Publié le 23 Jan 2020 - 19:18
ENVOL IMMOBILIER POUR LA CITE DES NATIONS UNIES

Madani Tall, homme providence de Diamniadio ? 

 

L’ancien de la Banque mondiale se reconvertit bien dans les bâtiments et travaux publics (BTP). Après les deux sphères ministérielles de Diamniadio, Madani Tall va réaliser la cité des Nations Unies à Diamniadio via son entreprise Envol Immobilier Sénégal.

 

Déjà trois grands chantiers d’envergure dans le Pôle urbain de Diamniadio. Envol Immobilier Sénégal a la baraka. La société de Madani Tall, ex-Directeur des Opérations mondiales de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest, va exécuter le chantier de la cité des Nations Unies que Macky Sall compte ériger à Diamniadio, près de l’aéroport de Diass. La ‘‘Lettre du Continent’’ sert ce réchauffé que Macky Sall avait déjà annoncé, il y a un an, en réceptionnant la 2e sphère ministérielle de Diamniadio le 16 janvier 2019.

Ce mégaprojet, dont ‘‘les études et les travaux ont déjà démarré’’, selon le PCA Madani Tall, dans une interview à ‘’Financialafrik’’ datée de septembre 2018, vise à centraliser la présence de toutes les agences des Nations Unies présentes au Sénégal. Au total, 33 d’entre elles devraient être logées dans ce qui va être vraisemblablement appelé ‘’Onu City’’, dans un délai de livraison de 24 mois. L’ancrage déjà profond de cette entreprise, malgré sa jeunesse, a poussé l’Etat du Sénégal, à travers l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (AGPBE), à sélectionner Envol Immobilier pour ce projet. Il sera accompagné, de l’aveu même de M. Tall, par le plus grand groupe bancaire chinois, la Industrial and Commercial Bank of China’’ (ICGC).

En parallèle, une cité résidentielle devra être construite pour répondre au besoin de logement des futurs fonctionnaires des Nations Unies et résidents de Diamniadio. Dans la vision de Macky Sall, la ville nouvelle de Diamniadio est une sorte de Smart City. Elle doit s’ériger, outre sa vocation économique, numérique et universitaire, ‘‘en centre administratif de premier plan’’ avec l’installation progressive et définitive des ministères, a-t-il l’habitude de défendre.

Le chef de l’Etat sénégalais et Madani Maki Tall se rejoignent sur un point, puisque Macky Sall, obsédé par la réduction de la charge locative de l’Etat, se retrouve parfaitement dans les objectifs affichés par le PCA du groupe Envol Immobilier. ‘‘Un de nos objectifs premiers est de proposer des solutions techniques et financières optimales à nos Etats clients afin de leur permettre de sortir du piège de la location ‘ad vitam aeternam’ et enfin devenir propriétaire des infrastructures qui abritent les services publics notamment. C’est ainsi que nos Etats pourront remplir dignement leurs missions régaliennes et offrir aux citoyens le meilleur service public possible’’, a déclaré Madani Tall dans une interview à ‘’Financialafrik’’ en septembre 2018.

Sept mois d’avance sur le délai de livraison de la première sphère ministérielle

Les choses sont allées très vite pour le directeur des Opérations de la BM en Afrique de l’Ouest, qui a quitté ses fonctions en 2013. Après plus de 25 ans au sein de cette institution, il a créé un cabinet de conseil en stratégie, spécialisé dans la conception de grands projets de développement et d’opérations d’investissement en Afrique, notamment dans le domaine des partenariats publics-privés (PPP). Le 16 janvier 2019, la 2e sphère ministérielle de Diamniadio (plus tard appelée Ousmane Tanor Dieng) était livrée par Envol Immobilier, ainsi que le consortium Teylium, devant un président Macky Sall content de cette performance, au point d’utiliser, pour la première fois, dans une allocution officielle, son anglicisme du moment. ‘‘Il y a des entreprises sénégalaises capables de rivaliser avec les entreprises étrangères. Quand je parle de ‘fast-track’, je ne m’adresse pas seulement à ces dernières. Teylium, comme Envol, viennent de montrer que nous avons des entreprises du secteur privé national qui peuvent répondre aux exigences du ‘fast-track’ dans la qualité et la rapidité’’, s’était alors félicité le chef de l’Etat.

La première ‘‘prouesse’’ s’est faite huit mois plus tôt, le 2 mai 2018, quand la société de M. Tall livrait la première sphère avec sept mois d’avance sur le délai contractuel dont le coût global de l’investissement est de 56 milliards de francs CFA. Un financement assuré par Envol Immobilier lui-même, grâce à un emprunt bancaire de 30 milliards de francs CFA contracté auprès du groupe Coris Bank.

Mais s’il est question de diminuer la charge locative de l’Etat, il est aussi question d’amortir le coût de l’investissement. Pour les six années à venir, l’entreprise de M. Tall exploite et entretient ce bâtiment avant son transfert à l’Etat moyennant un loyer. ‘‘Compte tenu du mode de financement innovant, des risques encourus par le développeur et dans l’intérêt économique de l’Etat du Sénégal, une annexe fiscale, conforme à la réglementation sénégalaise ainsi qu’aux dispositions de l’Ohada, a été conçue et annexée au contrat de location-vente, dans le but d’éviter que les charges financières sur les crédits qui serviraient à financer les impôts ne viennent renchérir le coût global du projet.

En d’autres termes, l’objectif du régime fiscal du projet est de neutraliser les effets-coûts de la fiscalité indirecte sur le projet afin de rendre ainsi le coût des loyers plus abordable pour l’Etat du Sénégal’’, a déclaré M. Tall dans son interview à ‘’Financialafrik’’. La société anonyme est de droit sénégalais, avec un capital de deux milliards de francs CFA.  

L’université Amadou Makhtar Mbow en ligne de mire ?

Les circonstances aidant, M. Tall pourrait être le chemin le plus court pour aller d’un problème chronique à solution très pratique. Excédé par le retard d’autres chantiers du Pôle urbain de Diamniadio dont la réception de l’université Amadou Makhtar Mbow, qui fait partie des 200 projets structurants de ce pôle, Macky Sall avait menacé de sortir la cravache en janvier 2019. ‘‘Je vais demander la résiliation pour que la reprise soit faite, et l’année prochaine, qu’elle puisse ouvrir ses portes. Cette université a malheureusement connu des retards. Il faut savoir sanctionner négativement quand c’est nécessaire’’, s’était-il pratiquement emporté.

Une année après la menace, hier, le quotidien d’informations sénégalais ‘‘Libération’’ faisait savoir, dans sa livraison, que les pouvoirs publics sénégalais ont finalement sévi. ‘‘L’Etat chasse officiellement Adama Bictogo et Cie de Diamniadio : 30 milliards décaissés pour une université fantôme’’, a titré ce journal en page 3. Une opportunité de plus qui se ferme pour l’ancien ministre de l’Intégration de Côte d’Ivoire, après son contentieux avec l’Etat sénégalais sur la confection des cartes biométriques. Et peut-être une énorme opportunité qui s’ouvre pour le PCA d’Envol Immobilier qui a aussi en charge l’exécution des travaux pour l’université de San Pedro, en Côte d’Ivoire.

OUSMANE LAYE DIOP

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