Publié le 21 Mar 2020 - 17:09
INTERDICTION DE LA PRIERE COLLECTIVE DU VENDREDI

À Mbour, la mesure divise les fidèles

 

Pour la première fois de l’histoire moderne du Sénégal, les fidèles musulmans se voient contraints de se confiner chez eux, le vendredi à 14 h.

 

La pandémie de la Covid-19 charrie son lot de morts quotidiens, dans le monde. C’est le cas de l’Italie qui est en train de battre tous les records en la matière. En France, le système de santé atteint ses limites, avec les cas qui affluent. Au Sénégal, les autorités sanitaires redoutent ces scénarios et ont pris des mesures pour ralentir, sinon stopper la propagation de la Covid-19 dans le pays.

Il y a eu la fermeture des écoles et universités ; celle de tous les lieux susceptibles de regrouper un grand nombre d’individus et, actuellement, celle des lieux de culte. Sur toute l’étendue du territoire, il est interdit toute forme de rassemblement, même dans les mosquées et églises. Un tour dans la ville de Mbour a permis à ‘’EnQuête’’ de constater que la majeure partie des mosquées de la ville ont fermé leurs portes, à l’heure habituelle de la prière de ‘’Jumha’’.

À Oncad, la mosquée Masdjdoul Hidjaba, dirigée par l’imam Mouhaded Tall, n’a pas été en reste. Selon l’imam, le respect de cette interdiction est une forme de protection de la population dans un moment aussi crucial de l’histoire du pays et du monde. "Le gouvernement, c’est le pays. On a été en contact avec le préfet, avec les autorités religieuses de la ville et les imams ratibs. Ce qu’ils nous ont dit est compréhensible et chaque personne devrait en être consciente et en faire bon usage", déclare l’imam Tall. 

 Même son de cloche pour l’mam Moussa Lèye de la grande mosquée de Mbour. Le religieux estime que cette interdiction entre en droite ligne avec les recommandations du Prophète Mohammed qui avait demandé, en période d’épidémie, d’éviter d’entrer ou de sortir d’une zone infectée. Pour lui, "il faut d’abord préciser que c’est une suspension et non une interdiction. On a juste suspendu les rassemblements dans les mosquées, à cause de la pandémie du coronavirus". Il se réfère au Prophète pour étayer son propos. "C’est le Prophète qui, le premier, a pris des mesures, dans le cadre du confinement. Il a dit que quand une pandémie ou une épidémie survient dans un pays, il faut fermer les frontières de ce pays. Donc, c’est lui qui a été le premier à appliquer cette mesure", explique imam Lèye.

Fidèles dispersés par la police

Il estime, tout de même, que ces restrictions auraient dû être faites depuis le début la pandémie, avant d’en arriver à la fermeture des mosquées. Les frontières auraient dû être fermées, depuis lors. "Je pense que si cette mesure avait été prise très tôt, le Sénégal n’aurait pas compté de cas importés, pour en arriver à cette situation", dit-il. L’imam Moussa Lèye précise que la suspension ne concerne que la prière collective du vendredi, mais n’intéresse pas les cinq prières quotidiennes, puisque ces dernières ne drainent pas autant de monde.

À la mosquée Touba Ndiarème, également, la prière collective du vendredi n’a pas été faite par les nombreux fidèles qui avaient fait le déplacement, mais qui ont dû rebrousser chemin, après avoir été dispersés par les éléments de la police. Dans ce registre, les fidèles musulmans qui se sont regroupés à la mosquée de la famille Barro du quartier 11 Novembre, ont également dérogé à la règle de restriction, puisqu’ils se sont retrouvés à la prière à la mosquée inaugurée récemment par le président de la République lui-même.

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