Publié le 14 Sep 2019 - 20:07
INONDATIONS A RUFISQUE

Ministre, maires et élus tiennent une réunion de crise 

 

Rufisque est au plus mal. Les autorités du département (ministre, élus et maires) dont la plupart sont de la mouvance présidentielle, ont pris la mesure de la gravité de la situation. Ils se sont réunis, ce jeudi, à la mairie de la ville.

 

Les pluies diluviennes qui s’abattent sur le territoire national ont mis à nu tous les problèmes dont souffre la vieille ville de Rufisque. Conscients de l’urgence de la situation et devant la souffrance de leurs administrés, élus, maires et ministre de la ville de Rufisque se sont réunis, ce jeudi, dans la soirée, dans le bureau du maire de la ville, pour statuer sur les difficultés notées. Une réunion d’urgence, selon le ministre d’Etat Ismaïla Madior Fall, qui a réuni des députés, des membres du Conseil économique, social et environnemental, des membres du Haut conseil des collectivités territoriales, les maires des communes de la ville, mais aussi du maire de la ville.

Cela, explique-t-il, ‘’pour discuter sur les problèmes auxquels Rufisque et les Rufisquois sont confrontés’’. Mais aussi et surtout ‘’diagnostiquer de façon objective et exhaustive les problèmes et puis en rendre compte à l’autorité, le président de la République. Pour que l’Etat, à côté des efforts qui sont actuellement en train d’être accomplis par l’Etat, par l’Apix, pour soulager les populations, voir comment l’Etat peut aussi davantage venir pour soutenir les efforts que les autorités locales sont en train de faire pour soulager les populations’’, renseigne-t-il.

Ismaïla Madior Fall est d’avis qu’au Sénégal, existent dans les collectivités locales ‘’des problèmes de nature structurelle, mais il y a des problèmes qui sont particuliers et spécifiques à Rufisque’’.

Parmi ceux-là, l’ancien ministre de la Justice de préciser que, ces derniers temps, ‘’il y a eu, avec la pluie, des inondations qui ont fait que Rufisque s’est retrouvé dans des difficultés. Des inondations qui sont causées par les fortes précipitations qui ont été enregistrées, mais qui sont dues, dans une certaine mesure, par les travaux qui sont faits et en train d’être faits : l’autoroute à péage, le train express régional’’.

Pendant ce temps, la ville de Rufisque, avec tous ces maux, ne peut prendre en charge qu’une partie des problèmes. Par conséquent, avance-t-il, ‘’il y a des problèmes qui dépassent les capacités des ressources des collectivités locales. Il y a des problèmes pour lesquels Rufisque a besoin de l’appui de l’Etat central’’. Tout en promettant qu’un compte rendu exhaustif ‘’va lui (le président) être fait de la réunion que nous avons eue et nous savons que nous pouvons compter sur lui pour aider Rufisque’’.

Plaidoirie pour un plan d’urgence pour Rufisque

Il faut signaler que la réunion de crise s’est tenue à l’initiative du conseiller économique, social et environnemental Abdou Salam Guèye. Ce dernier souligne : ’’Nous nous sommes réunis autour de notre ville Rufisque. Nous n’avons parlé que de notre chère ville qui, malheureusement, est confrontée à des difficultés… Nous nous sommes réunis pour que des solutions d’urgence soient apportées. Que ceux qui sont dans les eaux, des solutions express soient apportées pour les exonder, les routes ou les rues qui sont coupées, qu’on fasse tout pour les réparer dans les plus brefs délais, avec l’appui de l’Etat…’’

Il insiste : ‘’Nous tendons donc la main à l’Etat, à Monsieur le Président de la République surtout. Rufisque a besoin de ce soutien capital. Rufisque a besoin d’un plan d’urgence. Rufisque a besoin d’être accompagné dans son assainissement et dans sa modernisation.’’ Surtout qu’il est aujourd’hui entouré par des cités modernes comme les pôles urbains. 

Comment Rufisque a été appauvrie

Le conseiller économique, social et environnemental regrette un appauvrissement de la ville. En effet, rapporte-t-il, ‘’nos communes ne sont pas suffisamment riches. Je dirais même qu’elles ont été appauvries. La mairie de ville n’est pas assez riche ; elle a été appauvrie’’.

Du côté de la mairie de ville, l’on salue une rencontre historique dont les différents participants vont lancer un cri de détresse au président de la République. En effet, a signalé Amadou Sène Niang, le porte-parole du maire Daouda Niang, le ministre d’Etat Ismaïla Madior Fall va rendre compte au chef de l’Etat. 

A l’en croire, ce sont les moyens qui manquent le plus à la ville de Rufisque pour réaliser ses projets. Aujourd’hui, la vieille cité est ‘’appauvrie’’. Alors que, dit-il, ‘’potentiellement, la ville est riche. Si l’Etat n’avait pas exonéré les industries qui sont installées ici, on aurait pu avoir 15 milliards de francs. Aujourd’hui, on ne peut pas avoir 2 milliards, parce que les 3 milliards 600 millions de la patente, qui constituaient 95 % de nos recettes, sont supprimés et remplacés par une Cel (contribution économique locale) où on ne reçoit que 723 millions’’.

Avec une telle situation, rapporte le conseiller municipal, ‘’aucune préoccupation des citoyens ne pourra être réglée avec deux milliards, parce que la masse salariale de la ville de Rufisque tourne autour de deux milliards et c’est une dépense obligatoire’’. Ce qui le pousse à dire : ‘’Nous plaçons un espoir réel à cette rencontre et nous pensons que le président de la République prêtera une oreille attentive aux doléances des populations rufisquoises que leurs représentants ont exprimées devant le ministre d’Etat et c’est consigné dans un procès-verbal.’’

Des excuses réclamées au ministre Oumar Guèye

En outre, le porte-parole du maire Daouda Niang s’est offusqué de la récente sortie du ministre Oumar Guèye, lors d’une visite effectuée mercredi dernier dans deux zones touchées par les pluies de lundi dernier. Pour rappel, le maire de Sangalkam signalait, devant la presse, que la situation a été amplifiée par la presse. Amadou Sène Niang dément et assène : ‘’Nous fustigeons l’attitude du ministre Oumar Guèye qui, dans un élan assez moqueur, a déclaré qu’il n’y a aucun problème à Rufisque et nous demandons au président de le rectifier ou que lui-même présente ses excuses aux Rufisquois.’’

Car, poursuit-il, ‘’au moment où il parlait, des Rufisquois étaient dans l’eau. La motopompe qu’ils ont laissée au niveau du tunnel a certainement vidé l’eau, parce qu’il n’a pas plu depuis quelques heures. Mais si la pluie revient, l’eau sera encore sur place et il va revenir deux jours après pour dire qu’il n’y a rien. Je pense qu’il faut qu’il respecte les populations’’. 

PAPE MOUSSA GUEYE (RUFISQUE)

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