Publié le 29 Oct 2020 - 23:43
IMPACT COVID-19 SUR LES MTPME INFORMELLES NON-AGRICOLES

Seuls 6 % des unités de production informelles ont bénéficié d’aides

 

Face aux impacts de la Covid-19 sur les activités, seuls 6 % des unités de production informelles ont bénéficié d’aides de la part de l’Etat. C’est ce que révèle le rapport de l’enquête menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du 23 juin au 6 août dernier, intitulé ‘’Covid-19 : Suivi de l’impact sur les unités de production informelles non-agricoles’’, rendu public hier.

 

Le chef de l’Etat, Macky Sall, a décidé de mettre à la disposition des entreprises sénégalaises impactées par la Covid-19 un mécanisme de financement de 200 milliards de F CFA, dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale. Cependant, il ressort du rapport de l’enquête menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du 23 juin au 6 août 2020, intitulé ‘’Covid-19 : Suivi de l’impact sur les unités de production informelles non-agricoles’’, que 6 % des unités de production informelles (UPI) ont bénéficié d’aide.

Le document, rendu public hier, précise qu’il s’agit principalement des dons alimentaires, financiers et du matériel de protection contre la Covid-19. ‘’Parmi les UPI ayant bénéficié d’une assistance, 48 % opèrent dans l’industrie, 33 % dans les services autres que le commerce et 19 % dans le commerce. En dépit des difficultés rencontrées par les UPI, la majorité des responsables des UPI sont optimistes quant à l’évolution de l’activité dans les douze prochains mois. En effet, près de sept répondants sur dix pensent que l’activité va évoluer à la hausse contre moins d’un dixième qui estiment que l’activité va se replier. Les responsables sont globalement satisfaits des mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement’’, renseigne l’ANSD.

L’enquête révèle aussi que les UPI non-agricoles sont majoritairement localisées dans la région de Dakar et opèrent principalement dans la distribution. ‘’Sur la période d’observation, près de neuf UPI sur dix sont restées opérationnelles. Néanmoins, ces unités sont confrontées à une baisse de leurs activités due à un fléchissement du chiffre d'affaires. Les principales stratégies d'adaptation des UPI observées sont : la réduction des charges, l'arrêt momentané des activités, la diversification des produits et la sollicitation d'un prêt. Les responsables des UPI sont globalement satisfaits des mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement et sont optimistes quant à une évolution positive de l’activité dans les douze prochains mois’’, renchérit le document.

A propos du profil régional, le rapport note que 40 % des UPI se trouvent à Dakar et 71 % sont concentrées dans 4 régions. Il s’agit de Dakar, Thiès, Diourbel et Kaolack. ‘’La quasi-totalité (92 %) des UPI sont des microentreprises. Les petites et les moyennes représentent respectivement 6 % et 2 %. Secteurs et domaine d'activités : un peu plus de la moitié des UPI opèrent dans le commerce, 29 % dans l’industrie et 18 % dans les services autres que le commerce. Quarante-cinq pour cent des propriétaires d’UPI ont au moins le niveau d’éducation primaire’’, poursuit l’ANSD.

88,3 % des unités informelles opérationnelles avec la Covid

En dépit du ralentissement de l’activité économique dû à la crise sanitaire, l’agence nationale en charge de la statistique rapporte que la plupart des unités informelles interrogées, à savoir 88,3 %, sont opérationnelles. ‘’Toutefois, 9,2 % ont arrêté momentanément leurs activités et 2,5 % sont fermées définitivement. Les unités du secteur des services autres que le commerce sont les plus touchées par la fermeture temporaire ou définitive. L’analyse suivant la taille des entreprises permet d’observer que la fermeture temporaire concerne 13 % des moyennes entreprises, 9 % des microentreprises et 6 % des petites entreprises’’, relève le document.

La même source note que près de la moitié des UPI ayant arrêté de travailler ont évoqué la Covid-19 comme motif de fermeture. Et ce taux est plus important dans les services avec un taux de 73 % autre que le commerce. Parmi les UPI ayant cessé de fonctionner, 95 % sont des petites, 3 % sont des moyennes et 2 % des grandes. ‘’Avant mars 2020, sept sur dix des UPI ayant changé d’activité principale exerçaient dans les autres services autres que le commerce et 29 % dans l’industrie. Du fait de la pandémie, 53 % de ces UPI opèrent actuellement dans le commerce, 34 % dans les services autres que le commerce et 14 % dans l’industrie. En raison de la Covid-19, 0,8 % des UPI ont changé de local. La quasi-totalité des UPI (98 %) ont rencontré des difficultés, après l’apparition de la Covid-19 en mars 2020. Les principales difficultés sont liées à l’écoulement de la production (83 %) et au respect des mesures préventives de la Covid-19 (45 %)’’, fait savoir l’agence.

Il convient de relever également que le chiffre d’affaires des UPI présente globalement une ‘’tendance baissière’’. En effet, l’enquête montre que près de neuf UPI sur dix ont constaté un fléchissement de leur chiffre d’affaires, contre 2 % qui ont enregistré une hausse. En termes d’adaptation face à la pandémie, les stratégies les plus utilisées par les UPI sont, entre autres, la réduction des charges (61%), l’arrêt momentanément de l’activité (22 %), la diversification des produits (17 %) et la sollicitation d’un prêt (13 %).

En particulier, selon l’ANSD, les petites entreprises optent relativement plus pour la diversification des produits, soit un quart des petites UPI. ‘’Afin de faire face aux difficultés, 6 % des UPI ont accru l’usage de l’Internet depuis mars 2020. Au sein des unités ayant accru l’usage de l’Internet, 66 % exercent dans le commerce, 25 % dans l’industrie et 9 % dans les services autres que le commerce. Les activités pour lesquelles l’usage de l’Internet s’est accru sont principalement les ventes de produits ou services, le suivi de la clientèle et les achats’’, souligne le rapport.

Pour rappel, cette note présente l’impact de la Covid-19 sur les unités de production informelles non-agricoles opérant dans un local professionnel. Les données proviennent d’une enquête téléphonique conçue par un groupe de travail regroupant l’ANSD, la Banque mondiale, le Bureau international du travail (BIT), le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et la Direction générale de la planification des politiques économiques (DGPPE). L’enquête estime le nombre des UPI non-agricoles opérant dans un local professionnel et possédant un numéro de téléphone à près de 284 000. Les unités de production informelles sont définies comme celles qui ne sont pas immatriculées au Ninea et/ou ne tiennent pas de comptabilité suivant une norme standard.

MARIAMA DIEME

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