Publié le 9 Nov 2019 - 23:48
FOOT- REAL MADRID

Pourquoi Benzema est plus fort que Di Stefano

 

En marquant deux fois mercredi soir face à Galatasaray, Karim Benzema a dépassé la légende madrilène Alfredo Di Stéfano et ses 49 buts inscrits en Coupe d'Europe sous la tunique merengue. Mais le Français n'a pas attendu cela pour prouver qu'il le surpassait.

 

Parce qu'il s'est fait tout seul

S'il vient lui aussi d'un milieu populaire et d'une famille d'immigrés, Alfredo Di Stéfano (décédé en 2014) n'est pour autant pas parti de la même ligne de départ que le meilleur ami de Mathieu Valbuena. Son père, Alfredo Senior, est en effet le cofondateur du mythique Club Atlético River Plate, où il a même joué. Et devinez où le rejeton a lancé sa carrière dans les années 1940, avant de rebondir en Colombie puis en Espagne ? Chez les Millonarios, évidemment. Celui qui a vécu à Bron n'a pas eu besoin de piston ou de nom de famille à particule pour devenir ce qu'il est aujourd'hui : il a gravi les échelons un à un à la force de ses bras et de son magique pied droit.

Parce qu'il laisse la lumière aux autres

2009-2018. Pendant neuf ans, le Français s'est mué en joueur de devoir pour son acolyte Cristiano Ronaldo. Toute sa carrière au Real, Benzema la passe dans un rôle de buteur taiseux et altruiste qui voit le football au-delà de sa gloire personnelle, là où Di Stéfano était la star de l'équipe sur qui la lumière était braquée et qui avait toujours le bon mot. Libérateur d'espace, joueur d'appui, meneur de jeu positionné en pointe : Benzema est tout ça, et garde tout de même des statistiques d'extra-terrestre. Di Stéf' était un joueur complet certes, mais savait-il au moins ce qu'était un neuf et demi ?

Parce que son époque est plus contraignante

Pas d'affaires extra-sportives. Pas de foot business, de vrai marché des transferts et donc de menace à sa place de titulaire au sein de son club. Pas de culture de la statistique, et pas encore de concurrence au niveau européen pour le Real Madrid, donc pas de pression monstre au sein de la Maison-Blanche comme celle que connaît KB9 depuis plus de dix ans maintenant. Naître dans les années 1940 est évidemment une chose que personne n'envierait de nos jours, mais au niveau ballon, c'était quand même beaucoup plus tranquille. Benzema, lui, traîne derrière lui des casseroles - lesquelles l'ont empêché de faire une encore plus grande carrière - depuis des années maintenant, voit chaque année un nouvel attaquant arriver pour lui faire concurrence (Gonzalo Higuaín, Emmanuel Adebayor, Álvaro Morata, Jesé, Borja Mayoral, Chicharito, Mariano Díaz, Luka Jović...) et prend des Unes incendiaires signées As après la moindre rencontre durant laquelle il n'a pas réussi à planter. De plus, là où, à l'époque de Di Stéfano, le Real était une machine qui n'avait aucun mal à ramener dans ses rangs les plus grands champions de la planète (Ferenc Puskás, Francisco Gento, Raymond Kopa...), Benz se retrouve cette saison à devoir officier avec le dépressif Thibaut Courtois, un Gareth Bale au rabais, l'intermittent James Rodríguez, un Eden Hazard bedonnant ou encore la tête brûlée Vinícius Júnior. Chienne de vie.

Parce qu'il a du sang de champion

Né le 4 juillet 1926 à Buenos Aires en Argentine et espagnol d'adoption, Alfredo Di Stéfano possède la double nationalité argentine-espagnole. Né le 19 décembre 1987 à Lyon de parents d'origine algérienne, Karim Benzema possède la double nationalité franco-algérienne. Le palmarès du football mondial est très clair : la France est championne du monde, l'Algérie est championne d'Afrique ; l'Argentine enchaîne les échecs, l'Espagne n'est plus que l'ombre d'elle-même. À l'heure qu'il est, la carte d'identité de KB9 pèse plus que celle de feu ADS. Et puisque l'on est sur le terrain des sélections nationales, parlons-en : là où son lointain prédécesseur avait trahi l'équipe d'Argentine - après ses quatre petites sélections en 1947 - en enfilant le maillot espagnol à partir de 1957, la Benz' n'est, elle, jamais allée voir ailleurs malgré sa mise au placard par la Dèche depuis 2015. N'en déplaise à Vanessa Le Moigne.

 

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