Publié le 27 May 2020 - 14:39
EXPLOSION DES CAS POSITIFS DANS LA CITE DU RAIL

La ville en passe de devenir le foyer épidémique

 

 
Depuis le début de la pandémie, la ville de Thiès a enregistré 89 cas positifs dont 12 issus de la transmission communautaire et 2 décès. Les autorités, qui craignent de voir celle-ci devenir le foyer de la maladie à coronavirus après Touba et Dakar, anticipent et travaillent à rompre la chaîne de transmission.
 
 
Dès les premiers jours de l’apparition de la maladie du nouveau coronavirus au Sénégal, la région de Thiès a été affectée. La première personne à y être testée positive réside dans le département de Mbour, plus précisément à Nianing. Ensuite, il y a eu une petite accalmie dans tout le périmètre régional avant que la ville de Thiès ne renoue avec ses trois premiers cas issus de la transmission communautaire. Il s’agit des membres du personnel soignant de l’hôpital Barthimee. Bonjour les cas communautaires ! On était au mois de mars. Et c’est à ce moment que les autorités sanitaires commençaient à craindre le pire.
 
 Deux mois après l’apparition de la maladie à coronavirus, on assiste à l’explosion des cas positifs. A ce jour, toutes les communes d’arrondissement sont touchées. Le plus grand nombre est enregistré dans la commune de Thiès-Est qui totalise 48 cas. Elle est suivie par celle de Thiès-Nord avec ses 22 cas dont 18 provenant de Thialy et la commune de Thiès-Ouest avec 17 cas. 
 
Ainsi, hier, 89 personnes sont déjà testées positives dans la seule ville de Thiès. Parmi lesquelles on dénombre 2 décès et 12 cas issus de la transmission communautaire. Une explosion des cas qui pousse les autorités médicales et administratives de la ville à craindre le pire. Si rien n’est fait pour rompre la chaîne de transmission, affirme le médecin-chef du district sanitaire de Thiès, la ville pourrait devenir le foyer de la pandémie, après Touba et Dakar.
 
‘’Il est vrai qu’avec l’évolution de la maladie, le président de la République a pris des mesures d’assouplissement pour permettre aux uns et aux autres de reprendre leurs activités. Mais juste après, nous avons constaté un véritable relâchement. C’est une grosse erreur. Aujourd’hui (hier) nous avons un total de 89 cas dans la ville de Thiès. C’est pour vous dire que Thiès est en train de devenir le foyer de la pandémie. Pour éviter que cela n’arrive, nous devons encore redoubler de vigilance et être plus que jamais conscients’’, explique et recommande le Dr Moustapha Faye, rappelant aux Thiessois que le combat contre la Covid-19 est plus que jamais devenu communautaire.
 
La colère du préfet 
 
Pour refouler le danger qui frappe aux portes de la ville et rompre définitivement la chaîne de transmission, le préfet du département a réuni, hier, le comité départemental de développement (CDD) pour se pencher sur des stratégies communicationnelles à dérouler à l’endroit de la communauté. Cette réunion, qui a duré près de cinq heures, a été élargie au président du conseil départemental, aux maires, aux imams, aux ‘’badienu gox’’, aux associations de conducteurs de vélos-taxis (Jakarta)… Au terme de cette concertation, un nouveau plan de riposte contre le virus a été défini, avec comme échelon les quartiers.
 
Dans cette approche communicationnelle, on y trouve, en première ligne, les trois sous-préfets et les maires, mais aussi toutes les composantes de la communauté à la base. Au moment où le Comité départemental de gestion des épidémies travaille à stopper la contagion dans la ville, des jeunes profitent de l’assouplissement des mesures pour organiser des matches de football. Quant aux conducteurs de vélos-taxis, communément appelés ‘’Jakarta’’, ils sont revenus à l’ancienne formule : conduire deux passagers en même temps et sans le port du masque et du casque. Mais le préfet du département soutient que ce comportement ‘’irresponsable’’ ne doit pas prospérer en cette période de pandémie.
 
C’est pourquoi, ajoute-t-il, dans un premier temps, ça sera la carotte pour les sensibiliser. Par contre, s’ils persistent, il n’hésitera pas à faire recours au bâton et ‘’toute la puissance publique’’ pour les ramener à la raison.  ‘’Je ne peux comprendre qu’en cette période d’état d’urgence sanitaire, que les jeunes de cette ville, malgré la résurgence des cas, continuent à se rassembler pour jouer au football. C’est inadmissible. Pourtant, ce sont eux qui doivent être en première ligne dans cette lutte. Nous devons d’abord les sensibiliser et s’ils ne changent pas de comportement, nous ferons face à eux’’, fulmine Moussa Diagne. 
 
En ce qui concerne les conducteurs de motos-Jakarta, le successeur de Fodé Fall hausse encore le ton. ’’Eux, ils créent trop de désordre dans cette ville. Il y en a qui osent même prendre deux clients. En temps normal, c’est trop grave surtout pendant cette période de pandémie. Si nous voulons que cette maladie recule dans cette ville, il faut que nous trouvions des solutions par rapport à ces motos-Jakarta. Pour cela, nous devons les mettre devant leurs responsabilités’’, tempête l’ancien préfet de Salémata, dans la région de Kédougou. Aussi, Moussa Diagne indique que pour venir à bout de la maladie à coronavirus dans la ville de Thiès, il urge d’intégrer toutes les dimensions (sécuritaire, sanitaire et sociale) dans le combat. 
 
De leur côté, les maires de Thiès-Ouest et Thiès-Nord, Alioune Sow et Lamine Diallo, soulignent l’impératif d’en finir ‘’avec l’indiscipline notoire des jeunes’’ notée çà et là pendant les heures du couvre-feu. D’après les maires ‘’rewmistes’’, il faut qu’il y ait plus de rigueur pour leur faire entendre raison. 
 
GAUSTIN DIATTA (THIES)

 

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