Publié le 19 Jan 2016 - 21:18
HEURTS EN AFRIQUE DE L’OUEST

Le dialogue à l’épreuve de la conflictualité

 

Le règlement des différents  conflits par le dialogue, en Afrique de l’Ouest, est au cœur d’un conclave qui réunit les organisations de la société civile à Dakar. Le centre de collaboration civique, Partners West Africa (PWA), est à l’initiative.

 

La palabre sous le baobab au Sénégal, la togouna en pays dogon, au Mali, l’apatame chez les Baoulés en Côte-d’Ivoire... Les mécanismes de règlements traditionnels de conflits de manquent pas en Afrique occidentale pour pallier les conflits qui peuvent avoir des soubassements identitaires. Comment mieux utiliser le background culturel ouest-africain pour établir la paix dans la sous-région ? Pour l’ex-Chef d’État-major général des armées (Cemga), le Général Lamine Cissé, on constate que le continent africain reste aujourd’hui encore en proie à de nombreux conflits qui constituent une entrave sérieuse à son développement.

‘‘C’est pour cette raison qu’il paraît nécessaire d’engager un processus de réflexion afin de faciliter l’effectivité des mesures de prévention, de gestion, de résolution des conflits. Cette tâche ne pourra être menée à bon termes que si nous revisitons les valeurs culturelles africaines pour comprendre comment nos ancêtres essayaient de prévenir et de résoudre les conflits’’, a-t-il souligné lors de cette rencontre de trois jours à l’initiative de Partners West Africa dont il est le président du Conseil d’administration.

De ce fait, le général s’est félicité qu’à la mission économique initiale de la CDEAO se soit ajoutée une variante chargée de trouver des solutions aux conflits armés et autres crises politiques qui  mettent en péril la paix et la sécurité dans l’espace communautaire. ‘‘C’est en référence à de tels schémas qu’au Sénégal un dialogue a été organisé  sous forme d’Assises nationales 2008-2009 dont les conclusions ont fait l’objet d’études à travers entre autres une commission nationale de réformes des institutions CNRI’’, poursuit-il. Autre exemple en Guinée Bissau où la destruction de nombreux tissus était similaire à celle que l’on constate dans un pays post conflit, qui a connu une guerre civile, et où une consultation nationale a été menée à travers tout le territoire et au niveau de toutes les couches sociales. ‘‘Ce qui a permis à tous les Bissau Guinéens d’exprimer librement leurs sentiments sur la Réforme du secteur de la sécurité (RSS)'', lance M. Cissé.

Pour l’ancien Cemga, il s’agira d’intégrer tous les cas de dialogue possible, social mais aussi et surtout politique, avec des mécanismes permanents de gestion.

Prévention

Six sessions sur les thématiques de règlement de la conflictualité se tiendront durant le conclave. La présidente du Haut conseil du dialogue social, Innocence Ntap Ndiaye, plaide plutôt pour l’appropriation de ce modèle par les concernés. ‘‘Par le dialogue, il est aussi possible de repousser les limites des mécanismes juridiques quelquefois empruntés de règlements de conflits qui ne sont pas bien souvent adaptés à nos réalités, car importés’’, lance-t-elle. Alors que l’espace CEDEAO est en proie à plusieurs conflits, sans oublier la menace nouvelle de l’extrémisme violent, la directrice de PWA, Docteur Waha Aïdara Ndiaye promet un document de référence à l’intention de la CEDEAO chargée de ces questions dans la sous-région. ‘‘On travaille beaucoup sur la médiation, on forme les organisations de la société civile à promouvoir les processus de réforme sur la sécurité, la prévention du terrorisme de l’extrémisme violent. Nous avons une culture de dialogue en Afrique. Nous allons être proactifs, trouver des solutions et prévenir au lieu d’attendre que les choses se passent pour intervenir après. Nous allons étudier ce qui s’est passé pour essayer d’anticiper sur ce qui va ou ce qui devrait se passer’’, a soutenu Dr Ndiaye.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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