Publié le 15 Mar 2016 - 22:10
GESTION DES FLUX MIGRATOIRES

L’EU drague le Sénégal, le Mali et le Ghana

 

S'il y a convergence de vues qu'il faut s'attaquer aux causes profondes de l'émigration illégale, les dirigeants africains et européens sont en désaccord total sur les autres solutions proposées par l'UE telles que la création de centres de rétention.

 

L’Union européenne (UE) revient à la charge pour convaincre les pays africains d’accepter de l'argent et la création de centres de rétention en Afrique en échange d’une collaboration visant, d’une part, à dissuader les jeunes africains à se rendre en Europe et d’autre part, à reprendre ceux dont les demandes d’asile ont été déboutées dans le vieux continent.

Des sources généralement bien informées nous renseignent que le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a demandé au ministre des Affaires étrangères hollandais, Bert Koenders, d'engager un dialogue sur ces questions de migration avec le Sénégal, le Mali et le Ghana. L'Union européenne reste en effet persuadée que ces trois pays doivent prendre des mesures pour lutter contre le trafic très lucratif des passeurs de clandestins en même temps qu'il faut s'attaquer aux causes profondes des migrations illégales et économiques. La seule voie, selon les Européens, de trouver une solution durable à la crise actuelle et d'éviter de nouvelles crises à l'avenir. Ce sera l'essentiel du message que va convoyer le chef de la Diplomatie hollandaise qui aurait déjà calé, du 14 au 17 avril prochain, les dates de son prochain périple africain, selon nos sources.

S'il y a convergence de vues qu'il faut s'attaquer aux causes profondes de l'émigration illégale, les dirigeants africains et européens sont en désaccord total sur les autres solutions proposées par l'UE. Les Africains considèrent comme dérisoire la somme de deux milliards d'Euros proposée par les Occidentaux pour "soutenir les pays africains dans la gestion de leurs frontières afin d’empêcher des départs de migrants et combattre le trafic".

D'autre part, les Africains rejettent en bloc la création de centres de rétention dans des pays du continent caractérisés comme points de départ de vagues d'émigrés vers l'Europe. Il s’y ajoute que le désespoir de la Grèce face aux milliers de migrants entassés dans des centres sur son sol est un argument de poids qui donne une valeur ajoutée au rejet des pays africains.  D'ailleurs ces derniers croient que cette trouvaille européenne exhibée comme étant des centres d’information ouverts aux personnes désireuses de se rendre en Europe n'est qu'un moyen d’organiser, plus tard, des renvois forcés en masse vers l'Afrique et d’ériger de nouvelles barrières contre l’émigration africaine.

Au sommet de La Valette tenu à Malte en novembre dernier, le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall a proposé des projets qui "stimulent les échanges, favorisent une prospérité partagée et, finalement, concourent à une meilleure maîtrise du flux migratoire". Le ministre hollandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, dont le pays préside actuellement le Conseil de l'Union européenne, devra carburer fort pour convaincre ses interlocuteurs africains. 

Mame Talla Diaw

 

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