Publié le 16 Jun 2019 - 23:59
FEMMES DIGITALES

Elles changent le monde grâce au numérique

 

Après la 7e édition tenue à Paris, Delphine Remy-Boutang, initiatrice de la Journée de la femme digitale (Jfd) a choisi Dakar pour abriter la première délocalisation de l’évènement en terre africaine. Cette rencontre annuelle réunit les femmes qui s’emploient à révolutionner le monde grâce au digital.

 

La  Journée de la femme digitale (Jfd), tenue ce jeudi à Dakar, a réuni des entrepreneures du numérique pour réfléchir et échanger autour du thème ‘’Elles changent le monde’’. Cet évènement a pour ambition d’inspirer et d’encourager les femmes à oser, à innover et à entreprendre. Il regroupe un réseau de 400 femmes digitales.

La Jfd a été initiée par la Française Delphine Remy-Boutang, pour rendre hommage, chaque année, à Margaret Hamilton, l’informaticienne de la Nasa qui a permis au premier homme de marcher sur la lune. A cet effet, un prix Margaret a été initié pour récompenser une femme digitale engagée pour un monde meilleur. Pour l’édition de Dakar, la Camerounaise Arielle Kitio, fondatrice de Caysti, a été honorée.

Le choix de Dakar pour abriter l’évènement n’est pas fortuit. Il s’explique par le fait que la capitale sénégalaise offre, selon les organisateurs, un écosystème numérique favorable. ‘’Il nous faut bâtir des ponts entre les continents et entre les femmes entrepreneures qui changent le monde, parce qu’Internet n’a pas de frontière. L’Afrique enregistre le taux le plus important de femmes entrepreneures au monde et Dakar est l’une des villes qui offrent un écosystème favorable pour l’entreprenariat numérique. C’est pourquoi nous l’avons choisie pour relever le défi d’une meilleure représentativité des femmes’’, a expliqué Delphine Remy-Boutang.

Le choix de Dakar a été salué par le maire de la ville, Mme Soham Wardini. ‘’Notre pays affiche des ambitions fortes dans le renforcement et le développement des Tic ainsi que la création d’une économie numérique durable.  C’est ce que nous soutenons à travers de nombreuses initiatives à l’image du projet ’Dakar ville numérique’’’, a-t-elle déclaré.

Briser les barrières de la langue pour exceller dans le digital

La Jfd a été une occasion, pour les entrepreneures, d’échanger sur les défis à relever pour changer le monde. Et dans le domaine du numérique, outre le besoin de démocratisation de l’accès à l’Internet, l’usage du français comme langue a été souligné comme une barrière, car la majorité des contenus numériques sont en anglais.

Ainsi, selon la Margaret 2019, Arielle Kitio, les langues, que ce soit le français ou les langues africaines, ne doivent plus constituer une entrave pour l’accès au digital. Pour cela, elle estime qu’il est de la responsabilité des jeunes Africains créateurs de contenus de valoriser davantage les langues locales.

‘’Les enfants qui sont nés dans un environnement où l’on parle le wolof et qui vont à l’école pour  apprendre le français sont aussi obligés d’apprendre l’anglais pour comprendre le numérique. Or, moins de 3 % des ressources sur l’Internet sont fait en langues africaines, alors que 87 % de la population africaine ne comprend pas forcement l’anglais ou le français.  C’est pourquoi il faut pousser les jeunes à se réapproprier les langues africaines pour leur permettre de créer des projets dans leur langue de base. L’idée est qu’à terme, les enfants du Sénégal puissent s’adapter et créer des applications mobiles, des robots entièrement écrits en wolof, parce qu’il serait regrettable qu’il y ait des limites à cause des barrières linguistiques’’, estime-t-elle.   

Cependant, pour l’entrepreneure sénégalaise Fatou Kiné Diop, gagnante du prix Orange Linguère Digitale Challenge 2019, la créativité n’a pas de langue et l’Internet est sans frontière. En effet, l’initiatrice de la start-up E-tontine ne s’exprime ni en français ni en anglais, mais est parvenu  à monter son entreprise et a révolutionné les tontines grâce au digital. Et elle a participé à la Jfd pour rencontrer d’autres entrepreneures et élargir ses réseaux.

‘’Quand on parle de tontine, les gens pensent à des cotisations d’argent, alors qu’à la base le concept a été créé par un Italien pour le matériel. Nous avons approprié ce concept pour faire notre tontine en ligne et les cotisations se font par mobile money avec toutes les plateformes de payement en ligne’’, explique Fatou Kiné Diop.

Par ailleurs, pour la clôture de l’évènement, les initiateurs de la Jfd organisent des  visites de l’écosystème digital de la capitale sénégalaise et un learning expédition pour permettre aux participants d’expérimenter les dernières innovations et d’échanger avec les investisseurs et les entrepreneurs locaux.

ABBA BA