Publié le 20 Mar 2020 - 02:13
GESTION DE LA PANDÉMIE

La Chine apporte son expertise au Sénégal

 

Convaincue que ses expériences sur la prévention et le contrôle de la pandémie pourraient servir de référence au Sénégal, la Chine a partagé ses acquis quant au traitement clinique contre le coronavirus.

 

Environ trois mois après le déclenchement de la pandémie à Covid-19, la Chine se tourne vers les pays africains pour partager son expérience. Hier, plusieurs experts de la santé et de la douane ont échangé, par vidéoconférence, avec 24 pays d’Afrique et du Centre africain de contrôle des maladies de l’Union africaine. L’initiative est du ministère des Affaires étrangères et de la Commission nationale de la santé de Chine. Elle s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures visant à aider le Sénégal à lutter contre le coronavirus. Si l’Empire du milieu a su faire face à ses 87 342 cas, c’est parce qu’il a pris en compte plusieurs paramètres : une détection rapide du virus, de fréquentes analyses des données, l’isolement systématique des suspects, en plus d’un traitement qui a fait ses preuves sur les patients en moins de 10 jours.

‘’Il y a des résultats très intéressants qu’ils ont par rapport à la chloroquine. On savait déjà qu’in vivo, la chloroquine avait un effet sur le virus. Aujourd’hui, eux-mêmes l’utilisent pour traiter leurs patients et ça aide à diminuer le délai d’hospitalisation, à diminuer la prise en charge. Nous allons pouvoir étudier cela et voir comment on pourrait intégrer cette mesure dans la prise en charge’’, affirme le directeur du Centre d’opérations d’urgence sanitaire (Cous) Abdoulaye Bousso.

Toujours dans une optique de prévention et de contrôle de la pandémie, la Chine a procédé à la désinfection des endroits publics urbains et ruraux. Les médecins chinois affirment, par ailleurs, que l’éducation des communautés et la solidarité de tout un peuple ont été des éléments décisifs. ‘’Nous avons eu l’occasion d’apprendre de toutes les stratégies que la Chine a développées pour contenir l’épidémie, revoir toutes les mesures en termes de confinement, de quarantaine, de limitation des manifestations publiques, mais également en termes de prise en charge et les difficultés rencontrées’’, ajoute Dr Bousso.

La préoccupation du Sénégal, au cours de cette séance d’échanges d’informations, était de savoir si la Chine a eu à rencontrer des patients ayant une période d’incubation au-delà de 14 jours. ‘’Toutes nos stratégies sont bâties autour d’une phase d’incubation de 2 à 14 jours, et donc toutes les personnes qui, au-delà de 14 jours, ne développent pas de signes, ne sont plus considérées comme malades. Mais, d’après les Chinois, un seul patient dans le monde a eu à développer la maladie au-delà de 14 jours. Cela nous conforte dans notre stratégie’’, s’est-il réjoui.

En outre, la gestion des cas asymptomatiques (mise en quarantaine immédiate) a également été confirmée par la Chine, d’autant plus que ces derniers ont été en contact avec un sujet malade ou suspect. Selon Dr Bousso, ces derniers sont suivis jusqu’à ce que le test médical soit négatif.

Un apport en matériel et en expertise

‘’Une faveur d’une goutte d’eau devrait se récompenser par une source jaillissante’’. C’est à l’image de ce proverbe chinois que la Chine entend soutenir le Sénégal, l’un des pays à lui avoir apporté une aide financière, aux premières heures de la pandémie. Dans ce cadre, l’hôpital Mère-Enfant de Diamniadio (annexe de l’hôpital pour enfants) devenu depuis mardi un nouveau centre d’isolement des patients atteints de la Covid-19, est transformé par des techniciens chinois. Et ce sont au total 40 lits sur 100 disponibles qui seront utilisés.

Une entreprise chinoise basée à Dakar prévoit de faire un don de literie au centre. En outre, à la demande du gouvernement, la Chine a décidé de fournir en urgence un lot de matériel médical au Sénégal ; il devrait être expédié, ce week-end. Le groupe BGI, producteur chinois de kits de test, fera pour sa part un don de 500 kits de test de Covid-19. À ce jour, l’entreprise est en train de chercher un vol convenable pour transporter ces produits au Sénégal dans les meilleurs délais. Selon les autorités chinoises, plusieurs autres entreprises prévoient de donner encore des équipements de protection au Sénégal.

‘’À l’ère de la mondialisation, les destins des peuples chinois et sénégalais sont étroitement liés. Nous sommes prêts à accompagner le Sénégal dans ce moment difficile pour vaincre l’épidémie et construire ensemble une communauté de destin sino-sénégalaise. Le Sénégal a exprimé son soutien et sa solidarité à la Chine. Le peuple chinois en est profondément reconnaissant et ne l’oubliera jamais’’, ont-elles déclaré.

Un soutien qui apparaît comme une bouffée d’air pour le système de santé sénégalais. ‘’La Chine a choisi d’aider le Sénégal en équipements de protection essentiellement pour les professionnels de santé et de kits pour le diagnostic au laboratoire. De notre côté, nous prévoyons la construction à grande vitesse de centres de traitement. Nous travaillons avec une entreprise locale capable de nous construire des structures en une semaine. Un centre est en train d’être mis en place à Touba, un autre le sera dans la région Sud et une pour la région Centre’’, ajoute Abdoulaye Bousso.

‘’Personne ne peut dissimuler des malades’’

Depuis mardi, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a choisi d’ôter de ses points de situation la nationalité des cas confirmés, l’âge et leur lieu de résidence. Selon le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire, c’est un choix communicationnel. ‘’Personne ne peut dissimuler des malades, dans ce pays. On ne peut pas le cacher ; on n’y pense même pas. L’intention, derrière cette nouvelle formule de communication, c’est de ne pas s’attarder sur les nationalités pour éviter la stigmatisation. Nous avons deux types de situation dans le pays : des cas importés essentiellement et un cas qui créé un foyer.

Donc, une situation d’épidémie concentrée dans la région de Diourbel où tous les patients sont liés à ce dernier. Ensuite, nous avons un autre groupe qui vient des personnes rentrées au Sénégal et je peux dire que leur cas s’améliore. Quand on parle de cas importés, il s’agit, en grande partie, de ressortissants étrangers. Mais nous avons, à côté, nos compatriotes sénégalais qui rentrent. Le plus important, c’est de leur apporter l’assistance nécessaire et avoir une capacité de prise en charge. Et à ce jour, c’est le cas’’.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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