Khadim Ndiaye a vu son combat contre Ablaye Ndiaye, le poulain de Yékini, annulé pour cause de blessure. Et beaucoup de choses ont étaient dites au passage. Revenant sur ce combat avorté, le chef de file de l’écurie Thiaroye sur mer a profité de la vitrine d’EnQuête pour vider son sac. Entretien 

Ce qui s’est passé est assez simple. Je me suis surentraîné, car j’avais pris le combat trop au sérieux parce que beaucoup de personnes pensent que je suis fini et que je dois arrêter ma carrière. C’est pour cela que je me suis trop entraîné et à la fin, j’étais saturé. J’ai entendu les gens dire que j’ai vomi du sang, il n’en est rien. J’ai craché et j’ai remarqué que mes crachats contenaient du sang. Cela arrive à la plupart des lutteurs. Quand j’ai consulté le médecin, il m’a fait savoir qu’il me fallait un repos de 6 jours.

Mais je ne suis pas malade, j’étais juste fatigué, cela ne m’empêche pas de vaquer à mes occupations. Actuellement, je me sens très bien. Ce qui me fait mal, c’est qu’à cette heure-ci, le combat devait se terminer pour que je puisse me tourner vers autre chose. Pour ce qui reste de ma carrière, je le prends tellement au sérieux. C’est pour  cela que j’ai accepté d’affronter Ablaye Ndiaye. Que tout le monde se rassure, je ne suis pas atteint mystiquement. Pour le reste de ma vie, aucun lutteur ne m’atteindra plus sur le plan mystique et je sais de quoi je parle.

Combien de séances d’entraînement faisiez-vous par jour pour être claqué ?

Je m’entraîne trois fois par jour. Je me suis entraîné comme un fou la saison passée dans l’espoir de décrocher un combat, mais je n’ai pas eu la chance d’en avoir. Ce que j’endure dans les entraînements, il n’y a aucun lutteur de Thiaroye qui l’endure. Le matin, je faisais du footing, des flexions et autres ; l’après-midi, la musculation ; et le soir les contacts à la plage. Je suis sérieux dans tout. Quand je reviens des entraînements, je ne traîne pas, je reste chez moi. Les bruits courent et les lutteurs que je dois affronter se glorifient en pensant qu’ils m’ont atteint mystiquement.

''J’ai des ennemis et je sais qu’ils n’arrêteront pas de parler de moi en mal quand je mourrais''

Donc Ablaye Ndiaye ne vous a pas atteint mystiquement ?

Il doit plutôt rendre grâce à Dieu que je sois tombé malade. Pour le reste de ma carrière, je mise ma vie et je ne vois pas ce qui pourra m’empêcher, à part Dieu, de battre Ablaye Ndiaye. J’ai des ennemis et je sais qu’ils n’arrêteront pas de parler de moi en mal quand je mourrais. Donc, je les laisse faire sans prendre en compte ce qu’ils disent. J’espère que la date du combat sera arrêtée bientôt pour que je montre de quoi je suis capable.

''Yékini a eu la chance de m’atteindre mystiquement, mais Ablaye Ndiaye va échouer''

Mais d’aucuns disent que les vieux qui avaient gonflé votre ventre à Joal lors de votre combat contre Yékini ont récidivé ?

Ce n’est pas vrai. Et Yékini n’a qu’à se préparer puisque après Ablaye Ndiaye, je veux qu’il m’accorde enfin une autre revanche que je réclame depuis des années. Ils ne font que gueuler. Et je vais vous faire une révélation : les fétiches que j’ai actuellement, il n’y a aucun lutteur de l’arène qui les a. J’ai des féticheurs qui me demandent de tuer des chats ou de me baigner avec du sang de chien. Mais en tant que musulman et homonyme de Serigne Touba, je ne ferai jamais cela.

Chaque jour, je me dispute avec eux et ils me disent que les autres n’hésitent pas à le faire pour gagner un combat. J’ai même vu des lutteurs boire du sang de coq pendant leur combat. Moi, je dis que c’est de la peur, ils se cachent derrière les fétiches pour gagner des combats. Yékini a eu la chance de m’atteindre, mais Ablaye Ndiaye va échouer. J’ai ma place dans la lutte et c’est mon courage qui est ma seule arme dans ce milieu. Dans ma famille, il n’y a jamais eu de lutteur, je suis le seul. Les lutteurs d’aujourd’hui ne sont plus courageux, la lutte, c’est une affaire d’homme.

Il n’y a qu’un seul lutteur aussi guerrier que moi dans la lutte, je me vois en lui, c’est Balla Gaye 2. Tous les autres sont des peureux. La lutte, comme je le dis souvent, c’est du hardcore. Je n’ai jamais parlé de ce que Yékini a fait. C’est lui, qui, interrogé par Bécaye Mbaye, a dit que le seul lutteur qu’il a atteint mystiquement était moi. Les lutteurs sérères ont tellement peur de moi que, quand ils m’affrontent, ils investissent beaucoup d’argent dans le mystique. Je connais tous les recoins dans lesquels ils vont, comment ils font parvenir leurs fétiches jusque chez moi. J’ai démasqué tout le monde et découvert leur plan.

Si je le veux, je peux faire à Ablaye Ndiaye la même chose que Yékini m’a faite, mais je ne le ferai pas. Je n’enterre rien dans les cimetières. Je prends juste des bains coraniques pour me protéger. Et je le redis, je prouverai à ceux qui pensent que je suis fini qu’il n’en est rien. Depuis mes débuts, il y a des gens qui cherchent à m’effacer, effacer mon nom de l’arène, mais ils n’y arriveront jamais, ils ne savent pas d’où je viens. Je vais sûrement bientôt donner mon certificat de guérison avant le Magal de Touba.

''Il n’y a qu’un seul lutteur aussi guerrier que moi dans la lutte, je me vois en lui, c’est Balla Gaye 2''

Ce n’est pas la première fois que vous vous blessez à quelques jours d’un combat. Comment expliquez-vous cela ?

Cela m’est arrivé lors du combat contre Yékini et contre Eumeu Sène aussi. Je me dis que cela m’est arrivé parce que je ne me protège pas, je ne barricade pas maison, je ne fais pas veiller des gens devant chez moi à quelques jours du combat. Il y a des lutteurs qui te maraboutent pour que tu sois blessé rien que pour faire reculer la date du combat. Mais une blessure aussi relève de la volonté divine. Et contre Ablaye Ndiaye, je me suis tellement bien protégé que rien de mystérieux ne peut m’arriver, c’est juste une blessure parce que je suis claqué par les entraînements.

''Il y a de grands lutteurs qui, le jour de leur combat, arrivent au stade ivres de chanvre indien''

Certains disent aussi que ces blessures sont dues aux effets du dopage auquel vous avez eu recours ?

Ce sont les ennemis qui racontent ce qu’ils veulent. D’autres lutteurs comme Balla Gaye 2 sont aussi accusés de dopage. Je ne sais même pas comment on se dope, pouvez-vous m’éclairer ?

C'est le fait de prendre des anabolisants pour avoir plus de force...

J’ai vu des lutteurs faire pire. Il y a de grands lutteurs qui, le jour de leur combat, arrivent au stade ivres de chanvre indien. Tout le monde les voit et personne n’en parle. C’est de moi qu’on parle, moi qui n’ai rien fait. Je connais les conséquences des anabolisants sur l’organisme avec les risques de crise cardiaque. Malgré mes blessures à répétitions, aucun médecin, parmi tout ceux qui m’ont vu, n’a jamais mentionné de problèmes de cœur ou de tension.

Depuis mon combat contre Baboye, des gens inventent des choses comme cela sur moi. Contre Rock Mbalax et contre Moustapha Guèye aussi. Peut-être que c’est mon physique qui pousse certains à penser cela de moi. Il y en a qui sont foncièrement méchants et cherchent à me faire du mal, j’en connais certains. Mais je n’ai pas le temps de leur répondre. La célébrité a son prix et je le paie.

Votre combat contre Ablaye Ndiaye est-ce une revanche par procuration par rapport à Yékini ?

Non pas du tout. Et je vais vous dire une chose : Yékini ne m’a battu que deux fois alors qu’il a battu la plupart de ses adversaires trois fois. Il m’a toujours refusé ce premier combat. Malheureusement pour lui, il est tombé malade comme moi et se soigne toujours dans le même hôpital où je prenais mes soins. Et je trouve que ce qu’il a fait est incorrect.

Il a attendu que Balla Gaye 2 le batte pour dire qu’il était malade avant le combat, qu’il arrête de ternir la victoire de Balla. Il l’a terrassé clairement parce qu’il était plus fort que lui. Quand il nous battait, on l’acceptait, il n’a qu’à accepter sa défaite. Je ne me venge pas sur Ablaye Ndiaye, je veux le terrasser pour avancer. Et dès le coup de sifflet de l’arbitre, je vais diriger le combat, parce qu’il est encore jeune. Je vais l’attaquer, le cogner en premier et le terrasser.

KHADY FAYE