Publié le 28 Feb 2018 - 23:14
GESTION DU BUDGET 2018

Les précisions du ministère de l’Economie et des Finances 

 

Le budget 2018 s’est inscrit dans un contexte de réduction continue du déficit public, de maîtrise de l’endettement public et de mitigation des risques budgétaires. Ces précisions sont du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan qui répond, dans un communiqué transmis à EnQuête, au mouvement ‘’la République des valeurs’’ de l’ancien ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall.

 

Dans un document rendu public, ce week-end, le leader du mouvement ‘’la République des valeurs’’, Thierno Alassane Sall, par ailleurs ex ministre de l’Energie, a fait part de la situation du budget 2018 du Sénégal, en parlant d’inquiétudes et de risques. ‘’A l'analyse, il convient de souligner que cette hausse constatée du budget masque de grosses inquiétudes, à savoir la poursuite d'un recours accru à l'endettement pour financer le déficit budgétaire ; un alourdissement du service de la dette ; un impact social faible’’, écrit l’ancien membre du gouvernement de Boun Abdallah Dionne. Le budget 2018 du Sénégal, faut-il le rappeler, a été arrêté en ressources et en dépenses à 3 709,1 milliards, soit une hausse de 10,4% comparativement à la Loi de finance initiale (LFI) 2017.

Ainsi, en réponse aux inquiétudes de Thierno Alassane Sall, le ministère de l’Economie, des Finances et Plan renseigne, dans un communiqué reçu hier à EnQuête, que le service de la dette publique constitue ‘’le deuxième poste de dépense’’ du budget de l’Etat en 2018, après l’investissement. ‘’S’il est vrai que le montant qui y est prévu a augmenté de 23,5% entre 2017 et 2018, il est tout aussi vrai qu’il reste maîtrisé, grâce à un système fiscal efficace attestant de notre capacité de remboursement, mais grâce aussi à une stratégie d’endettement pertinente, qui a permis de décélérer le taux d’accroissement annuel moyen de la dette, lequel est passé de 21,8% sur la période 2007-2011 à 13,6% sur la période 2012-2017’’, précise la note du ministère en charge des Finances.

Les collaborateurs d’Amadou Ba de rappeler que l’analyse de la viabilité de la dette du Sénégal réalisée conjointement par le Gouvernement et le Fonds monétaire international (Fmi), classe le Sénégal dans le groupe des pays dont le ‘’risque de surendettement est faible’’. ‘’Ces résultats sont imputables à une politique prudente de recours aux marchés financiers, accompagnée par une stratégie bien peaufinée de gestion de la dette à moyen terme. C’est ce qui explique que l’Etat décide parfois de différer des projets d’investissement en dépit de leur intérêt économique et social évident, uniquement en raison de leur impact sur la dette’’, explique-t-on.

Ainsi le document du ministère révèle que le montant du budget social 2018 qui a enregistré une ‘’hausse de 14,1%, passant de 416,0 milliards pour 2017 à 471,2 en 2018’’, d’après Thierno Alassane Sall, ‘’ne se limite pas uniquement aux transferts courants’’. ‘’Dans l’investissement, un accent particulier a été mis sur les programmes et projets sociaux, avec le lancement de nouvelles initiatives dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat et du financement des PME/PMI, des femmes et des jeunes’’, renseignent les services du ministère des Finances. En effet, ils estiment que toutes ces nouvelles initiatives permettront d’amplifier la création d’emplois et par ricochet, la réduction de la pauvreté. ‘’Une part conséquente du budget général hors dette (42%) a été consacrée à ce nouveau concept de budget social pour l’année 2018, lancé par le président de la République : 1 161,05 milliards F CFA. Pour rappel, le budget 2011 n’avait prévu que 343,8 milliards de F CFA de dépenses sociales, soit un triplement, 6 ans après’’, renseigne le document.

L’Etat au chevet des entreprises en liquidation

C’est ainsi que, rapporte le document, pour l’Agence sénégalaise d'électrification rurale (ASER) qui assure la maîtrise d’ouvrage du Programme national d’urgence d’électrification rurale, des crédits budgétaires de 10 milliards de F CFA sont prévus dans la loi de finances 2018. De même, pour garantir le remboursement du prêt contracté par l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) pour l’acquisition d’un patrouilleur en haute mer, des ressources budgétaires d’un montant de 5 577 388 000 francs CFA y sont également inscrites.

‘’Quant au Fonds d’Entretien Routier Autonome (FERA), c’est la taxe d’usage de la route, instituée depuis 2008 et qui rapporte au moins 25 milliards de F CFA par an, qui permet d’amortir l’emprunt contracté. Cette taxe parafiscale dégage un solde créditeur, au 31 décembre 2017, d’un montant de 20 722 996 355 F CFA’’, poursuit-on. Pour ce qui est de la liquidation des agences et des entreprises publiques, il convient, selon le ministère, de noter que ‘’non seulement’’ leurs comptes de dépôt affichent des soldes créditeurs mais que des crédits budgétaires sont également inscrits au niveau du chapitre budgétaire ‘’liquidation passif’’ de la loi de finances 2018. Au total, les soldes créditeurs des comptes de dépôt susvisés au 31 décembre 2017 sont d’un montant de 280 882 810 F CFA réparti comme suit : 121 973 457 F CFA pour la liquidation de l’ex ANAMA, 73 239 622 F CFA pour l’AJEB,  5 462 178 F CFA pour FNPJ et 80 207 553 F CFA pour l’ANEJ.

Toutefois, le ministère des Finances admet que l’annexe de la loi de finances met en exergue les ‘’risques contingents’’, c’est-à-dire les évènements dont la survenance pourrait avoir un impact négatif sur l’exécution du budget. ‘’C’est pour cela que des mesures ont été prévues dans la loi de finances 2018 avec, tout d’abord, l’inscription de crédits budgétaires conséquents au niveau des chapitres budgétaires concernés, ensuite la constitution d’une réserve de gestion destinée à prendre en charge les imprévus’’, informe-t-il.

Ce que dit la loi de finance initiale 2018 sur la dette

Dans le budget 2018, le service de la dette représente un poste important parmi les dépenses de l’Etat. Selon le document de la loi de finance initiale de l’année 2018, il s’établira à 839,8 milliards de francs CFA décomposé entre 618,8 milliards de francs CFA de remboursement de capital et  221 milliards d’intérêts à payer. ‘’Ce montant est certes important, en hausse de 23,5% par rapport à 2017, mais reste sous contrôle, comme le démontrent certains critères permettant d’apprécier la viabilité de la dette extérieure d’un pays’’, lit-on dans le document publié sur le site du gouvernement.

Pour ce qui est du stock de la dette publique totale, dans la loi de finance initiale, il est estimé à 5 827,36 milliards de francs CFA en fin décembre dernier. Il est projeté à 6 420,65 milliards de francs CFA en fin 2018. Le taux de progression devrait être de 9,7% en 2017 et 10,18% en 2018. L’encours de la dette reporté au Pib serait de 61,02% en 2017 et s’établirait à 61,44% à fin 2018 avant de connaître une baisse à partir de 2019. ‘’Ainsi, l’évolution des taux d’endettement, qui s’est inscrite dans une tendance haussière ces dernières années, expliquée par les facteurs tenant au refinancement de la dette (lié aux endettements historiques) et au financement temporaire d’opérations de trésoreries spécifiques, va commencer à régresser pour atteindre  30,6% à l’horizon 2035’’, explique le texte.

Il faut noter que le service de la dette publique totale a enregistré une forte progression entre 2006 et 2012 (passant de 13,5% à 34,8% rapporté aux recettes budgétaires). Il s’est établi à 588,51 milliards de francs CFA pour l’année 2016 et à 732,49 milliards pour 2017. Il représente, relativement aux recettes budgétaires, 28,43% en 2016 et 34,65% en 2017. Dans le projet de budget 2018, ce ratio s’établirait à 35,06%.

MARIAMA DIEME

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