Publié le 24 Jan 2020 - 00:15
FORUM ECONOMIQUE MONDIAL DAVOS

 Macky Sall à l’heure verte

 

Le président de la République du Sénégal a exprimé, hier, ses inquiétudes sur le réchauffement climatique, au Forum économique mondial de Davos (Wef).

 

‘‘Ce forum ne peut pas seulement se préoccuper de commerce, d’économie et de finance, et laisser de côté ce qui en constitue la sève nourricière’’. Macky Sall avait tout de la jeune militante écologiste Greta Thunberg et n’avait rien de son homologue américain climatosceptique Donald Trump, en prenant la parole, hier, au lancement de ‘‘la Communauté des Champions de la nature’’, en marge du Forum économique mondial de Davos. Le chef de l’Etat sénégalais s’est mis à jour de la grande problématique de l’heure : l’environnement.

Il a d’ailleurs proposé que la question environnementale ‘‘soit retenue comme un point permanent’’ de l’ordre du jour du Forum de Davos, car ‘‘l’enjeu et la gravité de la situation le justifient’’. ‘‘C’est une grande cause qui nous réunit ici. Chacun de nous doit se sentir concerné par la perte de biodiversité qui est une urgence planétaire. La disparition progressive de milliers d’espèces animales et végétales, dont certaines désormais menacées d’extinction, nous interpelle toutes et tous’’, a-t-il déclaré.

Le réchauffement climatique domine cette année le 50e Forum économique mondial, qui s’est ouvert hier mardi 21 janvier. La question qui avait initialement été agitée et défendue par des organisations militantes a gagné les hautes sphères de décisions politiques du monde. Selon une enquête du Wef, quelque 750 responsables politiques et économiques classent les crises environnementales (météo extrême, perte de biodiversité...) en tête des risques mondiaux jugés les plus probables. Cette année, la réunion se focalise autour du thème suivant : ‘‘Les stakeholders pour un monde rassembleur et durable’’. Certaines théories nouvelles défendant le fait qu’un capitalisme inclusif de toutes les parties prenantes (stakeholder capitalism) est la panacée face au modèle économique glouton du capitalisme néolibéral où seuls quelques actionnaires se partagent les profits (shareholder capitalism) au détriment de ressources non renouvelables.

Une espèce sur cinq risque l’extinction et le taux pourrait aller à 50 % en fin de siècle, estiment les scientifiques. ‘‘Le constat sur la détérioration vertigineuse de l’environnement a été fait et refait. Les scientifiques ont alerté depuis des décennies. Et nous souffrons, au quotidien, des impacts négatifs de la dégradation de la nature, en particulier les effets du changement climatique’’, a défendu le président sénégalais. Malgré le peu de progrès réalisés sur certaines solutions proposées, Macky Sall estime que deux points de l’Accord de Paris sur le climat donnent les moyens juridiques et les mécanismes d’action. ‘‘Le principe du pollueur payeur’’ qui veut que ceux qui polluent le plus assument le plus d’engagement dans la prévention et la réparation des dommages à la nature ; et le ‘‘financement du Fonds vert à hauteur de 100 milliards de dollars par an’’.

Un fonds qui viendrait en appui aux pays en développement pour assurer leur transition énergétique et éviter d’emprunter le même schéma pollueur que les pays industrialisés. Un plaidoyer pour l’accès au financement de projets d’énergie propre pour les pays en voie de développement qui est d’autant plus urgent que la non-tenue de ces engagements pourrait doucher leur enthousiasme à embrasser cette question actuelle et essentielle. ‘‘Il y a un sérieux risque de lassitude, voire de désintéressement de ces pays vis-à-vis des grandes conférences sur le climat, en raison des engagements non tenus’’, s’est plaint Macky Sall.

OUSMANE LAYE DIOP

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