Publié le 3 Aug 2020 - 22:09
FÊTE EN PÉRIODE DE PANDÉMIE

Une Tabaski pas comme les autres

 

Après avoir chamboulé le mois de ramadan, la Covid-19 a bouleversé les festivités de la Tabaski.  A Saint-Louis, les soirées en boite de nuit et autres célébrations festives ont laissé place, cette année, à une atmosphère de méfiance à l’égard des grandes rencontres. La prévention contre la pandémie oblige. La fête a été donc moins animée que d’habitude.

 

Grand moment de retrouvailles des familles, la Tabaski se fête d’habitude en grande pompe.  Après les grillades de mouton et autres plats copieux de la journée, la nuit est réservée aux sorties en boite de nuit où les jeunes prolongent la fête. Tandis que les grandes personnes et les enfants se rendent chez des proches pour présenter leurs meilleurs vœux. Cette ambiance, qui faisait le charme de la Tabaski à la Saint-Louisienne, a laissé place, cette année, à une fête très calme à la limite naze, à cause de la crise sanitaire. 

En effet, avec plus de 50 cas confirmés de Covid-19, la population de Saint-Louis est restée prudente et s’efforce de respecter les mesures de prévention. Une prudence visible jusque dans la manière de célébrer la Tabaski.  D’habitude très animées, les rues des deux quartiers mythiques de l’île (Nord et Sud) sont très calmes, en cette soirée de samedi 1er août. Il est 22 h passées.  Peu de restos restent ouverts. Les discothèques, elles, sont encore fermées, à cause des mesures de restriction prises dans le cadre la Covid-19. Presque aucun lieu de loisir n’est ouvert dans la grande ville. On rencontre, toutefois, de jeunes dames habillées de chatoyantes tenues traditionnelles se promènent accompagnées de leurs conjoints ou copains.  Certains cherchent en vain des restaurants pour prendre le pot et discuter.  

A la descente du pont Faidherbe, un groupe de 5 copains, vêtus de boubou traditionnel, se dirigent vers le mythique complexe Le Flamingo situé au bord du fleuve, dans le quartier Nord. Ils sont venus se détendre, histoire de célébrer les retrouvailles. Ils indiquent, d’emblée, que la crise sanitaire a considérablement impacté la célébration de la fête. ‘’La Tabaski de cette année est un peu naze, comparée aux autres éditions où il y avait plus d’ambiance. D’habitude, c’est une occasion pour des retrouvailles entre Saint-Louisiens, mais à cause de la Covid-19, certains ne sont pas venus. Ils ont décidé de fêter dans leur ville ou pays de résidence pour se protéger de la pandémie.  C’est pourquoi les belles retrouvailles de familles ou entre copains ont été timides’’, déclarée Abdou Diallo, venu du quartier de Ndioffène avec ses 4 copains, tous étudiants, pour se détendre.   

‘’Rien que notre présence au Flamingo montre que cette Tabaski n’est pas comme les autres. D’habitude, on allait au resto Keur Dada qui est plus chic et plus prisé par les jeunes. Mais arriver là-bas à 22 h, nous avons trouvé qu’ils ont déjà fermé, malgré la fête’’, renchérit Pape Birane Diop.

La bande profite toutefois du doux climat charrié par le vent frais qui se dégage au bord du fleuve, en attendant leur commande.  L’endroit est agréable, mais la clientèle reste rare.  La plupart des tables sont à moitié vide. Le service de la restauration a d’ailleurs arrêté. La musique aussi. Il n’y a que les boissons sucrées et les glaces qui se servent encore.

‘’Le tourisme ne marche plus. Tout est à l’arrêt dans la ville. Heureusement, le jour de la Tabaski et aujourd’hui, on a reçu quelques clients le soir pour fonctionner. Mais, en général, les gens ne viennent pas pour manger, mais juste pour boire, sinon prendre de la pizza et changer d’air. La situation est très dure.  C’est tout un problème pour payer les salaires’’, laisse entendre le gérant du restaurant, Amar Sy‘’.

D’habitude, à pareille période, c’est le rush dans le resto et la boite de nuit, mais avec la crise sanitaire, le décor est tout autre dans ces lieux.

‘’Le calme presque partout dans la ville’’

Et c’est le calme presque partout dans la ville. Niché à la Pointe Nord tout au bord du fleuve, le complexe hôtel restaurant Keur Dada est un haut lieu de rencontre des adeptes du Saint-Louis by night. Surtout en période de fête. Cependant, en ce lendemain de Tabaski, le chic resto n’est rempli qu’à moitié. Plusieurs tables sont vides, mais à la réception, on indique aux nombreux visiteurs que le restaurant du complexe est déjà plein.  Contrairement à Dakar, ici, le respect des mesures barrières est de rigueur. Pas plus de deux personnes pour une table de 4. Les vigiles du complexe veillent à faire respecter de manière stricte la distanciation.  Et les récalcitrants sont sommés de sortir du lieu.  

Accompagné par sa femme, sa belle-sœur et ses jeunes frères, M. Sow est venu pour, dit-il, déguster une pizza, de la glace et profiter du climat doux au bord du fleuve. Mais avec tout ce protocole mis en place pour se protéger de la maladie, il semble perdre patience. ‘’Je suis là depuis 20 h, mais j’attends toujours ma pizza. Chaque lendemain de Tabaski, je venais Chez Dada et il n’y avait pas tout ce protocole et cette longue attente. L’année passée, on était venu à une heure plus tardive, mais tout c’était bien passé’’, indique-t-il.  ‘’Je crois qu’ils ont diminué le nombre d’employés à cause de la Covid-19.   C’est pourquoi il y a cette longue attente’’, s’empresse d’ajouter Mme Sow.

‘’C’est un très bon lieu, sauf que l’attente est trop longue. On se lasse déjà. Mais c’est compréhensible, car à l’entrée, ils nous avaient indiqué que c’était l’heure de la descente, que les employés sont épuisés et qu’ils doivent rentrer. Mais en tant que fidèles clients, ils nous ont fait une faveur et nous ont laissé patienter pour nous faire nos pizzas’’, rajoute la belle-sœur Mariama Diallo, venue de Dakar pour passer la fête auprès de sa sœur.

D’habitude période de rush pour les discothèques et les restaurants-bars, la Tabaski a cette fois-ci été fêtée sobrement dans la ville de Saint-Louis. Ces lieux de loisirs qui devaient en profiter pour combler le manque à gagner avec la Covid-19, manquent tellement de ressources, qu’ils semblent n’avoir plus les moyens de recevoir le moindre client.

ABBA BA

 

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