Publié le 17 Nov 2016 - 18:41
HIP-HOP GALSEN

Ces ‘’Linguères’’ de la scène rap

 

Leurs visages sont bien connus du public rap. Elles bénéficient du respect de leurs pairs et font de très bonnes choses. Anta, Lady Zee et Vénus sont les artistes du collectif Gotal. EnQuête revient sur le parcours de ces dames du Hip-hop Galsen.

 

‘’Il n’y a pas de rap masculin et de rap féminin’’. L’assertion est du trio de femmes qui forme le collectif ‘’Gotal’’ (ndlr unité en langue pulaar). Elles s’illustrent sur la scène hip-hop depuis quelques années et de fort belle manière. Anta, Vénus et Lady Zee ne croient qu’en leur talent. Rien de plus. ‘’On ne veut rien avoir parce qu’on est des femmes. On ne veut d’aucune concession car on considère qu’être femme n’est pas et ne doit nullement être un handicap. Tout ce qu’on a, ou aura dans le milieu, on le doit et le devra qu’à notre talent’’, précise sur un ton rempli de fierté Vénus. Elle est la fille de teint clair, à la taille courte de cet unique collectif au sein du mouvement rap sénégalais actuellement.

Avec ses dreads, Vénus aka ‘’Sweet Chocolate’’, teint clair, assez féminine et classe dans le port vestimentaire, ne passe pas inaperçue. Tout comme Lady Zee. Teint noir et tête rasée, elle marque sa différence grâce à une touche de maquillage assez prononcée. Tout le contraire de Anta Salam. Cette dernière est l’initiatrice de ‘’Gotal’’ et est hommasse. Comme beaucoup de rappeuses, elle s’habille, parle et marche comme les hommes. Le milieu détermine l’homme, dit-on. Anta évolue dans un secteur artistique dominé par les hommes tout comme ses deux copines de Gotal. Seulement, toutes n’ont pas eu le même parcours.

Anta a commencé en 2003. A l’époque, elle ne faisait que suivre son grand frère et ses copains qui avaient monté un groupe. ‘’Ils répétaient tous chez moi et j’étais toujours là. Je les écoutais et leur faisais quelques suggestions. C’est en 2005 que j’ai concrètement commencé et c’est mon grand frère qui m’a donné en premier un mic’’, se souvient-elle. Ainsi, elle a toujours été avec des hommes. Tout le contraire de Lady Zee. Passionnée de musique, elle en écoutait régulièrement.

En 2011, elle décide de tenter quelque chose dans ce milieu en solo. C’est ainsi qu’a commencé sa carrière musicale. Pour Vénus, le virus lui est transmis dans son enfance par ses oncles et au cours de son adolescence par sa grande sœur. Elle a d’ailleurs monté son premier groupe avec cette dernière. Le trio s’est rencontré en 2013. ‘’Beatmaking Lab’’ installé aux Usa organisait à cette époque un atelier pour les femmes évoluant dans diverses branches du hip-hop. Naturellement, les trois faisaient partie du groupe. Après trois semaines de partage dans un studio, elles se sont rendu compte qu’elles partageaient des feelings avec Anta et Toussa et elles les ont rejointes. Toussa a quitté après.

Aujourd’hui, les  trois continuent de cheminer ensemble et ont beaucoup de projets en commun. L’un des plus importants est la réalisation d’un produit musical. ‘’On est actuellement en studio. On enregistre des sons. Après on verra sous quel format les sortir. En attendant, on joue dans des concerts. Cependant, on n’y preste qu’en live pour l’instant’’, confie Lady Zee.

 La condition de la femme fait le plus parler leur muse. Elles sont ‘’rationnellement’’ féministes. Elles acceptent leurs différences mais sont pour l’équité. Elles sont d’avis qu’à travail égal, salaire égal. Chacune d’entre elles est auteure et interprète. Elles écrivent toutes des textes. Elles s’entendent sur une thématique et chacune s’occupe d’un angle de traitement. Après, elles se corrigent. C’est comme cela qu’elles travaillent. Elles se prennent entièrement en charge même si les conseils des aînés comme Matador sont toujours les bienvenus. Mais  Gotal ne veut pas de parrains.

Par ailleurs, être une femme et évoluer dans le mouvement hip-hop sénégalais ou juste être artiste n’est pas chose aisée, peut-on penser. Mais ce n’est pas le cas pour nos Mcs. Avec des cousins musiciens, un papa ancien musicien, Lady Zee mène sans trop de soucis sa carrière. ‘’Mon père me soutient beaucoup. Mais je sens une certaine inquiétude chez ma maman par moments.

Ma famille n’est pas contre ce que je fais mais quand je suis dehors jusqu’à une certaine heure à cause des concerts, maman s’inquiète’’, raconte-t-elle. Anta a plus de chance qu’elle. ‘’Ma famille est totalement d’accord. Très souvent, c’est ma mère qui me donne de l’argent quand je sors pour des concerts et autres’’, informe-t-elle. Les choses ont été moins évidentes pour ‘’Sweet Chocolate’’. Au début, sa mère était totalement contre. C’est après qu’elle a donné son accord. D’ailleurs, c’est elle qui a financé la production du premier single de Miss Vénus. 

BIGUE BOB

 

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