement des Collectivités locales (FECL) doivent être portés à 15 % comme le veulent les élus et toute volonté de renforcement des collectivités locales. Le président de la République m’a une fois fait l’honneur de me dire sa volonté politique de prendre une telle mesure. Je l’encourage à prendre cette bonne mesure.

Qu’en est-il des travailleurs des collectivités locales ?

En ce qui concerne les travailleurs des collectivités locales, je pense que l’audit du personnel est refait encore après le nôtre. Avec la loi sur la fonction publique locale, l’État peut redéployer ceux qui sont de trop dans les collectivités locales au niveau de la Fonction publique nationale en leur accordant la priorité dans sa politique de recrutement en lieu et place des pratiques qui consistent à caser les militants du pouvoir par des recrutements trop partisans. Je profite de l’occasion pour inviter le gouvernement à généraliser l’organisation de concours de recrutements pour toute entrée dans la Fonction publique après cette phase transitoire.

Même pour recruter un chauffeur comme agent de l’État, il est important d’organiser une compétition entre tous les chauffeurs sénégalais remplissant les critères de sélection.  Il est aussi nécessaire de procéder à un rééquilibrage des collectivités locales, surtout en milieu rural, à travers un nouveau découpage administratif. Avec la communalisation intégrale, on  peut  se retrouver en zone rurale avec 2 communes voisines dont l’ancienne compte trois à 4 villages et la nouvelle qui était une communauté rurale comptant une trentaine ou une cinquantaine de villages. L’extension du périmètre communale de beaucoup de chefs-lieux de département ou de région, s’impose aussi à défaut d’une politique d’intercommunalisation avec des GIC (Groupement d’intérêts communautaires)

Est-ce que les politiques n’ont pas leur part de responsabilité dans cette situation quand on sait que beaucoup de mairies sont des officines de recasement de la clientèle politique ?

Absolument ! Chacun est venu avec sa bande à caser dans ses valises de nouvel élu.  Une grande majorité tout au moins.

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On vire des agents recrutés sur des bases politiques si on ne les isole pas sous le prétexte de manque de moyens financiers et on en recrute à la pelle pour empirer la situation de la collectivité. Et pourtant les textes sont clair là-dessus. On ne peut pas recruter sans les ressources financières nécessaires.

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Donc certains ne font pas correctement leur travail en laissant passer de telles mesures inacceptables. On ne peut reprocher à un homme politique de travailler avec ses proches, mais on doit lui exiger d’en justifier les moyens. En 2009, le Conseil régional de Tambacounda avait recruté, à la veille des élections locales, deux fois plus d’agents sans la moindre ressource. C’était un recrutement électoraliste non tolérable.

C’est aussi une question de qualité de nos acteurs politiques.

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Le Premier Ministre Idrissa Seck a raison de dire que pour nous développer, il faut remplacer les médiocres de la politique par les excellents. Cela a toujours été ma position ferme. En effet, la politique est devenue dans notre beau pays un métier pour certains.

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Et pour cette raison, ceux qui ont un métier sont très souvent tentés de s’en éloigner. Ceux qui détiennent des solutions aux maux de nos sociétés sont souvent privés de places dans les instances de prise de décisions politiques au profit des maîtres-chanteurs et des grands courtisans sans alternative. Ces derniers crient fort, insultent sans arrêt et se font calmer par des postes, des sous ou la prison. Les meilleurs qui n’aiment pas insulter ou se faire insulter par des moins brillants qu’eux se taisent et laissent faire ou attendent simplement l’élection qui suit. Et ainsi démarre l’avènement des faibles d’esprit, sans morale ni décence encore moins de compétence pour diriger des lumières et des génies qu’ils chercheront à diaboliser, humilier, affaiblir pour enfin les éteindre ou les faire partir vers des destinations inconnues.

Vous êtes enseignant à l’Université, quelle lecture avez-vous de la situation de l’Enseignement supérieur au Sénégal notamment avec la reprise de la grève par le Saes ?

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Tant que le gouvernement n’apprendra pas à respecter ses engagements vis-à-vis des syndicats et autres organisations, les grèves et autres formes de contestation et de dénonciation vont continuer à ponctuer ou bloquer le fonctionnement normal de beaucoup de secteurs du pays.

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C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire le durcissement du ton de ce syndicat.  Le SAES est quand même un syndicat raisonnable en dépit des dérives langagières de certaines personnes.

Je soutiens fortement mes collègues qui mènent ces combats au nom de notre communauté, même si la réforme des titres n’a jamais été une priorité pour moi. Le Manuel de procédures du CAMES est à la disposition de tous ceux qui veulent changer de grades et de titres reconnus sur le plan international. Je ne pense pas que l’existence d’une liste nationale pour l’inscription des collègues, parallèlement à celle du CAMES, soit aussi efficace que certains le pensent mais puisque la majorité veut ça, je m’aligne et ils ont mon soutien. Déjà dans ce pays, tout le monde se fait appeler Professeur, même certains professeurs de lycée laissent malicieusement passer la confusion entre leur métier et le grade. Même si c’est un détail pour certains, sur le plan des valeurs et des symboles, l’usurpation ou la complicité s’usurpation de titres sont assez révélatrices du degré de malhonnêteté et de manipulation au sein de notre société.

Le Sénégal, des indépendances à nos jours, a connu un peu plus d’un demi-siècle d’initiatives diversifiées de développement sans que l’une d’elles soit vraiment déterminante pour son décollage économique et social. L’enseignement supérieur en fait partie. La notion d’Université du développement peine à devenir une réalité. Nous ne sommes pas très loin du statut de fabrique de chômeurs et de grands frustrés qui vont constituer de grands défis pour le pays. Beaucoup d’enseignements ont démarré au mois de février alors qu’ailleurs ou l’université se porte bien, les gens sont dans le dernier virage de bouclage de leur plein premier semestre.

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Entre 2000 et maintenant, nous sommes passés de 8 000 bacheliers par an à plus de 40 000 bacheliers par an avec presque la même capacité d’accueil et un taux très faible de recrutement d’enseignants.

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Les enseignants de rang A (Maître de Conférences et Professeurs titulaires) partent massivement à la retraite et ne sont presque plus autorisés à avoir des contrats spéciaux depuis un certain moment suite à des recommandations d’une mission d’inspection, alors que ces grands messieurs sont toujours ou presque remplacés par des Assistants stagiaires.

Que faut-il faire de manière concrète, selon vous, pour résoudre une bonne fois pour toutes la crise de l’enseignement supérieur ?

Oser se parler honnêtement et se dire les yeux dans les yeux ce qui est possible dans l’immédiat et ce qui ne l’est pas et, surtout, arrêter de prendre des mesures qui ne sont que des solutions conjoncturelles pour des problèmes profondément structurels. Avec le surpeuplement de nos universités, le déficit d’enseignants, l’augmentation des frais d’inscription, la faible hausse du nombre de boursiers, l’existence de gros lycées avec universités, l’impossibilité devenue presque banale de payer les salaires  à date due, la récurrence du non-respect des accords que signe le gouvernement, il est important de se demander à quoi les dernières palabres sur le secteur ont apporté de positif à part un gouvernement qui continue de brandir les  meilleurs chiffres dans un océan de misères.

Mais le gouvernement a promis la construction de deux nouvelles Universités à Diamniadio et Kaolack…

Sur le papier, les universités du Sine Saloum et l’UNIDAK me paraissent bien conçus et conformes aux nouvelles attentes de l’enseignement et de la recherche et de leur adéquation avec les besoins en matière d’emplois. Nous devons aussi encourager le recrutement d’enseignants de grades supérieurs avec une politique d’incitation au retour au pays de Maître de Conférences et de Professeurs titulaires en service à l’étranger. 

Si le gouvernement actuel prend des mesures à la hauteur de celles prises par le Président Wade pour les enseignants-chercheurs, les étudiants et le personnel administratif, technique et de services (PATS), la situation va radicalement changer et de manière positive. Malheureusement, le régime actuel préfère aligner des chiffres pour bomber le torse. Comment veut-on être pertinent et pris au sérieux en comparant les montants investis dans ce secteur avec tous les montants cumulés depuis nos indépendances ? Sous Senghor, le budget s’élevait à combien ? Le Sénégal de 2000 avait à peine un budget de 500 milliards, celui de 2012 dépassait de loin les 2 000 milliards et qu’en 2016, nous sommes à 3020 milliards.

Il faut raisonner en termes d’impacts positifs sur la communauté universitaire, la société et les familles des acteurs. La bourse de l’étudiant a connu quelle hausse ? La qualité et la quantité de ses dortoirs, de ses repas et de ses services de santé, n’en parlons pas ! L’enseignant-chercheur gagne combien de plus comparé à l’effet des mesures prises par le Président Wade ? Un enseignant-chercheur n’a qu’un salaire gonflé par des indemnités, ce qui fait qu’à la retraite, il ne gagne presque rien. La détérioration continue des conditions de vie des Sénégalais consécutive à la sévérité toujours accrue d’une demande sociale se complexifie avec les effets conjugués d’une démographie galopante, une urbanisation mal maîtrisée et une paupérisation généralisée du monde rural. L’université en subit les conséquences aussi. Le décalage entre les programmes de formation dans les universités et les exigences de qualification des entreprises privées constitue un handicap majeur pour les milliers de diplômés arrivant chaque année dans le marché du travail en quête d’insertion professionnelle.

Le président Macky Sall a annoncé une série de réformes constitutionnelles, votre parti a-t-il été consulté ?

Non. Jusque-là, pas encore. A-t-il consulté d’autres partis en dehors de sa Coalition au pouvoir ? Je ne sais pas. Et si c’est le cas, je suppose que c’est juste une omission involontaire. Les petits d’hier sont les grands d’aujourd’hui et ils céderont la place aux ‘’supposés’’ petits d’aujourd’hui qui seront les grands de demain. L’expérience doit servir à quelque chose non ?

Que pensez-vous de ces réformes ?

En tant qu’acteur politique, jeune cadre et citoyen à qui mon beau pays a tout donné comme un enfant de la République et un fils de la démocratie, ces réformes m’intéressent beaucoup, du point de vue de leur contenus, des démarches qui seront adoptées pour leur amélioration et leur appropriation par les segments essentiels de notre patrie avant leur adoption par voie référendaire ou parlementaire. Les contenus et la portée des décrets d’application ne sont pas aussi à négliger. S’en ouvrir aux autres, y compris ses adversaires les plus irréductibles, en y mettant la forme qui va avec l’élégance et la rigueur républicaines, ne va rien gâter d’autant plus qu’un parmi ses pourfendeurs ou défenseur peut être demain ou après-demain dans une position de tout remettre en cause y compris les dispositions qui seront juridiquement ‘’verrouillées’’.  Aux yeux d’un homme politique, tout verrou peut sauter. Donc, mieux vaut s’entendre au moins sur certains aspects de premier plan. Oui, saisir le peuple, par voie parlementaire ou référendaire, est aussi une forme de consultation de tous. La concertation est toujours une bonne chose qui élève son initiateur.

Cependant, je préfère réserver au Chef de l’État, initiateur de ces réformes, la primeur de mes réflexions et les positions du parti que je dirige, par écrit ou verbalement. À lui d’en prendre compte ou de les jeter dans n’importe quelle poubelle, partiellement ou entièrement, à ce stade actuel du processus ou dans les décrets d’application.

La question de la double nationalité est agitée depuis un certain temps. Quelle est la position de votre parti par rapport à ce débat ?

Le Mouvement des Patriotes pour le Développement, MPD Liggeey, est un parti libéral, patriotique et panafricaniste qui ne saurait encourager ou préconiser l’exclusion sous aucune forme, ni en tolérer son habile habillage sauf pour des raisons de sécurité nationale et de cohésion sociale.  Pour nous, l’exclusion engendre l’explosion et charrie facilement des dérives dangereuses. Avoir une double nationalité ne signifie pas manquer de fiabilité pour sa patrie d’origine et aimer moins son pays que celui qui a exclusivement la nationalité sénégalaise et qui peut piller les ressources de son pays, le mettre à la merci de forces étrangères ou accepter de prendre l’argent de l’étranger contre des avantages pour ce dernier au détriment de son peuple.

Avoir la double nationalité peut aussi être le résultat de concours de circonstances, de faits du hasard, d’une intégration parfaite dans une société d’accueil d’un pays où on s’est rendu pour gagner sa vie honnêtement en envoyant presque toutes ses ressources au Sénégal, pour suppléer l’État dans sa mission d’assurer de bonnes conditions de vie et de travail au peuple tout entier. Ne projetons pas un regard accusateur sur nos vaillants compatriotes binationaux auquel nous faisons très souvent appel pour la gloire de la patrie. Ne nous privons pas d’excellents talents dont le cœur est pleinement occupé par le Sénégal à l’heure où des députés dédiés aux émigrés sont annoncés ; et même les Sénégalais binationaux sont concernés.

D’ailleurs, d’où sort ce nouveau débat ? Pourtant cette disposition dont on parle existe dans notre Constitution depuis sa version de 1991, pour certains juristes. Un ami qui visite très souvent nos textes avec un regard très vigilant m’a dit que cette disposition existe bien avant la Constitution de 2001. Tout compte fait, parlons-en avec beaucoup de hauteur et de rigueur, car il s’agit de nous juger nous-mêmes ou des parties indissociablement liées à nous. Les dérives sont à éviter. Les stigmatisations et les inutiles insinuations aussi.

Êtes-vous partant pour la présidentielle de 2017 ?

Attendons d’avoir le calendrier électoral définitivement validé, le contexte et les nouvelles mesures qui vont avec avant de parler des ambitions personnelles dont les miennes. Nous n’avons pas encore l’avis du Conseil constitutionnel dont des ‘’penseurs’’ du pouvoir disent qu’il va lier le président de la République et, en cas d’avis favorable, les résultats du référendum ou de la voie parlementaire ou de toute autre solution prise pour respecter la parole donnée ou la contourner par d’autres astuces. C’est quand bien même un cas inédit de ne pas savoir, à moins d’un an du jour du scrutin présidentiel s’il devait se tenir en 2017, si l’élection aura lieu en 2017 ou en 2019 selon les textes présentement en vigueur, comme l’a déjà rappelé du reste le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique et à juste raison. 

 

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