Publié le 5 Jun 2020 - 20:49
ETAT D’URGENCE

La rue prend le pouvoir

 

De l’état d’urgence, il ne reste plus que quelques ‘’mesurettes’’. Face à la montée du mécontentement populaire sur toute l’étendue du territoire, le gouvernement desserre l’étau autour des populations et des acteurs économiques. Il reconnait, par la même occasion, le désordre dans le secteur des transports au Sénégal.

 

L’économie et le social tiennent désormais la santé. Sous le sceau de la concertation, de la sécurité et de la performance, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, et son homologue en charge des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Oumar Youm, sont montés, hier, au créneau pour décliner la nouvelle batterie de mesures allant dans le même sens que la politique d’assouplissement amorcée depuis le 11 mai dernier par le chef de l’Etat. Et c’est l’état d’urgence lui-même qui est vidé de sa substance. Le ministre de l’Intérieur précise : ‘’Le gouvernement reste à l’écoute des populations, afin de contribuer à la relance des activités économiques. Toutefois, ces mesures seront obligatoirement accompagnées de mesures telles que le port obligatoire de masque, la distanciation physique, l’existence de manifestes pour tour les départs, notamment dans le secteur des transports terrestres…’’  

Toujours dans cette optique, le ministre Aly Ngouillle Ndiaye a annoncé ‘’la levée de restrictions des transports sur l’étendue du territoire national, avec le maintien du couvre-feu de 23 h à 5 h’’, la ‘’réouverture des gares routières pour les transports urbain et interurbain’’, l’autorisation des ‘’réunions dans les endroits publics ou privés comme les restaurants, les salles de sport, les casinos…’’. 
 
Pour ce qui est des heures d’ouverture et de fermeture des gares routières, le ministre de l’Intérieur a estimé qu’il reviendra à son collègue des Transports d’en convenir avec les acteurs. Sous réserve donc des résultats de ces concertations, Oumar Youm a suggéré 20 h comme heure de fermeture des gares routières, pour permettre le nettoiement et la remise en état. Aussi, est-il revenu amplement sur les autres modalités techniques de cette reprise annoncée par le ministre de l’Intérieur. 
 
Les gares routières et points de départ des ‘’horaires’’, soutient le ministre des Transports, pourront fonctionner sur autorisation du ministère. ‘’Tous les transporteurs, dit-il, sont tenus d’organiser leurs départs et arrivées à partir de ces gares routières et lieux de départ des ‘’horaires’’ ouverts à cet effet.  Selon lui, toute sortie ou entrée d’une gare officielle par un véhicule est assujettie au remplissage d’un manifeste dument tenu par le déclarant responsable de ladite gare. ‘’Les nom et prénoms de chaque passager, les références de sa carte nationale d’identité, son lieu de destination, son numéro de téléphone seront consignés dans ce manifeste’’, avance Me Youm. 
 
Non sans préciser qu’une équipe sanitaire sera en pré-positionnement au niveau de ces lieux pour faire le travail de test sur les passagers. En ce qui concerne les voyageurs, ils sont invités à respecter toutes les mesures sanitaires en vigueur et à se conformer aux recommandations en vigueur, tout en évitant tous les déplacements non essentiels.
 
Mais à quelque chose, la Covid-19 semble avoir été bonne. Grâce à la crise du coronavirus, en effet, l’Etat du Sénégal s’est enfin rendu compte du désordre total qui règne dans le secteur des transports terrestres. Un secteur caractérisé, selon son ministre, par notamment la désorganisation et le manque de professionnalisme. ‘’La pandémie, souligne Oumar Youm, a permis de mettre en lumière la vulnérabilité de notre système de transport public, à raison d’une organisation insuffisante, d’un déficit de professionnalisation des acteurs, de la concurrence déloyale, entre autres’’.
 
Fort de ce constat, le chef de l’Etat a d’ailleurs instruit ‘’de réfléchir en profondeur sur les réformes nécessaires, mais urgentes à mettre en œuvre dans le secteur pour moderniser les services et équipements de transports terrestres’’.
 
C’est dans ce cadre, fait-il savoir, que le cadre global de ces réformes majeures a été défini dans une nouvelle loi d’orientation des transports terrestres, adoptée en Conseil des ministres le 27 mai 2020. ‘’Cette nouvelle loi, explique le ministre Youm, prévoit, entre autres, la création d’un Conseil national des transports terrestres qui sera une instance de dialogue inclusif et participatif de tous les acteurs, afin d’organiser ce secteur vital et important. 
 
Dans la même veine, un décret créant l’Agence nationale de sécurité routière est en préparation et sera adopté dans les prochains jours pour lutter contre l’insécurité routière.
 
Pluie de milliards sur les transporteurs
 
Pendant ce temps, la machine à distribuer de l’argent continue. Hier, le secteur des transports a encore été arrosé à coups de billets de banque. Alors qu’on n’a pas encore fini de parler des 5 milliards 350 millions, le gouvernement annonce une rallonge de l’appui financier direct de 3 nouveaux milliards. Ainsi, Dakar Dem Dikk et Aftu se taillent la part du lion, avec respectivement 2 milliards 450 millions et 2 milliards 300 millions F CFA, contre 1 milliard 800 millions pour l’interurbain, 600 millions pour les gares routières, 450 millions pour les taxis, 300 millions pour les ‘’ndiaga ndiaye’’ et les ‘’cars rapides’’, 150 millions pour les auto-écoles, 450 millions pour les motos-taxis communément appelés ‘’Jakarta’’. Pendant ce temps, seuls 150 millions F CFA ont été dégagés pour le matériel et l’équipement sanitaire.
 
Chez les transporteurs, on applaudit des deux mains et on attend avec impatience la répartition. Gora Khouma témoigne : ‘’Nous nous félicitons vraiment de ce nouveau geste du président de la République, rallongeant de 3 milliards le montant alloué au secteur. Nous en sommes très heureux et attendons la répartition. On sait pour Aftu et DDD, mais, il y a le secteur informel qu’on ne maitrise pas. La tutelle travaille avec les gouverneurs au niveau de chaque région pour procéder à l’identification des potentiels bénéficiaires.’’
 
Revenant sur la nouvelle règlementation destinée à lutter contre la pandémie, il tient à préciser que ‘’toutes les places assises sont accordées. La distanciation physique, c’est pour les bus où des gens sont autorisés à se tenir debout’’.
 
Les précisions du directeur des Transports
 
Joint par téléphone, le directeur des Transports terrestres, Cheikh Oumar Gaye, précise que ce montant sera donné à titre gratuit aux transporteurs. A ceux qui jugent inefficiente cette forme de distribution de l’argent, il rétorque : ‘’Il faut savoir que ces gens sont restés deux à trois mois sans travailler, sans aucun revenu. C’est pour leur permettre de supporter certaines charges fixes, notamment la prise en charge des salaires, de l’assurance du véhicule, ainsi que d’autres charges fixes.’’ 
 
En ce qui concerne la prise en charge des chauffeurs, apprentis et autres, il précise : ‘’Nous, on appuie l’outil de travail qu’est le véhicule. On dit que chaque véhicule aura tant par rapport à l’enveloppe. Si vous avez N véhicules, c’est multiplié par N. Maintenant, il revient au propriétaire qui est l’employeur des autres de préserver, par exemple, les emplois, d’assurer un minimum du salaire…’’
 
D’après M. Gaye, l’Etat veillera à ce que l’argent aille directement aux véhicules qui ont été immobilisés à cause de la pandémie. ‘’Nous n’allons pas nous baser uniquement sur notre base de données actuelle. Parce que certains véhicules y figurant peuvent être en panne ou au garage, depuis longtemps. Nous nous basons donc sur des véhicules actifs, disposant de visites récentes. C’est ce travail d’identification qui est en cours’’.  
 
Selon lui, le parc automobile compte plus de 16 000 taxis qui ont la visite technique, 2 300 véhicules d’Aftu, plus de 7 000 ‘’’Sept places’’ et plus de 9 000 ‘’ndiaga ndiaye’’ et ‘’cars rapides’’.
 
MOR AMAR

 

 

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