Publié le 29 Jun 2020 - 15:39
GESTION DU FLEUVE SENEGAL

Un nouveau barrage à 160 milliards de francs CFA 

 

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a signé, hier, un contrat pour la réalisation de son 5e barrage, à la frontière sénégalo-malienne.

 

Le fleuve Sénégal va accueillir un nouveau barrage qui sera construit sur un de ses affluents, la Falémé, plus précisément à Gourbassi, à la frontière sénégalo-malienne. Le haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) Hamed Diane Semega, a procédé, hier, au siège du Haut-Commissariat à Dakar, à la signature du contrat commercial de ce projet d’aménagement hydroélectrique.

Avec un financement attendu de Exim Bank de Chine, pour un EPCF (Engineering Procurement Construction and Financing Contract) de près de 160 milliards de francs CFA, la construction de cette infrastructure stratégique est confiée à l’entreprise chinoise China Machinery Engineering Corporation (CMEC).

Selon le haut-commissaire de l’OMVS, la CMEC s’est engagée à jouer pleinement son rôle d’assistance à l’OMVS, dans le processus de mobilisation de ce montant pour la réalisation du projet, et les travaux devraient engendrer plus de 10 mille emplois locaux pendant la période de réalisation.

Longtemps recommandé par le cabinet Sénégal Consult, dans le cadre de l’étude d’aménagement du fleuve Sénégal commanditée par les Nations Unies, la mise en œuvre d’un barrage hydroélectrique à Gourbassi, un ouvrage à but multiple d’une puissance installée de 18 MW, devrait permettre de contrôler les eaux de cet affluent majeur du fleuve Sénégal, en fournissant un débit optimum garanti de 500 m3/s à Bakel, station de référence. Ceci en stockant 2,1 milliards de m3 d’eau sur la Falémé, en combinaison d’un barrage à Galougo d’une retenue de 32 milliards de m3 d’eau sur le fleuve Sénégal.

Comme l’a rappelé Hamed Diane Semega dans son discours tenu à cette occasion, ‘’aujourd’hui, seul le barrage de Manantali, situé sur le Bafing, permet de contrôler une partie des débits du fleuve Sénégal, alors que le schéma retenu par le cabinet d’études Sénégal Consult préconise de maitriser également les débits du Bakoye et de la Falémé pour réaliser ce qui est devenu l’objectif principal de l’OMVS, à savoir accélérer le développement économique et social des Etats membres’’.

Si le site du projet d’aménagement hydroélectrique de Gourbassi se trouve à 250 km en amont de la confluence Falémé-fleuve Sénégal, il devrait avoir une influence conséquente sur l’usage du fleuve que partagent le Sénégal, le Mali, la Mauritanie et la Guinée. La régularisation des débits de la Falémé va contribuer à satisfaire plusieurs besoins. Pour ce qui est de l’agriculture, Gourbassi va assurer un soutien aux faibles crues afin de garantir une submersion suffisante des plaines inondables et permettre la culture de décrue. Des surfaces supplémentaires pourront être irriguées en contre-saison par les apports régulés du barrage, ce qui va booster le potentiel agricole de la vallée du fleuve Sénégal.  

Mais les bienfaits de ce nouveau barrage sont aussi attendus au-delà de l’irrigation, dans la navigation. Gourbassi aura un rôle décisif dans la navigabilité du fleuve Sénégal, en permettant de relever le plan d’eau à un niveau satisfaisant pour un transport fluvial permanent sur 905 km, de Saint-Louis au Sénégal à Ambidédi au Mali. Le barrage va également favoriser le développement des activités de pêche et servir les besoins en eau potable. Sans oublier le soutien aux faibles crues, le maintien des pointes des fortes crues à Bakel en dessous d’une valeur limite de 4 500 m3/s et la production d’énergie hydroélectrique.  

Lamine Diouf

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