Publié le 22 Apr 2024 - 13:03
FILM – ‘’LES MAMANS DE L'INDÉPENDANCE’’ DE DIABOU BESSANE

Une volonté de ‘’réparer une injustice’’

 

‘’Les mamans de l'indépendance’’ est un film de Diabou Bessane en hommage à l’Union des femmes sénégalaises, mais aussi aux héroïnes du Sénégal. Ce documentaire montre le rôle joué par la gent féminine dans la lutte pour l’indépendance, leur engagement pour l'émancipation de leur peuple. Toujours d’actualité, ce documentaire a été projeté aux cours Sainte-Marie de Hann, le vendredi dernier.

 

Les femmes se sont-elles battues pour l'indépendance de leur pays ? Leurs actions méritent-elles d'être comparées à celles de Léopold Sédar Senghor, Valdiodio Ndiaye ou Mamadou Dia, etc. ? Autant de questions se posent toujours. Un débat de haute facture s’est tenu aux Maristes, vendredi dernier, après la projection du film ‘’Les mamans de l'indépendance’’ devant des élèves. Ces derniers ont visiblement beaucoup appris et ont bien interagi avec la réalisatrice Diabou Bessane, mais aussi entre eux.

La réponse de la première interrogation est oui. Des femmes sénégalaises ont apporté leur partition dans la lutte pour l'indépendance de leur pays. Mais leur apport n’est pas mentionné dans les annales. C’est d’ailleurs fort de ce constat que Diabou Bessane a réalisé ce documentaire. ‘’Les femmes ont joué un rôle de premier plan’’, a-t-elle affirmé, soulignant l'importance d'évoquer avec exactitude ce rôle pour la mémoire de ce pays. ‘’C’était une volonté pour moi de réparer une injustice à l’égard de femmes qui avaient fait énormément de choses, mais qui avaient été oubliées. Elles ont été occultées de la version officielle de l’histoire’’, a souligné la journaliste.

Ce moyen métrage rend notamment hommage à l’Union des femmes du sénégalais (UFS), la première association féminine apolitique née en 1957. Diabou Bessane est partie d’une photo d’archives rassemblant 17 femmes de cette association qui en regroupait beaucoup plus. Elle a pu faire ce film, après cinq ans de travail. Ce temps est dû aux difficultés d'accéder aux archives, d’avoir des moyens, de retrouver même les témoins de l’histoire. La réalisatrice a fouillé dans les mémoires des universitaires et dans les archives, notamment de familles de ces femmes.

Elle a interrogé Fatou Sow Sarr, (sociologue, laboratoire), Sokhna Sané, (historienne chercheuse), Mamadou Koné (conservateur au musée des Civilisations noires, feu Iba Der Thiam (historien), Mbaye Jacques Diop, (association des porteurs de pancartes), des membres de l’UFS, etc.  Certains comme feu Pr Iba Der Thiam ont parlé de la nécessité de réécrire cette histoire en incluant tous les membres.

Le documentaire relate d’abord l’histoire des héroïnes comme Aline Sitoé Diatta, Ndjeumbeut Mbodj et des femmes de Nder qui se sont sacrifiées. Il révèle surtout que l’UFS était un moyen de pression.

En effet, cette association a milité pour la reconnaissance des droits des tirailleurs sénégalais et a réclamé l'indépendance immédiate. D’ailleurs, une campagne pour l'indépendance immédiate a été menée avec le Parti africain de l’indépendance (PAI). Dans ce cadre, à la tête de la délégation sénégalaise à Cotonou, Adja Rose Basse a fait une déclaration poignante au nom des femmes africaines.

Le film souligne également qu'après l'indépendance, les femmes ont été éliminées de la scène politique, mais des pionnières accédèrent à plusieurs domaines. Les premières femmes diplômées furent institutrices ou sages-femmes.

Se réjouissant de l'engouement des jeunes pour ce film, Diabou Bessane a déclaré : ‘’Aujourd'hui, c’est à travers des jeunes qu’on peut rétablir ces rôles de pouvoir. Il est important de faire comprendre aux jeunes garçons et filles que cette société repose sur les deux genres et qu’il faudrait qu’on arrive à avoir un équilibre.’’  

BABACAR SY SEYE

Section: