Publié le 8 Jan 2020 - 14:11
HAUSSE DES TARIFS D’ELECTRICITE

Les boulangers haussent le ton

 

Les boulangers du Sénégal sont montés, hier, au créneau, pour dénoncer une augmentation de leurs charges accentuée par la hausse des tarifs d’électricité. Ils comptent réagir sous peu, si rien n’est fait par le gouvernement.

 

La hausse des prix de l’électricité n’a pas fini de faire des mécontents. Cette fois, ce sont les boulangers qui appellent à l’annulation de cette décision étatique qui chamboule l’équilibre de leurs différentes charges. ‘’Si cette hausse de l’électricité perdure, d’ici trois mois, la fermeture des boulangeries va être multipliée par trois. Nous sommes en train de recenser toutes celles qui ont déjà fermé.

Il faut comprendre que nous sommes dans un secteur où nous travaillons beaucoup la nuit et donc nous utilisons beaucoup l’électricité. Si toutefois cette hausse ne peut être annulée, il faut penser à un régime spécial pour la boulangerie sénégalaise, du fait que le pain est un produit social et constitue le deuxième poste de dépenses des ménages dans les villes’’, déclare le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS) Amadou Guèye.

Les craintes des parlementaires quant à l’impact de cette hausse, semblent se confirmer avec cette posture adoptée par les boulangers.

En effet, lors du vote du budget du ministère de tutelle, bon nombre d’entre eux avaient averti que si les usines et autres fabricants paient plus cher l’électricité, ils le feront ressentir sur le prix de leurs produits. De ce fait, même la faible hausse annoncée chez les ménages à faibles revenus perd tout son sens. Face à cette réalité, la FNBS s’engage dans le combat du collectif Nio Lank et compte le soutenir dans toutes ses initiatives.

‘’C’est le même combat. Nous allons cheminer avec eux, afin que le président de la République puisse entendre le cri du cœur des boulangers qui emploient plus de 70 mille personnes’’, annonce Amadou Guèye.

En outre, les boulangers déplorent une augmentation générale de leurs charges (hausse d’électricité et hausse des salaires de 8 %), sans compter celle des prix des intrants tels que le sel et la farine. Autant de raisons qui expliquent la qualité du pain livrée et les relations tendues entre boulangers et fournisseurs d’intrants.

Plusieurs facteurs concomitants

En d’autres termes, le secteur se trouve asphyxié. Pourtant, le 18 avril 2019, les acteurs ont signé un protocole d’accord avec le gouvernement, pour la mise en place de commissions, pour rétablir la vérité des prix sur la farine et le pain. Le document prenait également en charge la règlementation du secteur. Jusque-là, seule la vérité sur le prix de la farine a été actée. Tandis que le décret et l’arrêté sur la règlementation et la vérité sur le prix du pain (1 g = 0,95 F CFA) validé par tous les acteurs après plusieurs mois de concertations, attendent toujours la signature de l’autorité suprême. ‘’On refuse aux boulangers du Sénégal d’appliquer la vérité des prix sur le pain, mais le gouvernement a pourtant accepté de valider les prix pour la Senelec. Or, nous avons les mêmes arguments. Aujourd’hui, vu le niveau de nos charges, nous demandons une révision de la règlementation et la révision officielle du prix du pain. Le prix réel du pain doit être de 1 g à 1 F CFA, soit 200 g pour 200 F CFA (les accords validés par tous les acteurs prévoient 230 g à 200 F CFA)’’, a-t-il déclaré.

Avant de persifler : ‘’En 2020, la boulangerie sénégalaise est dans un coma profond. Nous sommes fatigués, nous avons des problèmes. Personne ne s’en sort actuellement. Le consommateur n’est pas satisfait, le boulanger ne peut pas produire un pain de qualité, l’anarchie dans la boulangerie est devenue très intense. Tout cela vient de la non application des lois et décrets qui régissent le secteur, de la fluctuation des prix des intrants, de l’augmentation de nos charges et de la non application des recommandations après des négociations qui ont duré plusieurs mois.’’

Cette révision devrait leur permettre d’offrir un pain de poids juste, afin d’éviter les sanctions. La Fédération nationale des boulangers du Sénégal entend édifier, sous peu, l’opinion publique quant à sa ‘’réaction ferme’’, après avoir recueilli l’avis des bases. Elle ne compte toutefois pas évoquer ‘’tout de suite’’ une hausse du prix du pain, en raison du régime d’homologation.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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