Publié le 25 Jun 2020 - 23:54
EXPLOITATION PETROLE SENEGALAIS

De gros nuages sur Sangomar

 

Woodside met en défaut sa compatriote australienne, Far RSSD, pour non-respect de ses engagements financiers et prend le contre-pied du président de la République qui annonçait un report du démarrage de l’exploitation du champ pétrolier Sangomar.

 

L’horizon s’assombrit à nouveau sur l’exploitation du bloc pétrolier offshore de Sangomar en 2023. Dans un communiqué reçu, hier, à ‘’EnQuête’’, le ministère du Pétrole et des Energies informe : ‘’Far Limited a annoncé à la bourse d’Australie la mise en défaut de sa filiale Far RSSD SA, partenaire au sein de l’association qui opère sur les blocs Rufisque offshore, Sangomar offshore et Sangomar offshore profond, dans lesquels se trouve le champ pétrolier Sangomar.’’ La veille même de cette publication, le chef de l’Etat annonçait, dans ‘’Financial Times’’, un possible report de l’exploitation du champ pétrolier pour un ou deux ans supplémentaires. Dans la foulée, Woodside a fait un communiqué pour lever toute équivoque par rapport au respect du calendrier initial.

Elle disait : ‘’Woodside prend note des récents reportages des médias affirmant que le Sénégal a été contraint de retarder ses premières productions de pétrole et de gaz jusqu’à deux ans, en raison de la pandémie de Covid-19. Woodside réitère que la production du premier baril de pétrole de la phase 1 de développement du champ de Sangomar reste sur la bonne voie pour 2023, conformément aux orientations précédentes.’’

Alors que le chef de l’Etat semblait perturbé par la crise actuelle qui frappe de plein fouet l’industrie pétrolière, l’opérateur australien tente de rassurer : ‘’Woodside a pris des mesures précoces pour gérer de manière proactive les nouveaux impacts de Covid-19 sur la chaîne d’approvisionnement et le calendrier du projet. Nous travaillons avec des contractants de projets, le gouvernement de la République du Sénégal et nos partenaires de coentreprise pour optimiser les dépenses à court terme, tout en protégeant la valeur de l’investissement et livrer le premier baril de pétrole en 2023.’’

Pour rappel, la joint-venture ayant en charge le bloc de Sangomar est composée de Woodside Energy (35 % opérateur) ; Cairn Energy (40 %) ; Far RSSD (15 %) et Petrosen (10 %). A en croire les autorités, cette notification de défaillance fait suite à d’autres évènements qui se sont succédé depuis le mois de mai, avec un ‘’un appel de fonds’’ émis par l’opérateur Woodside pour le mois de juin. Far, qui disposait d’un délai d’un mois pour honorer ses engagements, n’a pu s’acquitter de son devoir. Ce qui a poussé Woodside à lui notifier sa mise en défaut.

Dès lors, précise le communiqué du ministère du Pétrole et des Energies, ‘’Far n’est autorisé ni à participer aux réunions du Comité des opérations ni à exercer son droit de vote durant la période de défaillance’’.

Pour autant, il est très tôt de parler de départ de Far RSSD de l’association. En effet, l’entreprise australienne dispose encore ‘’d’un délai de six mois, à compter de ladite mise en défaillance, pour remplir ses obligations aux fins de rétablir ses droits au sein de l’association’’. La notification, précise la note du ministère, a été introduite en vertu des dispositions de l’accord d’association qui régit l’organisation au sein de la joint-venture. Avant d’ajouter : ‘’Le ministère du Pétrole et des Energies porte une attention particulière à cette situation et enjoint l’opérateur à veiller à ce que cette défaillance ne mette pas en péril le développement pérenne de la phase 1 du projet Sangomar.’’

Guerre latente

Mais ces derniers rebondissements pourraient bien cacher une guerre latente entre les entreprises australiennes qui n’ont pas toujours été en odeur de sainteté dans ce dossier Sangomar, informent certaines sources. A en croire ces dernières, ceci serait même très courant dans le milieu. ‘’Rappelez-vous de la guerre Total-Elf. La première avait tout fait pour absorber la seconde. Entre les Australiens, ce n’est pas non plus le parfait amour’’, souligne un de nos interlocuteurs.

En ce qui concerne Woodside et Far RSSD, les bisbilles remontent à 2016, avec l’entrée de Woodside dans le capital du bloc pétrolier. Far avait déjà émis pas mal de réserves sur cette transaction. A l’époque, estimait-elle pour contester l’acquisition, un avis de droit de préemption valable n’a pas été délivré par l’Américaine ConocoPhillips à ses partenaires. De plus, évoquait Far RSSD dans sa contestation, la non émission d’un avis d’approbation par le gouvernement sénégalais.

Si les craintes du président de la République se réalisent, ce serait le nième report dans le processus de mise en exploitation des gisements du bloc pétrolier de Sangomar offshore. D’abord fixée en 2021, cette exploitation a été reportée en 2022, puis en 2023.

Pour rappel, selon les estimations, l’Etat du Sénégal attend entre 100 000 et 120 000 barils par jour des gisements de Sangomar offshore, dont les réserves sont évaluées à 2,5 milliards de barils.

Les mises au point de Petrosen

A Petrosen, on continue de suivre de très près ce qui se passe dans l’exploitation du champ pétrolier Sangomar. Joint par téléphone, le directeur de la Communication et des Relations publiques, Bachir Dramé, apporte des éclairages. ‘’Il faut savoir que tout ça entre dans le cadre normal des choses. Quand des pétroliers sont dans une association, si l’un des partenaires se trouve en difficulté, il a le droit de geler sa participation, jusqu’à ce que sa situation revienne à la normale. Durant son absence, les autres membres du partenariat vont s’entendre sur la manière de le suppléer. C’est courant dans le milieu’’, explique le spécialiste.

Par rapport aux annonces discordantes du chef de l’Etat et de l’opérateur Woodside, M. Dramé assure que cela ne traduit nullement un désaveu. Bien au contraire, souligne-t-il, Woodside conforte même le chef de l’Etat. Il précise : ‘’Il faut bien comprendre la sortie du président. Se basant sur cette crise qui sévit dans le monde et affecte durement l’industrie pétrolière, il a juste constaté que les circuits d’approvisionnement ne fonctionnent plus comme avant. De fait, il fallait revoir les calendriers des différents projets pétroliers. Nous-mêmes (Petrosen) avons fait un communiqué pour dire : en raison de la crise, nous allons revoir nos plans. Tout le monde, y compris Woodside, était dans cette logique.’’

Pour le responsable de la communication de Petrosen, l’Australienne, par ce communiqué, veut juste dire qu’elle va tout faire pour rester dans les plans de départ.

MOR AMAR

 

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