Publié le 16 Oct 2020 - 03:49
EXERCICE ILLEGAL DE CHIRURGIE-DENTISTE

Le ras-le bol des professionnels

 

L’Ordre des chirurgiens-dentistes ont dénoncé, hier, la pratique illégale de leur profession faite par des infirmiers et des techniciens. Il demande à la population d’être prudente.

 

L’exercice de la profession dentaire est menacé. Des techniciens supérieurs en odontologie sont attaqués en justice pour exercice illégal. Pourtant, celui-ci obéit à un certain nombre de principes inaliénables garants de la stabilité de la profession. L’article 6 alinéa 4 exclut de ces dispositions les étudiants en chirurgie-dentaire et le personnel dentaire auxiliaire diplômé d’Etat, à condition qu’ils agissent comme aides d’un chirurgien-dentiste qui les place auprès de ses malades sous son contrôle.

Mais les accusés, de l’avis du président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, utilisent l’autorisation donnée en tant qu’infirmiers d’Etat et non techniciens, pour exercer illégalement. Selon le président de l’ordre, Docteur Mamadou Kâ, ce sont des autorisations qui permettent de prodiguer des soins paramédicaux et non pas des soins dentaires.

 ‘’Ils exhibent cette autorisation pour dire qu’ils sont autorisés à travailler, alors que c’est de l’exercice illégal qu’ils font en fonction de la loi. Celle-ci dit que nul ne peut exercer la chirurgie dentaire, s’il ne remplit pas les conditions de diplôme, de nationalité et de l’inscription à l’ordre. Excepté ces personnes, les autres ne peuvent travailler que sous le contrôle d’un chirurgien-dentiste’’, dénonce le Dr Kâ.

En plus de cela, souligne le président de l’ordre, ces personnes n’ont pas le droit d’ouvrir en privé. ‘’C’est des personnes qui, aujourd’hui, ont mission de travailler dans le public. Ils n’ont pas vocation à travailler dans le privé. Nous voudrions que le droit soit dit. En première instance, le droit n’a pas été dit. Nous avons fait appel. De plus, pour tromper l’opinion, ils mettent sur leurs papiers d’ordonnance et sur tous leurs documents ‘dentiste-so’. C’est de l’usurpation de fonctions’’, dénonce le président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes.

Dans la même veine, le docteur Meryam Dia Ntab précise qu’il s’agit des techniciens et des infirmiers. ‘’Les infirmiers peuvent ouvrir des cabinets paramédicaux. Ils mettent en avant leur diplôme d’infirmier. On leur donne cette autorisation pour ouvrir un cabinet paramédical. Sauf qu’une fois le cabinet ouvert, ils jettent un fauteuil et font des soins dentaires. Alors que ce n’est pas permis. La loi est très claire sur cela’’, souligne le Dr Dia Ntab. Qui soutient que ces personnes dans le public travaillent sous le couvert d’un chirurgien-dentiste. Parce qu’elles n’ont pas encore les qualités requises.

‘’Vous pouvez entamer une extraction simple, elle se complique. S’ils sont tout seuls, ils ne pourront rien faire pour aider le patient. C’est un problème de santé publique que nous dénonçons. Ils n’ont même pas le droit de signer les ordonnances.  On est allé au tribunal ; l’affaire est pendante devant la justice. Il faut que les gens comprennent que, quand ils vont quelque part pour des soins, ils ont le droit de demander et de savoir à qui ils ont affaire. Il faut que la population soit éveillée’’, alerte le médecin.

ABSENCE DE MATERIEL DE PROTECTION…

Les chirurgiens-dentistes laissés à la merci de la Covid

Le personnel dentaire est exposé à la pandémie du coronavirus. Ces chirurgiens n’ont reçu aucun matériel de protection du ministère de la Santé. Ils demandent à l’Etat de les protéger.  

Ce sont des professionnels très déçus de l’Etat qui ont fait face, hier, à la presse. Ils dénoncent l’attitude des autorités étatiques qui les ont laissés en rade, dans la lutte contre le coronavirus. Selon le président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, Docteur Mamadou Ka, à ce jour, ils n’ont reçu de l’Etat ou du ministère de la Santé et de l’Action sociale aucun matériel de protection. Que ce soit dans le public ou dans le privé. Dans le privé, indique le Dr Ka, le matériel qui est donné ne couvre même pas un cabinet. Ils l’ont alors rendu à l’envoyeur.

‘’A cause de l’environnement de travail, nous sommes les plus exposés par la pandémie de Covid-19.  Nous travaillons la main dans la bouche. Cela avec des instruments qui dégagent des aérosols qui nous exposent, au même titre que nos patients’’, dénonce le chirurgien.

Pourtant, informe le Dr Ka, au tout début de la pandémie, au cours d’un atelier avec le ministère de tutelle et les différentes composantes de la profession, l’ordre avait élaboré un protocole complet dont le focus tournait autour de la conduite à tenir face à l’épidémie. De plus, un didacticiel très détaillé sous forme de vidéo a été envoyé à l’ensemble des confrères et un autre de sensibilisation fut destiné aux populations.  ‘’Aujourd’hui, même le public bataille pour avoir du matériel. Nous déplorons le manque de considération du ministère de la Santé vis-à-vis de la profession dentaire. Nous pensons que c’est dans la synergie du public-privé que la chaine de transmission sera interrompue. Nous avons donc pris les devants et les précautions pour nous protéger et protéger nos patients’’, soutient-il.

En outre, ils ont lancé un appel aux autorités pour que le personnel de santé dentaire soit protégé.  ‘’La maladie est toujours là. Il faudrait que nous puissions continuer de travailler dans la sécurité. Le manque à gagner lié à la rareté des patients est très lourd. A cela s’ajoute la cherté du matériel.  La loi de résilience économique ne prend pas en compte les chirurgiens-dentistes, alors que nous avons envoyé une correspondance à qui de droit. Mais le plan de résilience économique de l’Etat n’a toujours pas répondu à nos attentes’’, fustige le Dr Myriam Dia Ntab.

VIVIANE DIATTA

 

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