Publié le 10 Jan 2020 - 14:39
HAUSSE DU PRIX DE L’ELECTRICITE

Nio Lank intensifie le combat

 

Le collectif Nio Lank durcit le ton. Aujourd’hui, des manifestations sont prévues à Dakar et dans les régions, pour dénoncer ‘’l’augmentation du prix de l’électricité’’ et exiger la libération de trois de leurs camarades.

 

‘’Les ménages à faibles revenus, qui représentent 50 % de notre clientèle, ne connaîtront pas de hausse. Cela veut dire que 611 203 ménages ne verront pas leur facture d’électricité connaître une augmentation’’, avait déclaré le directeur de la Société sénégalaise d’électricité (Senelec) Papa Massamba Bitèye, lorsque les populations ont commencé à fustiger la décision d’augmenter le prix de l’électricité. Une annonce saluée par 10 associations des consommateurs sénégalais.

Mais le collectif Nio Lank y voient ‘’un moyen de diviser les Sénégalais’’. Les membres de ce mouvement prévoient ainsi de tenir une série de manifestations ce vendredi. Cette fois-ci, leur marche ne se tiendra pas seulement à Dakar, mais aussi à Mbour, à Kaolack, à Kaffrine, à Kolda, à Diourbel et à Thiès. Les manifestants ont même communiqué leurs différents itinéraires. A Dakar, ils décident de marcher de la place de la Nation au rond-point Rts, de 15 h à 18 h ; à Mbour, de la station Shell à la préfecture ; à Kaolack, un sit-in devant la Senelec ; à Kaffrine, de l’ancienne mairie au marché central ; à Kolda, de l’arbre Moussa Molo à la Senelec ; à Diourbel, le départ se fera au siège de la Lonase et, enfin à Thiès, un sit-in devant la Senelec.  

Hier, en marge d’une conférence de presse, les membres du collectif contre l’augmentation du prix de l’électricité se sont procuré certains dossiers de la Senelec pour affirmer que cette société a des pertes de 27 % liées à des problèmes techniques et 10 % liées à la fraude. ‘’Ça veut dire qu’à chaque fois que la Senelec perçoit 1 million, il y a 270 mille de perte que nous (populations) supportons. Avant de hausser, il faut réduire les pertes’’, a martelé Amadou Guèye, membre du collectif Nio Lank. Ce dernier fustige le fait que le coût de l’énergie au Sénégal figure parmi les plus chers au monde.

Ainsi, pour Amadou et Cie, la Senelec devrait plutôt diminuer les prix. Dans un document qui parle du ‘’Plan Yessal’’ adopté en 2016, la Senelec, après avoir fait l’audit, le diagnostic de ses moyens et les investissements dont elle a besoin, disait : ‘’Qu’en 2020, elle compte diviser le prix de l’électricité par deux.’’

Estimant que la Senelec achète l’électricité deux fois plus cher que le prix réel, M. Guèye suggère à cette société d’économiser, en réduisant ses coûts. Il s’interroge : ‘’Pourquoi ne pas aller renégocier ces contrats ? Pourquoi ne pas faire baisser les 27 % de perte, avant de faire une hausse ?’’ Et de préciser : ‘’Nous ne sommes pas contre l’augmentation des prix ; nous sommes contre les hausses injustifiées. Nous ne sommes pas juste dans un combat contre le président Macky Sall ; nous sommes dans un combat justifié pour la défense des conditions des ménage.’’  

Libération de Guy et Cie

En outre, la marche d’aujourd’hui du collectif contre la hausse de l’électricité se tient également pour exiger la libération de trois de leurs membres. Il s’agit de Guy Marius Sagna, Souleymane Diockou et Mamadou Diao Diallo, qui sont en détention pour avoir manifesté en centre-ville, pour la même raison. Le collectif Nio Lank considère que le préfet a violé la disposition susvisée pour arrêter leurs camarades. ‘’Ils ne peuvent interdire une marche que s’il n’y a pas assez de policiers pour l’encadrer’’, avance Amadou Guèye qui s’est référé à l’arrêté n°37 du 9 juin 2016 Amnesty International Sénégal - Etat du Sénégal.

Pour rappel, 9 des membres du collectif Nio Lank ont été arrêtés, le 29 novembre 2019, parce qu’ils manifestaient contre l’annulation de la hausse de l’électricité devant les grilles du palais présidentiel. Certains ont été libérés, mais trois d’entre eux sont toujours en prison.

Le 10 décembre dernier, ils ont organisé une grande manifestation, de la place de la Nation au rond-point Rts. Et près de deux semaines après cette marche, le collectif a tenu une autre qui a été réprimée.

BABACAR SY (STAGIAIRE)

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