Publié le 25 Apr 2019 - 15:39
GUERETI FATOU BADJI LANCE ‘’KEBALO’’

Cri du cœur contre l’excision

 

En prélude à la sortie de son prochain album de 21 titres, la chanteuse Guéréti Fatou Badji a présenté, hier, à Ziguinchor, son nouveau single «Kébalo»,  dans lequel elle appelle de tous ses vœux à l’abandon de la pratique de l’excision.

 

La problématique de l’excision est très présente en Casamance. Malgré l’engagement politique de l’Etat dès les années 1970, qui s’est traduit ensuite par la récrimination contre cette pratique très néfaste pour la santé de la mère et de l’enfant, force est de constater que le phénomène est toujours d’actualité. Pis, les différentes stratégies mises en place pour combattre ce fléau qui porte atteinte à l’intégrité corporelle et aux droits de la femme, n’ont jusque-là pas eu les effets escomptés. Bien au contraire, le phénomène résiste aux nombreuses mobilisations communautaires, aux déclarations publiques de rejet et d’abandon, aux multiples sensibilisations menées en milieu scolaire. 

A toutes ces dernières, vient aujourd’hui s’ajouter un single de la chanteuse Fatou Guéréti Badji. Intitulée ‘’Kabalo’’, la chanson était présentée hier à Ziguinchor. Ce qui démontre qu’il faut continuer la lutte à travers la sensibilisation, car cette ablation partielle des organes génitaux externes du sexe féminin engendre de nombreuses complications sur la santé de la femme. Complications qui ont pour noms hémorragies, choc cardio-vasculaire, infection, complication obstétricale, atteinte uro-génitale, troubles sexuels, psychologiques, surmortalité chez les femmes et les enfants, accouchement lent et difficile, incontinence urinaire qui condamne la victime à vivre en réclusion perpétuelle.

En outre, au-delà de la musique aux sonorités bien casamançaises, ‘’Kebalo’’ est un profond cri du cœur, d’un appel aux sages, aux grands-mères et mamans, aux pères de famille pour  l’abandon de cette pratique toujours d’actualité en Casamance, notamment en milieu diola et mandingue. ‘’J’ai moi-même subi cette pratique. Toute une souffrance inutile. J’avais 14 ans’’, se rappelle la musicienne qui est aussi membre de l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano. Plus qu’un clip, ce single se présente comme un scénario savamment monté pour dénoncer la pratique de l’excision et appeler les populations à son abandon.

‘’Je veux  dialoguer avec mes aînés, échanger avec eux pour les raisonner,  les convaincre de l’impérieuse nécessité de mettre fin à cette pratique  qui compromet dangereusement l’avenir des filles’’, a-t-elle souligné. C’était lors d’un face-à-face  avec la presse. Rencontre au cours de laquelle la native de Katignongue, dans le département de Bignona, a annoncé la sortie, en 2020, en partenariat avec Casamance Culture Compagnie et Afrique EvénementCIEL,  d’un album composé de 21 titres dont ‘’Kébalo’’ (les sages en langue mandingue).

En attendant cette sortie, Guéréti envisage d’aller à la rencontre des communautés de la région de Ziguinchor pour ‘’chanter contre la pratique de l’excision, parce qu’elle l’a subie’’ du  plus profond de sa chair, mais également contre ce ‘’fardeau’’ qu’elle entend se débarrasser en chantant et en dansant.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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