Publié le 18 Aug 2018 - 17:57
GRENIERS SCOLAIRES A FOUNDIOUGNE

Des résultats positifs enregistrés

 

L’expérience des greniers scolaires, menée dans le département de Foundiougne, a fait ses preuves. Une progression des résultats positifs a été notée dans les établissements concernés.

 

Le ministre de l’Education nationale s’est rendu, ce mercredi, à Fatick, plus exactement à Dantakhoune et à Sadioga, dans la commune de Djilor. Serigne Mbaye Thiam a fait ce déplacement pour s’enquérir de la situation des greniers scolaires, une stratégie communautaire mise en place dans le cadre de la pérennisation de l’alimentation scolaire, suite au retrait, en 2014, du partenaire stratégique, le Programme alimentaire mondial (Pam).

Nés de l’initiative de l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Foundiougne, les greniers scolaires fonctionnent ‘’selon une approche communautaire, participative, inclusive et volontariste’’ des populations pour une alimentation durable et autonome dans les écoles élémentaires du département. Des champs communautaires de maïs, de mil, d’arachides, de niébés et d’haricots sont cultivés dans le bénévolat par la population. Les élèves en bénéficient avec des repas gratuits servis à l’école le matin et à midi.

A Dantakhoune, première étape de la visite du ministre, 25 écoles abritent les greniers scolaires au profit de 3 430 élèves. En somme, 7 ha sont cultivés. Pour la cuisine, les femmes du comité de gestion de chaque école s’occupent des repas quotidiens à tour de rôle, sans contrepartie.

‘’Le taux de réussite a augmenté’’

Premier établissement à tenter l’expérience, l’école élémentaire de Guagué Bocar a connu une amélioration constante des résultats aux examens. De 40 % en 2015-2016 pour le Cfee, le taux de réussite est passé à 95 % en 2018. De manière globale, les expériences montrent une amélioration du taux brut de scolarisation, du taux de rétention, du taux d’achèvement. Le directeur de l’école, Lathilor Ndong, du village de Sadiogua, affirme que cela a donné des résultats satisfaisants. ‘’La fréquentation scolaire est à 100 % dans toutes les classes et pour tous les mois. L’absentéisme rayé, les maladies écartées, le taux de réussite a augmenté. Au Cfee, on a eu 68,66 %, contrairement aux années passées, sachant qu’en 2015, le taux était à 11 %’’, rappelle Niokhor Ndong. D’après lui, les cantines ont beaucoup apporté dans le système éducatif. Pour se partager les tâches, 15 écoles qui n’ont pas encore de champs s’occupent de la collecte et les 10 autres sont dans les périmètres.

‘’Nous souhaitons une mise à l’échelle’’

Pourtant, au début, il n’y avait que quelques écoles qui ont adhéré au projet. La notion de champ a été un obstacle, souligne-t-on. Mais, petit à petit, les choses sont allées d’elles-mêmes. Le démarrage du projet a commencé le 7 octobre 2017. Les cotisations ont été fixées à 7 kg par élève et 100 F Cfa pour la cuisson. En février 2018, les repas ont été initiés jusqu’au mois de mai 2018. Grâce à cette solidarité communautaire, à la date du 28 décembre 2017, 2 tonnes de mil ont été collectées. D’où l’appel du chargé des cantines scolaires, Matar Diassé, à une mise à l’échelle de cette initiative. ‘’Nous avons démarré avec 5 écoles élémentaires sur les 233 que compte le département. Aujourd’hui, nous avons 25 écoles qui abritent les greniers scolaires et 3 430 élèves bénéficient des repas. Nous voulons dépasser ce nombre et, au moins, avoir plus de la moitié’’, a-t-il laissé entendre. 

Cependant, M. Diassé fait part de problèmes liés à un manque de formation des membres, du mauvais stockage des denrées, du difficile accès à la terre pour les champs communautaires et de la salinité de l’eau dans certaines localités. Sur ce, il souhaite une participation des maires et surtout de l’Etat.

‘’L’Etat apporte son soutien’’

Une invite à laquelle le ministre n’a pas tardé d’apporter une réponse. ‘’Vous pouvez compter sur le gouvernement pour soutenir et accompagner cette belle initiative qui est en droite ligne des options du Paquet qui met l’accent sur la recherche de la qualité à travers l’amélioration continue des conditions d’apprentissage et sur l’équité qui vise à donner à tous une égale chance d’accéder à l’école et d’y réussir’’, réagit Serigne Mbaye Thiam. Ce dernier promet une dotation en semences et en matériels agricoles. Ainsi, il demande aussi à l’Ief de Foundiougne, Dame Touré, de faire un document de synthèse de cette expérience qui sera vulgarisé dans tout le Sénégal.

Les villages de Nioro Alassane Tall, de Djilor, de Diossong, de Niassène, de Toubacouta et de Keur Samba Guèye ont également réussi ce projet. Selon le ministre, cette initiative apparaît comme une réponse structurée à la demande sociale et aux menaces que font peser sur le système éducatif la vulnérabilité, la sous-alimentation et la malnutrition. L’autorité a rappelé qu’il ne peut y avoir ni santé ni éducation de qualité pour tous, quand des enfants vont à l’école sans prendre le petit-déjeuner et parfois contraints de passer la journée à l’école sans espérer manger quelque chose. ‘’Des recherches empiriques ont établi depuis longtemps que l'alimentation scolaire augmente directement les effectifs et la fréquentation scolaires, et réduit le décrochage’’, dit-il.

AIDA DIENE

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