Publié le 10 Mar 2020 - 20:54
IMPACT DU CORONAVIRUS

Le calendrier culturel chamboulé

 

 Le ministre de la Santé et de l’Action sociale était, hier, au Grand-Théâtre, pour sensibiliser les acteurs culturels sur le Covid-19. Des artistes pensent d’ailleurs à réaménager leur calendrier, pour éviter les rassemblements.

 

La célébration de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée sans festivité le 8 mars dernier, pourrait ne pas être la seule date importante sobrement vécue. L’agenda culturel national pourrait être bousculé. Rien n’est encore décidé, mais les festivités autour de la Journée internationale du théâtre prévue le 27 mars prochain pourraient être annulées. Le comédien et metteur en scène Ibrahima Mbaye Sopé renseigne, à ce propos, qu’avec ses pairs, ils sont en concertation.

‘’La Journée mondiale du théâtre est prévue le 27 mars. Nous sommes en train de voir s’il ne faut pas changer de démarche et restreindre les participations cette année’’, explique-t-il. Il estime qu’il est mieux de reporter certains évènements. Beaucoup de comédiens semblent être du même avis. En effet, un autre comédien présent hier au Grand-Théâtre, lors de la cérémonie de sensibilisation sur la pandémie du Covid-19 par le ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr, estime qu’il faut se conformer aux décisions du président Sall. Il a instruit son gouvernement de surseoir aux voyages officiels et d’annuler certaines festivités nécessitant des rassemblements durant cette période de crise. ‘’La Journée mondiale du théâtre doit être célébrée sobrement, à l’image de celle du 8 Mars. On ne doit même pas attendre qu'on nous demande de reporter la date ; on peut toujours le faire ultérieurement’’, pense-t-il.  

‘’Au plan mondial, tous les rassemblements ont été quasiment annulés, et cela se comprend. Beaucoup d’artistes sénégalais ont d’ailleurs annulé leurs activités au niveau international’’, informe le rappeur Dug E Tee. Il pense qu’on pourrait en faire autant au Sénégal.  Il urge de prendre les précautions idoines, pense-t-il, et ne pas se croire à l’abri. ‘’On souhaite qu’on n’en arrive jamais là, mais nul n’est à l’abri. Il ne faut pas se dire que cela n’arrive qu’aux autres’’, prévient-il.

Prêt à combattre l’ennemi commun

Les artistes étaient conviés hier au Grand-Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose par le ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop, qui recevait son collègue de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr.

En effet, il s’agissait d’une séance d’information et de sensibilisation en direction des acteurs du secteur de la culture. ‘’Nous comptons sur votre engagement communautaire pour un combat contre la rumeur et le coronavirus. La rumeur peut nuire à notre stratégie de communication. Raconter des contrevérités peut être assimilé à de la trahison et les experts doivent aussi être transparents dans leur démarche et dire des choses avérées’’, conseille le ministre de la Santé.

Pour lui, la lutte contre cette pandémie qui touche à ce jour neuf pays du monde n’est pas exclusivement l’affaire du secteur de la santé. Sa gestion nécessite, d’après Diouf Sarr, une approche multisectorielle et inclusive. C’est en ce sens, renseigne-t-il, que des séances de sensibilisation sont organisées dans les écoles. La rencontre avec les religieux a permis, poursuit-il, de partager et d’intégrer la sensibilisation dans les sermons du vendredi et les homélies du dimanche. ‘’Tout le monde est concerné. Il s’agit d’une préoccupation de la nation. La collaboration entre la Santé et la Culture, qui date de très longtemps, ne saurait être en reste’’, estime Diouf Sarr.

Ainsi, il affirme que les chansons, sketchs et œuvres d’art ont toujours permis de sensibiliser la population et ont participé à un changement de  comportement. ‘’Les populations ont le droit d’être informé et de comprendre les risques sanitaires auxquels elles sont exposées. Elles ont souvent une perception du risque différente de celle des experts et des autorités. Pour dissiper les confusions et éviter les malentendus, il nous faut communiquer de façon claire, régulière. Cette communication efficace sera essentielle. Elle doit se faire avec des messages adaptés au contexte local’’, fait savoir Abdoulaye Diouf Sarr.

Son collègue de la Culture pense que le choix porté sur les acteurs culturels montre que le monde de la créativité doit être en phase avec l’histoire et les urgences mondiales. Abdoulaye Diop est d’avis, cependant, que les hommes du théâtre et du cinéma doivent être aujourd’hui autour du ministère de la Santé pour l’accompagner en termes de prévention. ‘’Et je compte sur eux. Je crois que le monde des talents va vous prouver, dans un avenir proche, qu’ils sont tous prêts à combattre l’ennemi commun’’, rassure le ministre de la Culture.  

HABIBATOU TRAORE 

Section: