Publié le 26 Jul 2018 - 18:03
IMPACT DE LA REGLE DU BAILLON MONDIAL AU SENEGAL

80 000 femmes, par an, seront privées de services de soins

 

La santé de la reproduction des femmes en situation de vulnérabilité est préoccupante. Avec la règle du bâillon mondial, 80 mille femmes au Sénégal seront sevrées de services par année.

 

De nombreuses raisons poussent les femmes à avorter régulièrement dans plusieurs pays. Ce qui fait augmenter le taux de mortalité maternelle. Au Sénégal, l’accès à l’information, aux soins et aux services de planification familiale a beaucoup contribué à la santé de la reproduction. Ce qui a abouti à la réduction de la mortalité maternelle néonatale et infanto-juvénile. Ces résultats sont obtenus en grande partie grâce à l’aide étrangère. Aujourd’hui, la ‘’règle du bâillon mondial’’ (Global Gag Rule-Ggr) prônée par l’administration Trump-Pence constitue un frein à cette lutte. Car selon la directrice pays de Marie Stopes Internationale Sénégal (Msi), avec la règle du bâillon mondial, 80 000 femmes par an ne pourront plus bénéficier des services dont elles ont besoin. Il s’agit plus précisément, soutient Sanou Gning, des femmes qui sont dans une situation de vulnérabilité (les jeunes, les handicapées, les adolescentes).

 ‘’Msi Sénégal perd, chaque année, depuis la mise en œuvre de cette politique de Trump, 2,5 millions de dollars (1,3 milliard francs). Cela nous servait à faire fonctionner 6 équipes mobiles qui vont dans les zones les plus reculées, là où l’offre de service n’arrive pas aujourd’hui. Parce que nous ne signons pas cette politique, la répercussion est automatique sur les services de planification familiale. C’est une partie du réseau de franchise sociale qui ne peut plus fonctionner pour aider le ministère de la Santé. Ces 80 000 femmes vénérables ont aligné tellement de grossesses, de fausses couches, que la prochaine grossesse est terriblement à risque. C’est un gap financier sans précédent qui se présente Nous devons faire comprendre que cette politique ne concerne pas uniquement Msi, mais les populations les plus vulnérables qui sont directement touchées’’, explique Mme Gning.

Avec l’administration Trump-pence, l’expansion de la global Gag Rule à toute l’aide financière américaine à la santé mondiale (8,8 milliards de dollars Us) risque d’avoir des effets négatifs sur la santé et la vie des femmes, en forçant les Ong étrangères à choisir entre l’aide des Etats-Unis en matière de santé et leur engagement à fournir des soins complets en santé sexuelle et reproductive. Selon la directrice pays de Msi Sénégal, l’avortement ne peut pas être enlevé du paquet de service en santé maternelle. Elle renseigne qu’ils sont dans 37 pays, depuis plus d’une quarantaine d’années, et les financements du gouvernement fédéral américain ont toujours été d’un énorme apport, si ce n’est le plus gros au monde.

Ce sont 30 millions de dollars (16 milliards francs), par an, dont Marie Stopes, de manière globale, ne pourra plus disposer pour aller au service des populations les plus vulnérables et pauvres. ‘’Si on prend la première législature de Trump, entre 2017 et 2020, avec ces 30 millions auxquels on ne peut plus accéder, c’est 6,5 millions de grossesses non désirées qui risquent de se passer et 2 millions 200 mille avortements. Sur ce nombre, les 2 millions 100 mille seront des avortements clandestins à risque. On a 21 700 décès maternels qui risquent d’arriver. On est en train de se battre pour que ces services puissent continuer pour les femmes’’, fait-elle savoir. Avant de lancer un appel aux gouvernements des pays africains. Car, à son avis, il y a ce manque de compréhension et d’intérêt. Parce que beaucoup de gouvernements pensent qu’ils ne sont pas concernés par les impacts de cette politique. Ce qui est totalement faux à ses yeux.

‘’Le niveau central du ministère de la Santé est concerné. Mais on ne sent pas que tout le monde est conscient qu’ils sont concernés. Ces financements sont en train de toucher d’autres secteurs de la santé ; l’approvisionnement en produits contraceptifs est réduit. Il faut une prise de responsabilités de la part de nos gouvernements’’, lance-t-elle.

VIVIANE DIATTA

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