Publié le 25 Aug 2020 - 02:52
ENTRETIEN - BABACAR DIOP, SG FDS

‘’La justice fout le camp dans ce pays‘’ 

 

Créé en 2018, le parti Forces démocratiques du Sénégal (FDS) a inauguré, hier, son siège national baptisé ‘’Guelwar’’, situé à l’Unité 15 des Parcelles-Assainies. Le secrétaire des FDS, Dr Babacar Diop, a profité de cette occasion pour rappeler l’ambition de son mouvement politique.

 

Vous venez d’inaugurer, hier, le siège national des Forces démocratiques du Sénégal. Quel est le bilan des activités, après deux ans d’existence ?

Le bilan est très positif. Le Sénégal a plus de trois cents partis politiques et FDS a à peine 2 ans. Aujourd’hui, dans ce pays, vous ne pouvez pas citer 5 partis sérieux sans parler des FDS. Les partis politiques qui ont un siège sont ceux dont les leaders ont été d’anciens ministres, d’anciens députés ou bien les sortants de la haute Administration. Mais FDS est une équipe de jeunes partis de rien, qui sortent des universités et qui qui n’ont jamais occupé de fonction dans ce pays et ont réussi à mettre en place un siège. Ceci témoigne qu’avec FDS, un vent nouveau souffle sur la démocratie sénégalaise.

 Cependant, notre ambition est de construire une nouvelle majorité démocratique et sociale avec les syndicats, les forces citoyennes et tous les mouvements publics pour une seconde libération africaine. C’est pourquoi je le dis souvent : la conquête du pouvoir n’est pas notre finalité. Notre finalité, c’est la transformation des institutions. Notre ambition est de faire des FDS la première force démocratique de notre pays.

Pourquoi le choix de Guelwar pour le nom de votre siège ?

Guelwar est un symbole. C’est un refus. Il renvoie à la dignité, à ceux-là qui ont mis l’intérêt général au-dessus de tout, qui ont accepté de se sacrifier pour leur communauté. Nous voulons que ceux qui viennent ici sachent que le pays a besoin de citoyens incorruptibles. Nous voulons que ceux qui viennent dans cette maison se rappellent que le Sénégal avait de dignes fils qui se sont sacrifiés pour l’indépendance et la dignité de notre pays. Nous voulons que les jeunes qui viennent ici s’inspirent de Guelwar et mettent la dignité au cœur de leur vie, qu’ils deviennent des patriotes incorruptibles.

C’est pourquoi nous avons nommé ce siège Guelwar, la maison du peuple, la maison des sans voix. 

On tend vers des élections locales, même si la date n’a pas encore été donnée, et la Présidentielle en 2024. Quelle sera la posture des FDS pour ces échéances ? Peut-on s’attendre à une candidature FDS en 2024 ?  

Ce que je peux vous dire, c’est que nous travaillons actuellement pour toutes les élections à venir.  Dans les prochains jours, nous allons continuer la bataille de la massification du parti. C’est la Covid qui a posé quelques difficultés, mais aujourd’hui, je devais être à l’intérieur du pays pour l’implantation du parti avec les jeunes qui veulent construire FDS sur le terrain. Je dois aussi aller dans la diaspora pour implanter les FDS. Notre projet est de faire des FDS la première force politique du Sénégal. Nous y travaillons. Ceux qui ont suivi JDS au sein du Parti socialiste savent bien que FDS a entamé une grande révolution comme je l’ai dit tantôt la révolution est en marche. La victoire est proche.

Force est de constat qu’il y a un souffle nouveau dans le paysage politique sénégalais. Mais il n’y a pas que les FDS, il y a d’autres forces. Est-ce qu’il y a l’idée de synergie de vos forces ?

Oui, nous travaillons déjà avec ces forces nouvelles. Mon ami Guy Marius Sagna était là, de même qu’Aliou Sané et Abdourahmane Sow. Il y a quelques années, ce n’était pas possible de voir les partis politiques et les mouvements sociaux et citoyens ensemble autour d’une plateforme. FDS est dans toutes les plateformes de lutte. Notre stratégie est différente de celle des partis classiques. C’est pourquoi, ce que nous voulons, c’est de construire une majorité politique et sociale avec ces forces citoyennes et les mouvements sociaux, parce que dans la stratégie, il y a beaucoup de victimes et si chacun reste dans son petit coin, il n’arrivera pas à régler ses problèmes. Mais ensemble, si nous arrivons à fédérer toutes ces forces, nous pouvons mettre en place une nouvelle stratégie qui nous permettra non seulement d’envisager la conquête du pouvoir, mais aussi de mettre en place une alternative.

L’actualité judiciaire est marquée, ces derniers moments, par une crise au sein de la magistrature, avec des magistrats qui s’entre-accusent de corruption. Quelle est votre impression sur cette crise ?

On le sait depuis longtemps, la justice fout le camp dans ce pays. La justice est instrumentalisée tous les jours. Certains philosophes disent que ‘’les lois, c’est pour les faibles’’. Quand vous êtes trop forts, vous déchirez ces lois. Les lois, au Sénégal, c’est pour écraser les faibles, les victimes. Nous avons eu l’instrumentalisation de la justice sur Macky Sall. C’est pourquoi cette justice est aujourd’hui éclaboussée. Il faut des reformes très profondes pour restaurer la dignité et l’indépendance des magistrats. 

Concernant la sous-région, le Mali vient d’enregistrer son deuxième coup d’Etat en 8 ans.  Quelle lecture faites-vous de cette crise Malienne ?

Je dois d’abord féliciter et encourager la vaillante jeunesse malienne. Ce qui s’est passé au Mali est une révolution populaire. C’est la victoire du peuple malien qui a été à l’origine et à la fin d’Ibrahima Boubacar Keita. Les Maliens nous ont envoyé une belle leçon et je pense que le Mali vient de nous montrer que le peuple qui détient le pouvoir a la possibilité de révoquer un mandat en cours dont le titulaire est impliqué dans des scandales. Il nous a montré qu’aujourd’hui, la démocratie représentative est corrompue. Et on ne peut plus organiser un simulacre d’élection pour légitimer une classe politique corrompue.

C’est pourquoi je demande aux peuples sénégalais, ivoirien et guinéen de s’inspirer de la belle leçon de la jeunesse malienne. Je demande aussi à Alassane Ouattara, à Macky Sall et à Alpha Condé d’éviter les erreurs d’IBK. Ce qui s’est passé au Mali risque de se prolonger dans tous les pays de la CEDEAO. D’ailleurs, dans les prochains jours, je compte m’adresser au peuple de la CEDEAO.

Justement, est-ce que ce n’est pas un échec de la CEDEAO ?

Je parle de la CEDEAO des peuples. Je ne parle pas de la CEDEAO des institutions. Cette CEDEAO d’une bande de copains corrompus, d’un club de chefs d’Etat corrompus qui ont accepté de vendre leur peuple. Je ne m’adresse pas à cette CEDEAO. Je parle de la CEDEAO des peuples. Les peuples doivent se réveiller, reprendre l’initiative de l’histoire, réécrire un nouveau récit dans lequel la dignité sera au cœur de cette nouvelle aventure.

Vous êtes aussi enseignant à l’université. Comment envisagez-vous la reprise des cours prévue le 1er septembre prochain ?

Je vais vous surprendre. Je suis pour une rentrée, parce qu’il faut éviter une année blanche. Je suis aussi contre une année invalide, de même que la session unique. J’ai des étudiants et j’ai envie de les revoir.

Maintenant, il faut un retour encadré, progressif, intelligent, responsable et discuté avec tous les acteurs, y compris les étudiants et les amicales. Les étudiants ne sont pas des enfants, ce sont des responsables et c’est leur vie et avenir qui sont en jeu. On ne peut pas décider à leur place. Il faut donc les inclure dans le processus de prise de décision. Il faut aussi discuter avec les syndicats des enseignants et le personnel administratif. Avec un bon plan cohérent, progressif et si tout le monde collabore, on peut s’organiser de telle sorte que certains départements ou facultés reprennent, car si on ne reprend pas, on court l’année blanche et je n’ai pas envie de voir ça avec mes étudiants. C’est pourquoi il faut discuter de manière responsable avec les jeunes et si les conditions sont réunies, on reprend les cours.

On attend actuellement l’avis technique des médecins, mais nous ne sommes pas contre une reprise.

ABBA BA

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