Publié le 15 Aug 2012 - 08:05
GESTION DU PCRPE EN 2008

La Police démonte le rapport des auditeurs

 

Au vu des conclusions des limiers de la Sûreté urbaine du Commissariat central de Dakar sur l'ex-Programme de construction d'immeubles administratifs et de réhabilitation du patrimoine bâti de l'État (PCRPE), il est à se demander si le procureur de la République ne va pas classer ce dossier sans suite.

 

 

Dans son édition du lundi dernier, EnQuête évoquait la transmission au procureur de la République du rapport d’enquête concernant la gestion 2008 de l'ex-Programme de construction d'immeubles administratifs et de réhabilitation du patrimoine bâti de l'État (PCRPE). La Sûreté urbaine du Commissariat central de Dakar avait été activée suite à un rapport de l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) établi par le Cabinet Monteil & Barry portant sur une valeur de près de 1,5 milliard F Cfa passés en appels d'offres et 236 millions F Cfa de marchés contractés par le biais de Demandes de renseignement de prix (DRP). Mais au vu des conclusions remises au Parquet, ce dossier pourrait être classé sans suite au même titre que ceux sur l’Agence autonome des travaux routiers (AATR) et de l’Agence de régulation des marchés (Arm).

 

 

En effet, d’après les informations qui nous viennent du Parquet, les mis en cause, principalement le directeur du PCRPE Modou Fall, se sont justifiés par rapport à ce que les auditeurs appelaient un recours abusif au DRP (plus de 236 millions de francs Cfa) et sur les ‘’doutes’’ quant à l'effectivité ou l'exécution correcte des travaux à cause de la non production des procès-verbaux de réception. En effet, l’enquête a démontré que les travaux ont été ‘’entièrement’’ exécutés par les entreprises adjudicatrices des marchés. D’après nos informations, outre les auditions des personnes ayant gagné les marchés, les limiers ont même entendu les personnes bénéficiaires de ces ouvrages. C’est le cas de certaines personnalités comme Ibrahima Sakho, actuel préfet de Dakar dont le logement de fonction a été retapé avec les fonds puisés du budget du PCRPE.

 

D’après nos sources, M. Sakho aurait déclaré aux enquêteurs être satisfait des travaux car l’entrepreneur (CERN SUARL qui a gagné le marché pour plus de 24 millions) a même réalisé pour lui des travaux qui n’étaient pas initialement prévus dans le contrat de base. Idem pour Mamadou Dia pour les travaux de la préfecture de Mbour. De même que pour Alioune Diagne et Oumy Seck, respectivement Directeur de lutte contre les encombrements et Directrice de l’hygiène publique dont les sièges de leurs structures respectives ont été réfectionnés conformément à leur souhait. Seul Ibrahima Guèye, alors préfet de Kaolack, aurait émis des doutes sur l’effectivité des travaux réalisés par le GIE Ckeikh Al Islam pour plus de 24 millions.

 

D’ailleurs, à en croire nos sources, le Directeur Modou Fall s’est expliqué sur la provenance des fonds utilisés pour ces réfections et l’absence de procès-verbaux de réception. Il a soutenu devant les limiers que les ressources utilisées proviennent d’une ligne de crédit permettant de ‘’faire face à certaines demandes urgentes de réfection du patrimoine bâti de l’Etat’’. Mieux, pour bien des cas, il s’agit de logements de ministres, de gouverneurs, de magistrats ou de hauts fonctionnaires de l’Etat à qui il ne lui paraît pas opportun de faire signer des procès-verbaux de réception.

 

 

Bachir FOFANA

 

 

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