Publié le 19 Mar 2020 - 05:52
GESTION DE LA PANDÉMIE

L’exemple de l’UE peut servir de leçon

 

Au moment où l’Europe organise une riposte commune, en Afrique, chaque pays prend des mesures en fonction du niveau de propagation.

 

Les frontières de l’Union européenne (UE) et de l’espace Schengen restent fermées au reste du monde. Face à la propagation exponentielle du coronavirus, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé, lundi, que tous les voyages entre les pays non européens et ceux de l’Europe sont suspendus pour 30 jours. Une mesure destinée à limiter la propagation du coronavirus sur le sol européen, considéré par l’OMS comme l’épicentre de la pandémie.

À Bruxelles comme à Paris, on explique que le virus existe déjà entre les pays européens et qu’il ne faut pas surcharger encore plus leurs systèmes de santé, considérant qu’il y a des zones où on fait peu de tests.

Toutefois, d’un point de vue politique, l’objectif est de rassurer les citoyens et de limiter les fermetures des frontières internes, comme c’est le cas pour l’Espagne, l’Allemagne et la Hongrie. Selon certaines sources européennes, ce confinement vis-à-vis de l’extérieur va permettre plus de souplesse à l’intérieur de l’UE qui souhaite ainsi préserver le marché unique et la circulation des marchandises. La commission plaide même pour qu’il reste des points de passage ouverts entre les pays, pour le matériel médical et la nourriture.

Une solidarité qui n’avait pourtant pas été envisagée au début de la pandémie. Il y a une semaine, l’Italie, le pays le plus touché d’Europe (27 980 cas confirmés dont 2 158 morts à ce jour), a appelé à l’aide, parce que submergé par un flux ininterrompu de patients. Le manque de lits, de matériel et de médicaments a eu raison du système sanitaire italien, au point que l’urgentiste Francesca Mangiatordi a lancé, désespérée, à la télévision nationale : ‘’Nous sommes au maximum de nos capacités physiques et mentales. Aidez-nous ! Les hôpitaux sont arrivés à saturation. Nous ne pouvons plus répondre à cette urgence.’’ Ironie du sort, c’est de la Chine qu’est venue l’aide tant attendue et non de l’Europe. Le pays a déployé un millier de respirateurs artificiels et deux millions de masques. Il continue d’ailleurs de soutenir l’Italie tant au niveau logistique que sur le plan de la recherche de vaccin.

L’Afrique combat en rangs dispersés

En Afrique, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait pris les devants, en organisant du 25 au 27 février un atelier régional de formation de ses États membres sur le diagnostic biologique du nouveau coronavirus. Au lendemain de l’apparition du premier cas en Égypte, l’objectif était de doter ces pays du maximum d’informations et de capacités laboratoires nécessaires pour faire face à d’éventuels cas. ‘’Nous avons réuni tous les pays de la CEDEAO pour leur donner tous les réactifs et consommables dont ils ont besoin pour faire face à cette épidémie. À la fin de cette rencontre, tous les participants auront les capacités de détection rapide de la maladie. Au-delà de la capacité technique, l’atelier donne aussi une certaine opportunité de faire du réseautage pour renforcer l’ensemble du dispositif. On n’a pas encore de cas, mais on se prépare pour faire face à une éventuelle épidémie de coronavirus’’, a indiqué le Dr Abdourahmane Sow de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS).

Cette étape de collaboration entre pays face à la pandémie ne s’est limitée pour l’instant qu’à l’harmonisation des moyens de détection de la maladie, en renforçant les capacités nationales. En outre, selon le directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, Dr Amadou Sall, il s’est agi d’un échange d’informations entre les différents participants et une mise à jour de la connaissance du virus dans le domaine du diagnostic. Le deuxième élément est de donner une expérience pratique à l’ensemble de nos collègues des différents pays, de manière à faciliter la mise en place de ces expériences dans leurs pays.

Le troisième est de construire l’écosystème de laboratoires en Afrique, en discutant et en organisant les différents aspects des laboratoires, soit dans la caractérisation fine des pathogènes, soit dans le domaine de la confirmation et des échanges qu’on peut avoir dans la façon de faire de la recherche autour de cette question. Ladite rencontre faisait suite à celle de tous les ministres de la Santé de l’Afrique de l’Ouest en mi-février, qui consistait à préparer une stratégie de riposte.

Or, actuellement, plusieurs pays ouest-africains voient leurs nombres de personnes infectées augmenter chaque jour. Cependant, aucune union des forces, tant au niveau de l’expertise, d’un point de vue logistique que financier, de la sous-région ne pointe à l’horizon. Pour l’heure, chaque pays (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Bénin…) a choisi de prendre des mesures drastiques pour limiter les dégâts. Il semble que les erreurs des pays d’Europe se répètent en Afrique et que le continent n’a pas compris que chaque pays pris seul ne peut combattre le coronavirus. L’exemple européen, s’il est traduit en Afrique, ne serait-ce qu’au niveau de la sous-région, permettrait à ces États en voie de développement une meilleure résilience.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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