Publié le 19 Nov 2019 - 03:16
HISSENE HABRE VICTIME D’UNE FRACTURE AU BRAS AU CAP MANUEL

L’administration refuse son ‘’opération’’

 

L’épouse de l’ancien président tchadien, Fatima Raymonne Habré, a dénoncé, hier, la maltraitance dont est victime son mari, après une fracture au bras, dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 novembre. Elle fustige une mise en danger aggravée d’une personne déjà malade et l’inexistence d’une capacité de réponse à une demande d’assistance et de secours.

 

Les choses ne s’arrangent pas pour l’ancien président du Tchad Hissène Habré, en prison. Il a été victime, hier, d’une fracture au bras. Sa femme, Mme Fatimé Raymonne Habré, est dans une colère noire. Dans le communiqué parvenu hier à ‘’EnQuête’’, elle explique que c’est vers 2 h 45 mn du matin que son mari l’a appelée, car pris de vertiges, il a glissé dans la douche et est tombé. Son bras lui faisait mal et s’est mis à gonfler. Pendant 1 heure, la porte de la cellule étant fermée, il a tambouriné pour appeler les gardes qui dormaient plus loin, enfermés dans leurs chambres. ‘’Le téléphone de secours mis récemment à sa disposition la nuit, après mes multiples demandes depuis la crise cardiaque, lui a permis de m’appeler. Alertée, j’ai appelé plusieurs gardes, en vain. Aussi, j’ai quitté les Almadies à 3 h du matin pour le Cap Manuel et nous avons réveillé tout le monde sur place’’, raconte-t-elle.

A en croire Mme Habré, il n’y avait pas de chauffeur présent à la prison ; ils ont alors pris son mari dans sa voiture avec les gardes pour le conduire à la clinique de la Madeleine. Là-bas, une radio a décelé une fracture. Les gardes pénitenciers, qui l’ont accompagné, ont informé leur hiérarchie qui a parlé avec le médecin. Puis, ils ont décidé de le renvoyer à la prison, après la pause d’une simple attèle que l’ex-président devra garder 6 semaines. Mais il doit aller, chaque semaine, pour un contrôle.

Refus d’hospitalisation, d’opération et du buzz

‘’J’ai sollicité une mise sous observation de 48 heures à la clinique. Refus obstiné du médecin. Il nous a demandé de revenir le lundi. Il faut repartir à la prison, nous a-t-il répété sans arrêt. Aussi, ce comportement très particulier m’étonne. C’est ainsi que j’apprends que le refus d’hospitaliser le président s’explique par le buzz que ferait l’info de son hospitalisation’’, s’étrangle la dame.

C’est à 5 h 45 mn, poursuit-elle, qu’ils sont revenus à la prison. Elle est rentrée vers 8 h 30 mn et a demandé un autre avis médical, en envoyant la radio du bras fracturé et en parlant du traitement préconisé consistant au port d’une attèle pendant 6 semaines. On lui a demandé, dit-elle, d’amener son mari à 15 h à la clinique pour une petite intervention pour lui poser de petites broches, que c’est impératif.

Mais, fulmine-t-elle, elle s’est heurtée au refus de la directrice du Cap Manuel où elle est repartie à 11 h. Cette dernière, souligne-t-elle, a refusé d’autoriser que Habré aille se faire opérer sous le prétexte que le système des attèles pour 6 semaines a sa préférence. Après ‘’plus de 2 heures de discussions stériles où la radiographie faite à la clinique de la Madeleine a aussi été remise en cause’’, elle a fini par appeler le deuxième médecin pour annuler le rendez-vous pour l’intervention.

‘’J’ai compris que cette attitude très négative est due à la réponse faite à l’Administration pénitentiaire qui avait démenti les problèmes de santé du président. Mais aussi aux circonstances de cet accident, qui a mis à nu l’inexistence d’une capacité de réponse à une demande d’assistance et de secours du président. Cette triste situation a fait que j’ai dû quitter les Almadies, en pleine nuit, pour venir porter assistance au président. C’est devenu un problème pour l’administration de la prison’’, dénonce-t-elle.

D’autant que, poursuit Mme Habré, en représailles, la directrice a repris le téléphone d’urgence qui a permis à l’ancien président de l’informer de sa blessure. Une situation qu’elle qualifie d’invraisemblable. Elle dénonce une obstruction aux soins d’urgence qui doivent être prodigués à son mari. ‘’Cette situation est assimilable à un refus de soins caractérisé, une maltraitance et une mise en danger aggravée d’une personne déjà malade dont le cas vient de devenir plus préoccupant. C’est une violation grave des Règles de Mandela’’.

VIVIANE DIATTA

 

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