Publié le 3 Jul 2020 - 19:33
GANA GNING, MAIRE DE NDIAGANIAW

‘’Babacar avait sa délibération depuis 2012’’

 

Joint par téléphone, le maire de Ndiaganiaw, Gana Gning, apporte sa part de vérité sur le conflit opposant l’homme d’affaires Babacar Ngom aux populations de Ndingler, village situé dans sa commune.

 

Dans quelle commune se situent les fameux 80 ha qui opposent les paysans de Ndingler au PDG de la Sedima Babacar Ngom ?

Il est très difficile de se prononcer sur cette question. Car il n’y a pas une délimitation précise entre les deux communes. Cela n’ayant pas été fait, il est difficile de dire si Babacar Ngom a empiété de 80, 70 ou 60 ha. Pour ne pas donner des chiffres inexacts, j’attends que ce travail soit fait pour me prononcer.

Mais du moment que, quand les populations ont revendiqué ces terres et se sont opposés à leur aménagement, Babacar était parti de l’autre côté (commune de Sindia) pour avoir le complément de ses 300 ha, objet de la délibération, je pense qu’on peut en déduire qu’il acceptait que ses terres empiétaient sur les terres de Ndingler.

Mais comme je l’ai dit, sans la délimitation, je ne saurais dire de combien il a empiété. D’ailleurs, nous avons adressé une correspondance au préfet de Mbour pour que les services techniques comme le Cadastre, les Impôts et domaines, l’Aménagement du territoire puissent nous aider à en savoir davantage. Je ne veux pas m’aventurer dans des conjectures.

Sur les 300 ha, seuls les 225 ont pu être transformés en titre foncier par la Sedima. N’est-ce pas une preuve que le reste ne relève pas du territoire de Ndiaganiaw ?

C’est une remarque que font certains. Mais le problème est que, même dans ces 224 ha, il existe des champs que les paysans de Ndingler continuent de revendiquer. C’est ce qui fait que le problème reste entier.

Est-ce que ces terres litigieuses faisaient l’objet d’une exploitation avant leur attribution à la Sedima ?

C’est ce que les populations ont toujours défendu. Elles disent qu’elles le font depuis des années. Ce sont les terres de leurs parents, de leurs grands-parents... Je leur fais entièrement confiance. Dans tous les cas, ce que je puis vous assurer, c’est qu’elles les exploitent depuis au moins 10 ans ou plus, c’est-à-dire avant Babacar Ngom.

Pouvez-vous nous rappeler les péripéties de la fameuse visite de Babacar Ngom et qui en était l’initiateur ?

Je dois dire que c’est moi qui avais pris l’initiative. Parce qu’il y avait beaucoup de suspicions, à l’époque. C’était pour que les parties puissent se parler de vive voix et qu’elles se rendent compte que moi, je n’ai aucun intérêt sur le dossier. Ce problème datait bien avant, puisque Babacar avait sa délibération depuis 2012. L’équipe qui m’a précédé avait tenté de les concilier, mais sans succès. Après avoir fait l’introduction ce jour-là, Babacar a pris la parole pour exposer tout ce qu’il pouvait faire dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises. Il avait promis beaucoup d’investissements sociaux. Mais les populations ont clairement dit qu’elles n’en voulaient pas. Que leurs terres ne sont ni à vendre, ni à louer, ni à prêter. ‘’Nous ne voulons pas de l’argent contre nos terres. On ne veut pas non plus de projet’’.

Il faut aussi souligner que tout s’était bien passé dans l’ensemble. Jusqu’à ce que Babacar ait sorti une enveloppe de deux millions pour l’offrir au village. Pour lui, c’était un cadeau. Les populations pouvaient l’investir dans une école, un puits ou une mosquée… Les populations lui ont dit qu’elles ne veulent pas de son argent. Elles l’avaient pris comme une tentative de les corrompre. Ce qui avait fait que la réunion s’était terminée un peu en queue de poisson. Pour qui connait ces populations, ce n’est pas avec l’argent qu’on peut régler le problème.  

M. AMAR

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