Publié le 24 Jul 2020 - 23:11
ENQUETE SUR LA PAUVRETE AU SENEGAL

38 Sénégalais sur 100 vivent avec moins de 1 000 F CFA par jour

 

L’ANSD a publié, hier, les premiers résultats issus de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal (EHCVM 2018-2019). Et selon les chiffres fournis par cette étude, 37,8 % de la population sénégalaise vit en dessous du seuil de pauvreté national. 

 

Des chiffres actualisés sur la pauvreté au Sénégal ont été publiés hier par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), à travers les premiers résultats de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM).

Selon le communiqué de l’ANSD, cette étude montre que ‘’l’incidence de la pauvreté individuelle au Sénégal est de 37,8 %, d’après l’approche basée sur le seuil de pauvreté national. Selon, l’approche basée sur le seuil international de pauvreté monétaire modérée qui est de 3,2 dollars par personne et par jour en parité du pouvoir d’achat (PPA) de 2011, l’incidence de la pauvreté au Sénégal est de 32,6 %’’.

Que les indicateurs soient basés sur un seuil de pauvreté national ou international, l’incidence de pauvreté au Sénégal est à chaque fois inférieure à 40 %. Cet agrégat évalue le taux de pauvreté, c'est-à-dire le nombre de personnes se situant en dessous du seuil de pauvreté, par rapport à la population totale. Dans le détail, les premiers éléments de l’approche nationale renseignent que la dépense moyenne annuelle normalisée par tête est de 507 350  F CFA, tandis que le seuil de pauvreté national est établi à 333 441 F CFA.

Autrement dit, les Sénégalais dépensent en moyenne 42 000 F CFA par mois, et toute personne qui vit au Sénégal avec moins de 28 000 F CFA par mois est considérée comme vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ce qui veut dire qu’avec une incidence de la pauvreté individuelle au Sénégal qui est de 37,8 %, pratiquement 38 Sénégalais sur 100 vivent avec moins de 1 000 F CFA par jour.

La métrologie sur l’approche basée sur le seuil international de pauvreté monétaire modérée qui est de 3,2 dollars (1 825,60 F CFA) retient, quant à elle, que la dépense moyenne annuelle nominale par tête est de 527 800 F CFA. Dans la foulée, elle place le seuil de pauvreté en 2018 au Sénégal à 298 448 F CFA.

Par ce calcul, l’on peut considérer que les pauvres sénégalais vivent avec 25 000 F CFA par mois, et donc avec moins de 850 F CFA par jour, lorsque les instances internationales considèrent comme pauvre toute personne vivant avec moins de 1 825 F CFA.

L’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) vise à produire des indicateurs pour le suivi de la pauvreté et des conditions de vie des ménages, mais aussi de fournir les données pour l’évaluation des politiques publiques. Elle s’est déroulée simultanément dans les huit Etats membres de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), en deux temps, sur la période de septembre à décembre 2018 pour la première vague et d’avril à juillet 2019 pour la seconde. Chaque vague a porté sur la moitié de l’échantillon global de 7 156 ménages. Ses concepteurs justifient l’approche en deux temps par la nécessité de prendre en compte la saisonnalité de la consommation des ménages.

Recul ou non de la pauvreté

C’est en 2012 que derniers chiffres officiels sur la pauvreté au Sénégal avaient été publiés, avec la deuxième Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS-II) réalisée en 2011 par l’ANSD. Ce document situait le taux de pauvreté à 46,8 %. Mais les experts statisticiens précisent qu’il est aussi important de relever que, compte tenu des différences d’ordre méthodologique entre l’EHCVM 2018-2019 et les enquêtes de pauvreté qui ont été menées par le passé, les indicateurs de pauvreté de cette dernière étude ne sont pas comparables avec ceux issus des anciennes enquêtes comme l’Enquête de suivi de la pauvreté (ESPS, 2005 et 2011).

Ainsi, l’on ne peut pas se baser sur ces chiffres pour affirmer que la pauvreté a reculé ou non.

L’agence d’étude en statistique renseigne qu’en collaboration avec la Banque mondiale et l’UEMOA, elle est en train de travailler sur certaines techniques de raccordement, afin de disposer d’une nouvelle série de données comparables sur la pauvreté, et qu’un rapport d’analyse plus détaillé sur le profil de la pauvreté et sur les aspects méthodologiques est en cours d’élaboration et sera présenté et partagé bientôt.

Lamine Diouf

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