Publié le 24 Feb 2016 - 11:00
EXPORTATION DES PRODUITS HORTICOLES

L’obstacle des mouches

 

Les pertes dans la filière mangue à cause des mouches sont devenues un problème à forte incidence économique, dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest. Pour y faire face, un Projet d’Appui du plan régional de lutte et de contrôle des mouches des fruits a été lancé hier à Dakar par la CEDEAO.

 

Le secteur de la production horticole contribue à l’équilibre alimentaire de millions de consommateurs en Afrique de l’Ouest. Cependant, il est menacé par des mouches de fruits. Pour remédier à cette situation, un Projet d’Appui du plan régional de Lutte et de contrôle des mouches des fruits a été lancé hier à Dakar par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Selon le Directeur régional de la CEDEAO, Ousseini Salifou, ‘’depuis la découverte, en 2003 puis en 2005 en Afrique de l’Ouest, d’une nouvelle espèce invasive de mouches des fruits, les pertes causées à la filière mangue sont devenues un problème à forte incidence économique et sociale dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest’’.  Cela, a-t-il dit, en raison des pertes de production dans les vergers, et à l’augmentation des interceptions de mangues arrivant dans l’espace européen.

‘’De 2005 à 2007, 105 arrivages ont été interceptés en provenance de l’Afrique de l’Ouest. En 2014, 112 interceptions ont été enregistrées dans l’espace CEDEAO dont 68 pour la Côte d’Ivoire qui est la plus grande exportatrice de mangues dans la CEDEAO’’, a soutenu M. Salifou. Face à l’importance des pertes économiques engendrées par la mouche dans l’espace CEDEAO et devant les risques de perte d’accès aux marchés internationaux et au regard du caractère régional, la CEDEAO et l’UEMOA ont lancé, en 2008, le projet de lutte contre les mouches. Ce projet à hauteur de 23,5 millions d’euros, soit 15 milliards 400 millions de francs, concerne 8 pays producteurs et exportateurs de mangues. Il s’agit du Sénégal, de la Gambie, du Mali, du Burkina, de la Guinée, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Bénin. Il vise à améliorer les revenus des producteurs de fruits et légumes et particulièrement des petits producteurs, pour contribuer à la sécurité alimentaire dans la sous-région et à la réduction de la pauvreté.

‘’Ce plan vise à gérer le problème des mouches au niveau régional par la coordination des efforts au niveau national et la mutualisation des stratégies, méthodes de monitoring, d’intervention, de façon uniforme dans l’ensemble des pays affectés par la mouche. Je demande aux pays de faire leurs comités nationaux afin de combattre ce fléau qui n’a pas de frontière’’, a-t-il lancé.

52 interceptions

Pour le conseiller technique du ministre de l’Agriculture Docteur Modou Mboup, cette mouche constitue une réelle menace qui pèse sur la production horticole africaine, alors que ce secteur constitue une importante source d’emplois pour nos pays. ‘’Les exportations de mangues ont connu une forte croissance entre 1998 et 2015. Elles sont passées respectivement de 280 à 16 190 tonnes’’, dit-il. Pour le Sénégal, la mangue occupe une large fenêtre d’exportation. Le concurrent direct du Sénégal en la matière est Israël, durant la période de juillet à septembre. Ainsi, avec l’ouverture du marché américain à notre pays, M. Mboup voit, dans l’avenir, de ‘’belles perspectives’’ pour la filière mangue.

Toutefois, Cette dynamique peut être brisé ou ralenti par les dégâts causés par divers prédateurs parmi lesquels la mouche des fruits, avertit-il. Cet insecte sévit dans 10 pays au sud du Sahara. ‘’Ces dernières années, des containers sont régulièrement saisis et détruits dans les pays de destination, engendrant des pertes économiques considérables pour les exportateurs africains’’, informe-t-il. Pendant la campagne d’exportation de 2015, ajoute Dr Modou Mbaye, l’Afrique de l’Ouest en a comptabilisé 52 sur les 72 interceptions de mangues en provenance des pays à exportation. ‘’C’est alarmant. Nous devons renverser la tendance pour que notre horticulture puisse être imposée dans les marchés internationaux’’, indique-t-il. 

VIVIANE DIATTA

 

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