Publié le 11 Mar 2016 - 03:31
GENERALE PRESSE DE GER-CORRUPTION

Corrupteurs corrompus

 

La troupe dramatique du Théâtre Daniel Sorano a présenté hier à la presse des actes de la pièce qu’elle compte jouer ce vendredi. ‘’Gér-corruption’’ est le titre de la pièce.

 

Un commandeur aux gestes grandiloquents, canne à la main, avec sa ‘’cour’’, croit recevoir un ‘’inspecteur des audits’’ dans sa région. Avec une gestion qui est loin d’être transparente, ses camarades et lui ont peur d’être découverts. Ils décident alors, en mettant en avant le commandeur, de corrompre l’inspecteur. Trouvé dans son auberge, ce dernier se montre intransigeant au début et accuse même son ‘’hôte’’ d’être un corrompu qui se sent supérieur à lui parce qu’ayant un bon salaire. ‘’Ce que l’Etat me paie ne me permet même pas d’entretenir ma famille’’, lui rétorque-t-il. Cela expliquerait qu’il prenne des pots de vin ? ‘’S’il y a eu des pots de vin, il y en a eu peu. Je vous assure’’, tente de convaincre M. le commandeur. 

‘’L’inspecteur’’ semble convaincu mais ne décide pas encore de lâcher du lest. C’est sur proposition du commandeur de lui prêter de l’argent qu’il accepte de mettre un peu d’eau dans son vin. Ainsi, il finit par accepter, après un faux désintéressement,  la mallette d’argent que lui propose cet agent de l’Etat qu’il serait venu évaluer avec ses pairs. Ces derniers commencent à le choyer. Ils le délogent de son auberge pour lui donner la chambre d’amis de la maison du commandeur. A ce dernier, il finit par demander la main de sa fille après avoir accepté un prêt d’un million de commerçants de la région. Ces derniers souhaitent qu’ils parlent au commandeur qui les fatigue et leur soutire beaucoup d’argent.

Cependant, celui qu’on prend pour un inspecteur n’en est pas vraiment un. Il n’est qu’un intellectuel insensé, timbré devant des gens acquis à sa cause. Sinon comment comprendre qu’il puisse leur faire croire que tous les ouvrages sortis sous les noms de Birago Diop, Léon Gontrand Damas et autres sont ses œuvres à lui. Et même devant l’infirmation de la fille du commandeur, ses parents ne veulent rien savoir. Ils croient aux dires de cet ami du ministre, un jour pris pour ‘’Général des Armées’’ et qui ne ‘’pourrait vivre loin de Dakar’’ même s’il est natif de Sédhiou. ‘’Je ne peux pas me passer de Dakar. Gâcherais-je ma vie à vivre au milieu de paysans’’ ? fait-il remarquer à son logeur. Pourtant, il devrait bien pouvoir après avoir soutiré de l’argent au commandeur et à ses administrés.

Le texte pose problème

Ainsi pourrait être résumé les quelques actes que la troupe dramatique de la compagnie du théâtre Sorano a présenté hier. C’était au cours de la générale presse de la pièce ‘’gér-Corruption’’ ou ‘’Monsieur Pots de vin et consorts’’. Une réadaptation d’une pièce de 5 actes du comédien, écrivain et metteur en scène Maurice Sonar Senghor. Le livre date de longtemps et on le sent nettement dans le port vestimentaire de certains comédiens.

La coupe de certains costumes est ‘’has been’’ et la canne du commandeur et de sa cour n’arrangent non plus rien. ‘’La canne ici symbolise le camp des corrompus’’, explique le metteur en scène de la pièce, Ndèye Fatou Cissé. Le contexte de la pièce est difficile à définir avec un texte pas facile à restituer sur scène. Les comédiens ont souvent buté sur divers mots hier. Le français utilisé ici est lourd et les expressions alambiquées. C’est pour cela d’ailleurs que des professionnels ayant pris part à la restitution leur ont suggéré ‘’un plus de flexibilité, de souplesse corporelle et d’envolées dans les déplacements scéniques’’, afin de mieux faire passer le texte.

Dans le même sillage, il leur a été demandé d’aérer le texte et de souffler un peu plus. Le Directeur de la troupe dramatique de Sorano Ibrahima Mbaye rassure : ‘’Nous comptons aller plus en profondeur dans l’adaptation littéraire.’’ Ce qui pourrait mener à une revue des dialogues qui pourraient être simplifiés. La troupe a le temps de changer et revoir certaines scènes d’ici à la première représentation de la pièce prévue ce 11 mars. 

BIGUE BOB

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