Publié le 18 Aug 2016 - 17:49
GREVE DES TRANSPORTEURS

Baux maraîchers se tourne les pouces

 

Ce n’était pas la grande affluence hier à la gare routière des Baux maraîchers. En grève de deux jours, les transporteurs interurbains ont suivi à la lettre le mot d’ordre de grève décrété par leur syndicat.

 

Après-midi d’hivernage à la gare routière des Baux maraîchers de Pikine. Une ambiance inhabituelle prévaut devant l’entrée principale. Un véhicule pick-up rempli d’éléments du Groupement mobile d’intervention orne le décor. De part et d’autre, des policiers habillés en uniformes noirs, prêts à intervenir, veillent au grain. Rabatteurs de clients et marchands ambulants qui d’habitude passent la journée à harceler les passagers sont au chômage. Sans se soucier du regard des passants, les rares voyageurs qui se pointent se précipitent dans la gare. Mais une fois à l’intérieur, ils sont accueillis par la surprise du jour : ‘’Les transporteurs sont en grève jusqu’à vendredi prochain.’’ Cette scène, les passagers non informés du mouvement d’humeur des automobilistes l’ont vécue pendant toute la journée, hier à la gare des Baux maraîchers.

Terminal A, aucune automobile ne circule, si ce n’est un véhicule vide. ‘’Nous avons garé nos véhicules, depuis hier (mercredi) minuit. Nous respectons le mot d’ordre de grève décrété par notre syndicat. Parce qu’il y va de notre intérêt. Même s’il faut le faire pendant une semaine, nous sommes prêts à l’observer’’, se détermine Modou Thiam, un chauffeur de ‘’minicar’’ de la ligne Dahra Djolof. Son camarde Pape Kane, se sentant aussi concerné par le sujet, s’invite dans le débat. Le conducteur s’en prend aux agents de la circulation. ‘’Les policiers et les gendarmes nous font payer trop de taxes sur la route. Même si le véhicule est en règle, ils nous demandent parfois de payer de l’argent. Ce n’est pas normal !’’, s’exclame-t-il. Non loin de là, d’autres groupes de transporteurs se tournent les pouces autour d’une théière posée sur des braises de charbon de bois. L’un d’entre eux tient en main un petit poste récepteur. Au centre des discussions, le journal de 13h en wolof où il a été largement question de la grève des transporteurs. ‘’C’est une cause noble’’, lâche en langue locale le plus vieux du groupe.

Des Bissau-guinéens, Maliens, Burkinabés… bloqués à la gare 

Du côté des passagers, la journée sans transport en commun a empêché de nombreux usagers de rallier leurs destinations. ‘’Nous avons un chantier à démarrer demain (aujourd’hui) à Linguère. Depuis 10 heures, nous sommes bloqués ici (la gare). Nous demandons à l’Etat de régler ce problème le plus vite possible’’, sollicite Ismaël Lô venu de Fass Mbao avec son frère. Mais, il n’y a pas que les passagers sénégalais qui sont contraints de différer leurs voyages. Certains voyageurs et voyagistes étrangers font aussi les frais du mouvement d’humeur des syndicalistes, depuis la nuit du mardi au vendredi, moment du début de la grève. ‘’Il devait y avoir un service minimum. Je devais rentrer en Guinée-Bissau aujourd’hui (hier). Je suis obligé de rester dans la gare jusqu’à vendredi prochain. Je dois économiser pour ne pas que je dépense mon prix du transport. Je n’ai pas suffisamment d’argent pour aller dormir dans un hôtel’’, se plaint Amadou Diallo. Le même sentiment de détresse prévaut au parking réservé aux transporteurs de la sous-région. Bus maliens, burkinabés, nigériens, etc.  restent tous immobiles à l’extrémité gauche de la gare. Sous une fine pluie, apprentis et rabatteurs de clients errent dans toutes les directions à la recherche d’hypothétiques voyageurs.

Alassane Ndoye : ‘’Il n’y a pas de fraude de véhicules’’

Pour sa part, le Secrétaire général du syndicat des travailleurs du transport routier du Sénégal affilé à la CNTS trouve que ce premier jour de grève à été une réussite. Selon Alassane Ndoye, le mot d’ordre a été largement suivi par les transporteurs, sur l’étendue du territoire national. ‘’L’Etat n’a pas la volonté de donner une suite favorable à notre plate-forme revendicative. Sur les 27 points de revendications, plusieurs questions centrales, notamment la tracasserie douanière, le pesage de poids, le permis à points, le problème de la gare des Baux maraîchers restent toujours non satisfaites’’, déclare le syndicaliste.

S’agissant des bus immobilisés pour ‘’cause de fraude’’, à Thiès, le délégué syndical soutient qu’il n’y a pas d’irrégularité. Contrairement à ce qu’affirment les services de l’Etat.  Se disant ouvert au dialogue, le transporteur invite le gouvernement à satisfaire toutes les demandes des transporteurs. Sans quoi, ses camardes et lui comptent dérouler, dans les prochains jours un autre plan d’action. Même s’ils envisagent, dit-il, de suspendre le mot d’ordre demain. 

MAMADOU DIALLO

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