Publié le 30 May 2017 - 21:52
FOOT - SOULEYMANE CAMARA, ANCIEN ATTAQUANT DES LIONS

"En 2002, c’était l’état d’esprit qui nous faisait avancer"

 

Les pensionnaires de l’équipe nationale de football de la génération 2002 doivent à leur état d’esprit plus qu’à leur talent d’avoir atteint la finale de la CAN et les quarts de finale du mondial de cette année-là, au terme d’un ’’si beau parcours’’, estime l’attaquant sénégalais de Montpellier (France), Souleymane Camara. "On ne peut pas dire qu’il n’y avait pas de talent dans l’équipe de 2002, mais on ne peut pas comparer ce potentiel avec ceux des sélections de 2012 et celle qui est actuellement dirigée par Aliou Cissé", a-t-il soutenu dans un entretien avec l’APS. "C’est dommage qu’on n’ait pas gagné un titre mais je peux vous assurer que quand on entrait sur un terrain, c’était pour faire un résultat", a dit Camara, qui vient de signer une année supplémentaire en faveur de Montpellier, où il continue sa carrière au sein de l’élite en France.

 Il faisait office de remplaçant de luxe au sein de la génération 2002, qui a écrit l’une des plus belles pages du football sénégalais, avec des stars comme El Hadj Diouf, Khalilou Fadiga et d’autres encore.

L’ancien pensionnaire du centre Aldo Gentina (Dakar), qui a débuté sa carrière professionnelle à l’AS Monaco, se rappelle que contre la France en ouverture de la Coupe du monde 2002, "personne dans le groupe ne pensait à la défaite".

"Au pire des cas, on pensait au partage des points en dépit de la qualité de l’adversaire", s’est souvenu celui qui était à l’époque le benjamin (20 ans) du groupe de performance de Bruno Metsu, l’ancien sélectionneur national. "Au fond de nous-mêmes, il y avait comme une force intérieure qui nous poussait au-delà de nos limites", en dépit "des divergences à l’intérieur du groupe", a-t-il souligné. ‘’Mais une fois sur le terrain, "tous les différends, tous les conflits internes (…), tout s’effaçait au profit de l’intérêt collectif, et nous avons un entraîneur (Metsu) qui savait utiliser les mots pour nous transcender", a ajouté Souleymane Camara.

 Selon lui, si "le groupe actuel’’ du Sénégal, "pétri de qualités" arrive à "faire le dos rond pour tirer dans le même sens, il n’y a pas de raison pour qu’il ne gagne pas quelque chose". "En terme de qualités, le groupe de 2012 et celui de 2017 étaient largement supérieur, mais nous avons un état d’esprit qui nous permettait d’attaquer un lion à mains nues", a insisté Camara.

 Il dit trouver "l’équipe de 2017 équilibrée à tous les niveaux". "Il y a de la qualité sur toutes les lignes et même sur le banc des remplaçants", a-t-il estimé.

A la dernière CAN par exemple, cette équipe avait selon sorti "du beau jeu". "Dommage qu’elle n’ait pas pu aller au bout de l’aventure", a-t-il déclaré.

"Pour mon équilibre, il n’était pas question de courir les filles’’

L’attaquant sénégalais évoluant à Montpellier a déclaré qu’il était condamné à réussir au football pour aider sa famille qui vivait dans des conditions modestes. "Je suis issu d’une famille très modeste et je devais réussir pour l’aider à sortir de cette situation", a expliqué l’attaquant âgé de 34 ans, actuellement en vacances au Sénégal.

Une fois que "l’opportunité de faire des essais à l’AS Monaco s’est présentée, je me disais que la seule alternative valable était la réussite parce qu’il fallait réussir pour tendre la perche et améliorer les conditions de vie de ma famille", a-t-il fait savoir. "Une fois à Monaco, tout ce qui pouvait m’aider à atteindre mon objectif était mis en avant, et tous les facteurs de blocage étaient écartés", a souligné Souleymane Camara, relevant avoir par exemple pris la décision de se marier très tôt. "Pour mon équilibre, il n’était pas question de courir les filles et il me fallait me marier. Je l’ai fait en 2002 (à l’âge de 20 ans)", a-t-il rappelé. Une manière, selon lui, de mettre de côté les mondanités.

Il dit qu’il lui est arrivé d’aller en boite de nuit, mais peut malgré tout "compter sur les doigts d’une main" le nombre de fois où il est allé "voir des concerts de Youssou Ndour en famille en France". De toutes les façons, "c’était il y a plusieurs années", a-t-il souligné, estimant que "c’était parfois important de s’aérer l’esprit". "L’objectif, c’est de faire en sorte d’être chaque matin frais et disponible pour faire une bonne séance d’entraînement et le week-end d’être utile à mon club", si l’on sait que "dans le monde professionnel, signale-t-il, il n’y a pas de place pour les sentiments". "Les clubs ont besoin de résultats et des joueurs capables de leur en donner", a fait observer celui qui, à 34 ans, vient de prolonger d’une année son contrat avec Montpellier. "Je suis toujours prêt physiquement, al hamdoulilahi, et je ne suis pas saturé de football", a-t-il dit, relevant ne pas encore savoir quand raccrocher. "Tant que je me sentirais bien physiquement, je vais continuer à jouer", a assuré Souleymane Camara, qui se voit bien continuer dans le monde du football à la fin de sa carrière. "Mais seul Dieu le sait", temporise Camara, qui avait laissé tomber les études pour se consacrer à son hobby, le football, devenu son gagne-pain.

(aps)

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