Publié le 29 May 2020 - 06:51
INSPECTEUR D’ACADEMIE DE KOLDA - MAMADOU GOUDIABY

‘’Il n’est pas prévu de test pour tous les enseignants venant des zones rouges…’’

 

Un comité régional de développement (CRD) est organisé mardi dernier à Kolda pour préparer le retour des élèves et enseignants à l’école, le 2 juin prochain. A cette occasion, l’inspecteur d’académie de Kolda, Mamadou Goudiaby, a indiqué qu’il y a 1 949 enseignants entre les régions de Dakar et Thiès, et qui doivent rejoindre Kolda. Et 70 candidats sont également éparpillés à travers le pays. Il a aussi fait savoir qu’il n’est pas prévu de test pour tous ceux qui viennent des zones où sévit le coronavirus, dans cet entretien accordé à ‘’EnQuête’’.

 

Qu’est-ce-qui a été retenu, lors de cette rencontre préparatoire de la reprise des cours ?

Ce que l’on peut retenir de cette rencontre, pour l’essentiel, est qu’il y a eu une participation extrêmement importante des collectivités territoriales et de nos partenaires. Et cela, évidemment, est important parce que le démarrage des cours ne peut pas se faire sans la mobilisation de ces acteurs. Il s’agit véritablement des maires des communes, des présidents des conseils départementaux qui doivent nous aider dans la mise à niveau des écoles, à travers le nettoiement, la désinfection des salles de classe, la mise à disposition des kits. Des engagements ont été pris par un certain nombre d’acteurs pour accompagner la reprise des cours. Certains ont déjà mobilisé les ressources annoncées, d’autres sont en voie de le faire. Mais ce qui m’a surtout donné de l’espoir, c’est les engagements des uns et des autres. Mais nous considérons que ces engagements doivent être réalisés en mode ‘’Fast tract’’. Cela permettrait de mettre les établissements dans les conditions optimales pour bien accueillir les enseignants qui vont démarrer les enseignements-apprentissages avec les élèves à partir du 2 juin.

Quelles sont les dispositions prises par l’inspection d’académie pour une rentrée réussie ?

Par rapport aux enseignants, aujourd’hui, nous avons géré cette situation en transmettant la liste des noms de tous ceux qui se trouvent hors de la région. Ils sont au nombre de 1 949. Ils sont entre les régions de Dakar et de Thiès. En ce qui concerne leur retour dans la région, un dispositif est en train d’être mis en place au niveau central. Aujourd’hui, les premiers départs vont commencer en direction de Thiès et de Diourbel. Dans les régions, le processus va se poursuivre. En ce qui concerne les élèves candidats, ils sont au nombre de 70, éparpillés partout à travers le pays. Il s’agit d’un retour progressif. Peut-être, il y aura quelques dysfonctionnements, mais l’essentiel c’est que tous les enseignants soient là à partir du 2 juin. Il faut également préciser que parmi ces enseignants, ceux souffrant de quelques maladies sont exemptés. Nous accorderons une attention particulière aux élèves qui souffrent de certaines pathologies.

A part le retour des enseignants, il est prévu la phase de désinfection. C’est une phase importante. Nous avons échangé avec les inspecteurs de l’éducation et de la formation. Les préfets ont pris des dispositions en ce qui concerne leurs circonscriptions et tout est en train d’être mis en place et nous souhaitons que le 2 juin, pour l’essentiel, les conditions relatives à la sécurité sanitaire soient réunies pour permettre aux uns et aux autres de reprendre les cours. 

La quasi-totalité des écoles privées, ici à Kolda, sont logées dans des maisons où des salles de classe sont très petites. Quelles seront les dispositions à prendre pour respecter les mesures barrières ?

Nous serons regardants. D’ailleurs, quand nous avons reçu les chefs d’établissement, nous avons demandé aux écoles privées d’être rigoureuses et de respecter les orientations qui sont données. Comment cela va se faire ? Je pense que les responsables de ces établissements sont en train de réfléchir sur les modes d’utilisation. Dans tous les cas, il faut le respect strict des mesures. A noter que ces écoles privées seront traitées comme les écoles publiques. Quand nous aurons les kits sanitaires, elles recevront leur lot.

Vous parlez d’enseignants exemptés, alors qu’on sait qu’il y a un déficit dans leurs rangs. Pensez-vous qu’avec l’absence de certains, les cours pourraient reprendre normalement ?

Même s’il y a un déficit d’enseignants, les cours doivent pouvoir reprendre. En réalité, le programme s’est surtout posée en philosophie où déjà avec le déficit, les professeurs de philosophie regroupent souvent les élèves. Mais nous avons discuté avec un certain nombre de proviseurs qui ont déjà pris les devants. Des instructions ont été données et nous sommes en train également de voir s’il y a des possibilités dans la région de disposer de grandes salles. Dès lors qu’on dispose de grandes salles, et même une proposition a été faite pour utiliser le stade régional. Mais toutes ces questions seront étudiées pour que, le moment venu, nous puissions trouver une solution. Parce que le fait de diviser les élèves augmente le nombre d’heures de travail des enseignants. Mais nous avons parfaitement réfléchi sur ça, et mieux, les professeurs sont en train de concocter des dispositifs alternatifs avec des fascicules. Ce qui permettrait d’aller un peu plus vite.

La question des abris provisoires inquiète également les acteurs de l’éducation à Kolda. Une région où il pleut beaucoup. Y a-t-il des mesures prises pour mettre dans de bonnes conditions les enseignants et les candidats ?

Cette question a été aussi une préoccupation légitime des acteurs. Mais considérons que cette reprise ne concerne qu’un nombre assez limité d’élèves. Et ces candidats étudient dans des écoles où il y a qu’à même la possibilité de les recaser dans des salles construites. Donc, le problème des abris ne se pose pas encore. Mais si on devait reprendre avec tous les autres élèves, le problème sera réel et sera évidemment une équation qu’il faudra résoudre avec les collectivités territoriales.

L’eau est un élément indispensable dans la lutte contre le coronavirus. Peut-on avoir une idée sur le nombre d’écoles qui ne disposent pas de ce liquide précieux ?

Nous avons demandé aux inspections de l’éducation et de la formation de nous faire la cartographie des établissements sans eau. Pour la région, nous avons identifié, sur 565 établissements qui doivent reprendre ayant des classes d’examen, au moins 200 qui n’ont pas d’eau courante, c’est-à-dire robinets et puits. C’est pourquoi les maires et les communautés se sont engagés à mettre à la disposition de la communauté éducative de l’eau tous les jours. L’organisation se fera au niveau de la base, vu que les communautés doivent être impliquées dans la recherche de solution à ce problème. Parce que, sans eau, point de reprise. C’est pourquoi nous avons véritablement sensibilisé les maires sur cette question. Et je pense qu’ils se sont engagés à impliquer les communautés à tour de rôle. Sans doute dans certains villages, les quartiers vont se charger, de façon régulière, à fournir de l’eau aux écoles.

Etes-vous prêt à confiner les enseignants venant des zones rouges, afin de vous assurer qu’ils ne portent pas le virus ?

La plupart de nos enseignants reviennent des régions où, malheureusement, la pandémie sévit. Alors c’est une inquiétude qui s’est installée. Mais nous avons rassuré les uns et les autres par rapport à cette question. Néanmoins, il faut dire que notre académie, comme toutes les académies, s’appuie sur le protocole sanitaire. Pour le moment, il semble que le protocole sanitaire ne prévoit pas un test pour tous les enseignants venant des zones rouges. Mais ce qui est essentiel, c’est d’utiliser les mesures barrières et surtout de les respecter. Si cela est fait, il est possible que nous évitions ce que craignent certaines. Il faut éviter la stigmatisation. Nous adoptons essentiellement les orientations qui ont été données dans le protocole sanitaire qui a été partagé. Si les premiers signes s’annoncent, il y a possibilité de faire des tests. Mais, aujourd’hui, même si on testait ces enseignants venant des zones rouges, un jour, voire deux jours, il faut refaire les tests, parce qu’on peut également attraper la maladie dans la ville. Cela signifie concrètement qu’il n’est pas prévu de test généralisé pour ces enseignants qui vont revenir des autres régions.

Quel est le nombre de candidats dans la région de Kolda ?

 Le nombre de candidats, globalement, tourne autour de 26 mille pour le CFEE et l’Entrée en 6e, le Baccalauréat technique et le Baccalauréat général. Mais parmi ces candidats, il y a 70 qui sont encore hors de la région de Kolda. Pour le moment, c’est ce qu’on a identifié. Et nous essayons de les faire revenir. 

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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