Publié le 6 Nov 2018 - 23:44
ESCLAVAGE

Washington exclut la Mauritanie de l’Agoa

 

Donald Trump a informé le Congrès américain qu’à partir du 1er janvier 2019, il mettra fin ‘’à l’admissibilité de la Mauritanie aux avantages en matière de préférence commerciale, en vertu de la loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique (Agoa), en raison des pratiques de travail forcé’’ .

 

Le président américain a déclaré, samedi 3 novembre, que ‘’la Mauritanie ne progresse pas suffisamment dans la mise en place de la protection de droits des travailleurs internationalement reconnus (..) En particulier, elle n’a pas progressé dans la lutte contre le travail forcé, et notamment contre le fléau de l’esclavage héréditaire. En outre, le gouvernement mauritanien continue de limiter la capacité de la société civile à travailler en toute liberté pour résoudre les problèmes liés à la lutte contre l’esclavage’’ .

Le représentant adjoint du Commerce, Charles J. Mahoney, a ajouté : ‘’Le travail forcé ou obligatoire, tel que l’esclavage héréditaire, n’a pas sa place au XXIe siècle (..) Nous espérons que la Mauritanie travaillera avec nous pour éliminer le travail forcé et l’esclavage héréditaire, afin que son éligibilité à l’Agoa soit rétablie à l’avenir’’ .

L'AGOA a été créée en 2000, mais ce n'est que sept ans plus tard que la Mauritanie en est devenue l'un des bénéficiaires. Grâce à cet accord commercial, le pays sahélien pouvait exporter à prix avantageux vers les Etats-Unis, principalement ces dernières années des produits énergétiques.

Esclavage héréditaire

Mais Nouakchott était surveillé de près sur la question de l'esclavage. Car celui-ci n'a été aboli qu'en 1981, sa pratique n'a été criminalisée que récemment et il reste ainsi des centaines de milliers de personnes victimes de cette exploitation.

Dans la lettre adressée au Congrès américain dans laquelle il expose sa décision de suspendre la Mauritanie, le président Donald Trump insiste particulièrement sur l'esclavage héréditaire. Il rappelle aussi que la Mauritanie pourrait, plus tard, être réintégrée à l'AGOA, comme le Swaziland et la Gambie l'ont par exemple été l'an passé.

La Mauritanie n'est pas le premier pays à être ainsi suspendu par les Etats-Unis, qui se servent régulièrement de cet accord afin de faire pression sur les gouvernements africains. Mais le pays, dans lequel des militants sont encore emprisonnés, va devoir afficher des progrès tangibles, car les Etats-Unis sont échaudés. Il y a un an, une délégation d'activistes américains invitée par l'ONG SOS Esclaves Mauritanie, avait été refoulée à son arrivée à Nouakchott malgré une concertation préalable avec le gouvernement.

Des effets commerciaux minimes ?

La sanction appliquée à la Mauritanie est la même que celle déjà infligée pour gouvernance défectueuse au Burundi, au Soudan du Sud ou à la RDC : le fautif est privé de la suppression de 32% à 36% des droits de douane sur les produits qu’il exporte vers les États-Unis. En ce qui concerne la République islamique de Mauritanie, les effets de cette mesure seront minimes, car elle y exporte à peine quelques dizaines de millions de dollars de marchandises,  essentiellement des hydrocarbures, des phosphates et des produits de la pêche.

Jeuneafrique.com et rfi.fr

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