Publié le 14 Feb 2020 - 22:30
ENTREPRISES DU SECTEUR DU PETROLE ET DU GAZ

Les syndicalistes se rebellent

 

En assemblée générale, hier, le syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz a dénoncé plusieurs entraves aux libertés syndicales au sein des entreprises du secteur. A cela s’ajoute la situation critique de la Société africaine de raffinage. Une rencontre placée sous le sceau de l’alerte en direction de l’Etat du Sénégal.

 

Au moment où on s’achemine vers l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers découverts au Sénégal, les acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme. Le syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal digère mal la dette croissante de l’Etat envers les sociétés d’hydrocarbures estimée aujourd’hui à plus de 200 milliards de francs CFA. Parmi elles, figurent en tête de liste la Société africaine de raffinage (SAR) qui aujourd’hui doit souffrir des arrêts récurrents de ses activités. ‘’Depuis quelques temps, la SAR cesse souvent ses activités en raison du non-paiement de la dette de l’Etat envers l’entreprise. Nous lançons une alerte au gouvernement et aux actionnaires, il faut qu’on trouve une solution. Car, il serait très dommage qu’au moment où nous parlons de l’imminence de l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal que la SAR ferme boutique, c’est un risque inacceptable’’, a déclaré le secrétaire général du collectif des délégués de la société, El Hadj Malick Diop.

Ses camarades et lui n’envisagent, à aucun moment, la fermeture de la SAR qui constitue un ‘’outil de souveraineté’’ dont ne bénéficie pas le Nigeria voisin. ‘’Le syndicat du pétrole et l’ensemble des travailleurs se sont battus pour le maintien de cette raffinerie. Chose que nous avons réussie, car le capital étranger voulait nous imposer la posture du Nigéria. Ainsi ces multinationales étrangères auraient toute la latitude de récupérer notre pétrole de le raffiner et de nous revendre le produit fini au prix fort’’, renchérit le secrétaire général de la CNTS FC, Cheikh Diop. Sous sa casquette de membre du syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz, il confie : ‘’Nous ne comprenons pas pourquoi, depuis quelques temps, la raffinerie manque de brut. A qui profite cette situation ? Tous les espoirs suscités par sa privatisation sont tombés à l’eau. Le secteur est à jeun et à cause de la dette, nos entreprises et emplois sont compromis’’.

‘’Plusieurs violations de droits des travailleurs

Par ailleurs, les entreprises souffrent également d’un retard de remboursement des pertes commerciales dues aux importations de brut. Comme si cela ne suffisait pas, la centrale syndicale dénonce une entrave au droit de grève des travailleurs dans plusieurs entreprises, à savoir Petrosen, Fortesa et Ahmed Djouma Gazal et Fils. En effet, rapporte-t-elle, ces entreprises et sociétés s’illustrent dans la violation flagrante et permanente des lois et règlements en vigueur au Sénégal. Et des dirigeants ‘’en retard sur leur génération’’ continuent d’afficher une certaine résistance à la syndicalisation de leurs travailleurs.  Au sein de la première, le directeur général Mamadou Faye est accusé d’user de harcèlement et de menaces pour empêcher les travailleurs d’adhérer à une organisation syndicale pour défendre leurs intérêts.

Pis, du côté de la troisième (société de transport d’hydrocarbures), El Hadj Malick Diop parle de manipulation d’une poignée de travailleurs totalement acquis à la cause du directeur visant à encadrer et lancer une pétition de destitution dirigée contre certains de leurs collègues. Il serait allé jusqu’à  inciter ses travailleurs à la désyndicalisation pure et simple. Une ‘’violation de droits’’ dont se désolent les syndicalistes, surtout que seize de leurs camarades sont menacés de licenciement. Selon le secrétaire général Cheikh Diop, les syndicats des transporteurs d’hydrocarbures qui ont refusé d’intégrer la convention collective organisant ce sous-secteur s’inscrivent, aujourd’hui, dans une logique de blocage des négociations de ladite convention lancées depuis plusieurs mois. ‘’Leurs louvoiements et leur mutisme ont fini d’atteindre les limites de notre patience et de décevoir nos attentes’’, lance-t-il.

Pourtant, il y a quatre mois, le secrétariat exécutif national a déposé un préavis de grève allant du 16 septembre au 15 octobre 2019, espérant une réaction de la part des autorités. De ce fait,  elle prévoit une assemblée générale au cours de laquelle elle décidera d’une date pour un mouvement de grève. Même si la centrale syndicale reconnait être associée à tout ce qui se passe dans le secteur du pétrole et du gaz, ses membres estiment que beaucoup reste à faire. Elle souhaite, à cet effet, l’introduction des acteurs dans certaines structures tel que le Fonds de soutien à l’énergie (FSE) (dirigé uniquement par l’Etat) qui, selon les syndicalistes, doit être reformée. Il en est de même  pour le Cos-petrogaz.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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