Publié le 9 Jan 2021 - 05:34
FOOT - QUALIFIE EN PHASE DE POULES DE LA LAC

Teungueth FC, un bel exemple de réussite

 

Teungueth FC a mis fin à seize ans de traversée du désert des clubs sénégalais en compétitions des clubs africains, en se qualifiant à la phase de poules de la Ligue africaine des champions (Lac) sur le terrain du Raja Casablanca. Une prouesse bien méritée par l’équipe de Rufisque, au vu de la qualité de son organisation et de ses ressources humaines.

 

Pendant des années, les amateurs de football étaient habitués à voir les clubs sénégalais rentrer au bercail après seulement deux tours en compétitions africaines. A force d’être éliminées prématurément, la désillusion a fini par faire tache sur la participation des équipes, aussi bien en Ligue africaine des champions (Lac) qu’en Coupe Caf. On se demandait à quand la fin de la traversée du désert et qui va réaliser cette prouesse. La Jeanne de Dakar, demi-finaliste de la Lac en 2004, était la dernière à avoir atteint la phase de poules d’une compétition des clubs de la Caf. Le bout du tunnel semblait pointer à l’horizon avec l’avènement des académies, Diambars et Génération Foot. Mais ce n’était que fausse alerte. Celles-ci se sont vite rangées dans les rangs des loosers.

Il a fallu dix-sept ans pour voir le plafond de verre brisé par un club sénégalais, qui n’était pas du tout celui qu’on attendait. Car personne ne vendait chère la peau de Teungueth FC, à l’issue du tirage au sort pour le 2e tour préliminaire de la Ligue des champions de la Caf. Qui aurait misé sur TFC face au grand Raja de Casablanca (3 fois champions d’Afrique, demi-finaliste de l’édition précédente) ? C’était pari perdu d’avance, car la barre était tellement haute pour les hommes de Youssoupha Dabo.

Pourtant, le club de Rufisque l’a fait. Mais le club n’a pas usurpé son exploit.

Une bonne organisation pointue

Le succès de Teungueth FC semble relever du surréalisme, au regard de la taille de l’adversaire. Cependant, le club de Rufisque a bien mérité sa qualification en phase de poules de la Ligue des champions de la Caf. Le haut niveau nécessite de l’organisation et des moyens. Cela, explique Abdoulaye Bare Diouf, le club rufisquois a su mettre tous les atouts de son côté. ‘’Il y a eu la bonne organisation. Ils ont bien étudié ces pays. Ils ont vraiment bien travaillé en utilisant tous les moyens de bord pour s’adapter à l’aspect maghrébin qui est purement européen’’, a-t-il analysé.

D’ailleurs, le président de TFC a parlé de cette anticipation et du volet organisationnel. ‘’Nous sommes venus nous acclimater en cette période de froid, avec de bonnes conditions de travail et une organisation sans faille technique, sportive et médicale. Il y avait tout un travail psychologique aussi. Et on s’était préparé. Ne pas répondre aux provocations. Louer notre propre bus, car on s’attendait à un bus pourri. Les motards qui se perdaient… Mais on avait des guides sénégalais, Mamadou Djiba et Demba Diallo. En gros, nous avons anticipé sur plusieurs choses’’, a expliqué Babacar Ndiaye sur Wiwsport.

L’autre aspect qui a pesé également sur la balance est la ‘’logistique’’, selon Bare Diouf. ‘’Les équipes se valent, au plan footballistique. Les Maghrébins ne jouent pas mieux que nous. Sur le terrain, c’est 11 contre 11. Teungueth FC s’est bien équipé’’, a-t-il admis, en relevant le fait que la formation sénégalaise avait prévu à la fois des ‘’blousons d’hiver et de printemps’’. ‘’Avec la pluie, ils ont porté ceux d’hiver, avec des godasses adaptées à la situation. S’ils n’avaient pas ça, ils allaient perdre. Ils se sont organisés en fonction du temps, le froid, la pluie et du terrain. C’est donc l’aspect logistique qui a fait la différence’’.

Pour l’agent de joueurs établi en Italie, la défaillance sur ces deux points (logistique et organisation) sont les principales raisons des échecs répétés des clubs sénégalais en compétitions africaines. ‘’C’est d’ailleurs ce qui faisait défaut aux autres clubs sénégalais quand ils se rendaient dans les pays maghrébins. C’est des études à faire dans le cadre d’un match de football. C’est des situations à ne pas négliger’’.

Un encadrement de qualité

Depuis son accession en Ligue 1 sénégalaise en 2017, Teungueth FC n’en finit pas de bousculer la hiérarchie. Après deux saisons d’apprentissage de l’élite, TFC a remporté son premier trophée majeur en 2019. Il est vainqueur de la Coupe du Sénégal en battant en finale (1-0) l’Us Gorée. Ce titre leur ouvrait la porte pour une première participation à une compétition continentale, notamment la Coupe Caf. Malheureusement, ils n’ont pas pu y être, faute de moyens. Cela n’a pas coupé leur élan, lors de la saison suivante.

Les Rufisquois ont presque survolé le championnat et terminé à la tête du classement (27 pts), à huit points de leur dauphin Dakar Sacré-Cœur (19 pts). Mais la pandémie de Covid-19 est survenue et a tout mis à l’arrêt. Le championnat est définitivement arrêté et TFC n’a pu poursuivre sa dynamique qui aurait pu le mener certainement à son premier titre de champion du Sénégal.

Ce progrès n’est pas le fruit du hasard. Il s’est construit autour d’un encadrement de qualité. Commençant par le président du club, Babacar Ndiaye. Il connait bien le football africain en tant que chargé de la petite catégorie à la Fédération sénégalaise de football (FSF). ‘’Il est dirigeant d’une société et chargé de la petite catégorie. Ces activités lui permettent de voyager à travers le monde. Il connait l’Afrique’’, a rappelé Abdoulaye Bare Diouf.

En outre, le président s’est entouré d’un encadrement technique de qualité. Youssoupha Dabo, actuel sélectionneur des moins de 20 ans, est bien connu du paysage footballistique sénégalais. Après avoir fait ses preuves à Guédiawaye FC, il a coaché le Stade de Mbour avant de se poser sur le banc de TFC. ‘’C’est un entraineur qui connait le haut niveau et il a du caractère. Il est fort dans sa communication et il   sait aussi calmer ses troupes chaque fois que la pression monte’’.

Il y a Alassane Dia qui occupe le poste de directeur sportif. ‘’Alassane Dia aussi a du vécu dans le football sénégalais et africain. Il était aussi un bon élément pour guider des jeunes qui connaissent peu les réalités du continent et surtout les pays du Nord’’. A côté de ces deux techniciens, on retrouve Khalifa Ababacar Fall Alias ‘’Kana Fall’’, qui a ‘’aussi une belle carte de visite, car ayant participé à la belle épopée des Lions de Bruno Metsu et actuellement proche de Dabo chez les Lions U20 où il est préparateur des portiers’’.

LOUIS GEORGES DIATTA

Section: