Publié le 24 Jul 2020 - 00:07
HAUSSE PRODUCTION AGRICOLE

L’UEMOA et le Coraf en quête de solutions 

 

Accroître les productions agricoles au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour la réalisation de la sécurité alimentaire. C’est ce que veulent les responsables en charge de l’agriculture au sein de l’union et les chercheurs du Conseil ouest et centrafricain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf). Ainsi, ils ont tenu une vidéoconférence pour la valorisation des acquis de leur convention.

 

Le secteur agricole participe, pour une part importante, à la formation du produit intérieur brut (PIB) régional et emploie près de 80 % de la population active. Cependant, malgré cette position stratégique de l’agriculture dans les économies des Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le commissaire en charge du Département de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement au sein de l’union, a relevé que la production agricole se caractérise par une ‘’faible productivité’’. Mais aussi une prévalence de la malnutrition, une pauvreté rurale ainsi qu’une insécurité alimentaire récurrente.

‘’Face à cette situation, l’accroissement des productions agricoles est devenu un axe majeur pour la réalisation de la sécurité alimentaire. C’est pourquoi la Commission de l’UEMOA a financé la Convention de mise en œuvre des programmes prioritaires de recherche agricole de l’espace communautaire, pour un montant de 1 milliard 500 millions de francs CFA’’, souligne Jonas Gbian. Signée le 17 septembre 2014, cette convention a été mise en œuvre sur une durée de 5 ans. Ainsi, l’objectif de la rencontre d’hier, entre l’UEMOA et le Conseil ouest et centrafricain pour la recherche et le développement agricoles (Coraf) était d’échanger sur la valorisation des acquis de leur convention.

Cette contribution financière de la Commission de l’UEMOA a permis, entre autres, d’après lui, de générer des technologies au profit des utilisateurs ; de renforcer les capacités des institutions de recherche agricole de la sous-région, en les dotant d’équipements de laboratoire de pointe et de consommables. Mais aussi de renforcer le capital humain à travers l’initiation à la recherche de jeunes chercheurs et les formations diplômantes qui ont produit de nombreux ingénieurs ainsi que des titulaires de Masters et de thèses de Doctorat. 

Aller vers une agriculture de développement

Cependant, malgré ces investissements, le commissaire Gbian a souligné qu’il existe, dans la zone, une situation de crise alimentaire ‘’récurrente’’. ‘’Donc, nous avons pensé qu’au-delà des actions de soutien aux populations, il fallait une transformation de notre agriculture pour avoir une agriculture de développement qui permet d’accroître les revenus des producteurs. Après ce constat, nous avons fait un plan décennal communautaire pour une transformation de l’agriculture. C’est pourquoi toutes les actions qui ont été menées ont ciblé les points que nous pensons importants pour régler cette question de sécurité alimentaire et nutritionnelle’’, affirme-t-il.

En dépit des problèmes sécuritaires au niveau de la sous-région, le commissaire de l’UEMOA a fait savoir que, quelquefois, des soucis de l’information et des échanges entre les producteurs se posent. ‘’Dans tous les pays, la circulation des marchandises de région à région pose problème. Il y a des villes qui ont des productions excédentaires, mais ces excédents ne peuvent pas aller dans les régions qui sont déficitaires où il y a une demande. Et à l’échelle sous-régionale, c’est encore plus compliqué. C’est pourquoi l’UEMOA a lancé un projet de création de ligne rouge pour les produits au sein de l’union. C’est pour la disponibilité de l’information au niveau des productions’’, regrette-t-il.

Pour la transformation de certains produits tels que les graines de coton, selon M. Gbian, il y a souvent un problème de prix qui se pose. Ce qui fait que les producteurs préfèrent exporter les produits transformés au lieu de les écouler sur le marché local. Pour lui, le vrai challenge, avec la filière coton, c’est la transformation de la fibre. ‘’Nous transformons à peine 2 % de notre production. Mais le fond du problème, ce n’est pas seulement la transformation. C’est d’abord l’acceptation des produits transformés. Une bonne partie de nos frères et sœurs préfèrent importer, utiliser, acheter des produits importés plutôt que ceux fabriqués par nos artisans ou industries locales. C’est d’abord ce problème de comportement que nous devons régler. Les politiques qui sont en train d’être mises en œuvre ont besoin d’accompagnement pour un changement de comportement’’, préconise-t-il.  

Pour sa part, le directeur exécutif du Coraf a notifié que les pays de l’union n'ont pas encore atteint les objectifs recommandés en termes d'autosuffisance, en ce qui concerne les produits tels que les racines et les tubercules, les céréales et les légumineuses. ‘’Et que nous avons également le défi régional de créer des opportunités pour les familles, en vue de l'amélioration de leurs moyens de subsistance et de l'atteinte de l'objectif 2 des Objectifs de développement durable (ODD). (…) Notre souhait est que ce webinaire nous fournisse une opportunité de trouver le moyen d’œuvrer pour un meilleur développement de l'agriculture dans notre région qui fait face à de nombreux défis tels que le manque d'infrastructures rurales, la mécanisation, les structures de préservation de l'agriculture, le financement de la recherche, les investissements dans les chaînes de valeur et la budgétisation pour la transformation et la durabilité de l'agriculture, les transports, la commercialisation, la sécurité alimentaire, etc.’’, soutient le Dr Abdou Tenkouano.

D’ailleurs, dans son rapport rendu public à cette occasion, le Coraf note que, globalement, le modèle de financement du maillon commercialisation piloté par les producteurs et testé à travers la mise en œuvre du projet Amafine, a réussi à mettre en relation différentes catégories d’acteurs. Il s’agit principalement des producteurs, transformateurs, commerçants et institutions financières. ‘’Ce qui a amélioré dans une certaine mesure l’accès au financement de beaucoup de plus d’un millier d’individus. Dans un futur proche, il est prévu de mettre à l’échelle les acquis du projet en ciblant un plus grand nombre de bénéficiaires et en intégrant le Mali au niveau des pays d’intervention’’, lit-on dans le document.

MARIAMA DIEME

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