Publié le 1 Apr 2020 - 18:10
IMPACT DE LA COVID-19

L’ONU demande 2 500 milliards de dollars d’aide pour les pays en développement

 

Face à la vitesse ‘’spectaculaire’’ à laquelle les ondes de choc économiques de la pandémie frappent les pays en développement, en comparaison à la crise financière mondiale de 2008, la Cnuced appelle à l’adoption de mesures pour limiter les dégâts de la pandémie de Covid-19 déjà synonyme de ‘’dommages économiques croissants’’ pour les 2/3 de la population mondiale.

                                                 

‘’Les retombées économiques du choc se poursuivent et sont de plus en plus difficiles à prévoir’’. Ce constat sans appel a été dressé par le secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) Mukhisa Kituyi. Ses propos s’inscrivent dans le contexte du développement de la pandémie de la Covid-19 dans le monde et de ses effets induits, pour les deux tiers de la population mondiale vivant dans les pays en développement. Toujours selon le Kenyan, ‘’il est clair que les choses vont s’aggraver pour les économies en développement […] avant de s’améliorer’’, termine-t-il par dire.

Fort de ces constats, ce 30 mars, la Cnuced a plaidé pour un programme de soutien d’un montant de 2 500 milliards de dollars pour faire face à ‘’l’imminence d’un tsunami financier cette année’’.

L’annulation de la dette au rang des mesures demandée

L’organe subsidiaire de l’Organisation des Nations Unies (ONU) suggère de répartir ces fonds dans une stratégie déclinée en quatre volets. Premièrement, un apport de liquidités à hauteur de 1 000 milliards de dollars est demandé. Une manne qui pourrait provenir de la réaffectation des droits de tirage spéciaux existants au Fonds monétaire international (FMI). L’agence préconise, en plus, une nouvelle allocation qui devra aller bien au-delà de ce qui a été fait en 2009, en réponse à la crise financière mondiale.

Deuxièmement, la Cnuced recommande une annulation de la dette pour les économies en difficulté. Mais également un arrêt immédiat des paiements de la dette souveraine. Et souhaite que s’ensuive un allégement significatif de la dette. Dans le site de l’ONU, l’organisation indique comme point de référence : ‘’L’allégement de la dette allemande administré après la Seconde Guerre mondiale, qui a annulé la moitié de sa dette en cours.’’

Troisièmement, la Cnuced sollicite un ‘’plan Marshall’’ pour un rétablissement de la santé. Elle estime l’enveloppe nécessaire à 500 milliards de dollars essentiellement sous forme de subventions. Des allocations qui vont être affectées aux services de santé d’urgence et aux programmes d’aide sociale connexes. En vue de permettre aux pays en développement de faire face à la situation dans les mois à venir.

Quatrièmement, la Cnuced demande que les contrôles des capitaux se voient accorder une place légitime dans tout régime politique, afin de limiter l’augmentation de leurs fuites. Et d’ajouter, comme proposition, la réduction de l’illiquidité due aux ventes sur les marchés des pays en développement. Enfin, elle prône l’arrêt des baisses des prix des devises et des actifs.

Des mesures nécessaires pour six milliards de personnes

Mais selon Richard Kozul-Wright, Directeur du Service chargé des stratégies de mondialisation et de développement à la Cnuced, ‘’les économies avancées ont promis de faire ‘tout ce qu’il faut’ pour empêcher leurs entreprises et leurs ménages de subir une lourde perte de revenus’’. Des mesures proportionnées pour les six milliards de personnes qui vivent en dehors des économies importantes du G20, conclut l’économiste.

Il faut noter qu’à la suite de la propagation au-delà de la Chine, du coronavirus, au cours de ces deux derniers mois, les pays en développement ont subi un énorme choc. Les conséquences sont les fuites de capitaux, des écarts croissants entre les obligations, les dépréciations des devises et des pertes de recettes d’exportation, d’après l’article produit par le site des Nations Unies. Des suites négatives de la Covid-19 qui résultent, en partie, de la chute des prix des produits de base et à la diminution des recettes touristiques.

La Cnuced note, comme autre incidence économique de la pandémie mondiale, la chute des monnaies des pays en développement de 5 à 25 %, par rapport au dollar, depuis le début de l’année. Une chute plus rapide que durant les premiers mois de la crise financière mondiale de 2008.

A cela s’ajoute une baisse des prix des produits de base à hauteur de 37 %, depuis le début de la crise, selon l’agence onusienne. A titre illustratif, les baisses sur les prix du sucre sont évaluées en baisse à 15 %, ceux du coton et du cuivre de 22 % et ceux des produits énergétiques de plus 55 %. Des signaux inquiétants face à la récession que va connaître l’économie mondiale cette année, estime la note. Les estimations de l’agence chiffrent le préjudice à plusieurs milliards de dollars. ‘’Les pays en développement, à l’exception probablement de la Chine et peut-être de l’Inde, seront confrontés à de graves difficultés’’, avertit la Cnuced.

Les pays en développement vont devoir faire face à un déficit de financement de 2 000 à 3 000 milliards de dollars, au cours des deux prochaines années. La détérioration de la situation mondiale, les contraintes budgétaires et de change vont forcément se resserrer davantage au cours de l’année, juge l’organisation.

MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)

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