Publié le 27 Feb 2021 - 22:03
INTERPELLÉS HIER DANS LA MATINÉE À L’UCAD

Ce que les 5 étudiants du PASTEF ont dit aux enquêteurs

 

Cinq étudiants du PASTEF ont été arrêtés et placés en garde-à-vue, hier dans la matinée, dans les locaux du commissariat de Point-E. Ils sont soupçonnés d’avoir fomenté un projet de troubles à l’ordre public, au sein du campus social ou ailleurs. Un important matériel destiné à mettre en œuvre leur présumé plan a été découvert dans leurs chambres.

 

Hier en début de matinée, les éléments de la sécurité du COUD de l’Université Cheikh Anta Diop ont remis entre les mains des limiers du commissariat de police du Point-E, 5 étudiants soupçonnés d’avoir de fomenter le projet de mettre le feu à l’intérieur du campus scolaire. Selon nos sources, il s’agit d’A. S., A. W. B., A. B., O.W. et E. D. Ils sont inscrits dans différentes facultés de l’UCAD, précisent nos sources. Nos interlocuteurs informent aussi que la fouille de leurs chambres respectives a permis aux limiers de trouver un matériel important composé de herses artisanales, de tubes orange avec des clous pour trouer les pneus des véhicules et les ralentir, en cas de besoin, et une quantité importante de carburant, entre autres.

Lors des auditions, poursuivent-ils, certains ont reconnu les faits. Ils ont soutenu qu’ils voulaient manifester, pour apporter leur soutien à leur leader Ousmane Sonko qui est accusé de viols répétitifs. Sur les modalités de ces manifestations, EnQuête n’a pu avoir d’amples informations. Les autres ont nié être mêlés à cette tentative de trouble à l’ordre public. Enfin, il y a celui qui a opté pour le silence. Autrement dit, il n’a pipé mot, lors de son audition dans le régime de garde-à-vue, malgré les relances des hommes du Commissaire Ahmed Tidiane Thiam, le patron de ce commissariat.

Nos interlocuteurs de préciser que la procédure pour ces 5 étudiants est bouclée. Mais, ils n’ont pu être déférés au parquet, parce qu’à l’heure où leurs auditions sont arrivées à terme, c’était déjà l’heure de la descente du parquet. Ils vont passer le week-end dans les locaux du commissariat et seront déférés, lundi dans la matinée, sauf changement de dernière minute.  A ce stade de l’enquête, on leur reproche les délits d’association de malfaiteurs, tentative de troubles à l’ordre public, tentative d’incendie volontaire, entre autres.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

VAGUE D’INTERPELLATIONS

17 femmes de PASTEF interpellées par la police de Dieuppeul

Maïmouna Dièye et 16 autres femmes de PASTEF ont été interpellées, hier en début d’après-midi par les éléments du commissariat de Dieuppeul. Elles voulaient se rendre chez leur leader.

La journée d’hier a été mouvementée du côté de la formation politique d’Ousmane Sonko. Alors que 5 jeunes étudiants de Pastef avaient été arrêtés, en début de matinée, dans l’après-midi, ce fut au tour des dames dudit parti d’avoir maille avec les forces de sécurité. Pour manifester leur soutien à leur leader, accusé de viol par la masseuse Adji Sarr, et dont l’immunité parlementaire venait d’être levée, un groupe de femmes, avec à leur tête la présidente des femmes de PASTEF, Maïmouna Dièye, a fait une bruyante procession agrémentée d’un concert de casseroles et autres ustensiles, pour se rendre chez leur leader, en scandant : ‘’Macky dictateur’’.

Ayant eu vent de cette information, informent nos sources, les limiers du commissariat de police de Dieupeul les ont interceptées. Sommées d’arrêter et de se disperser, les dames ont refusé. Elles ont improvisé un sit-in. Assises par terre, elles ont refusé de bouger. C’est ainsi que les hommes du Commissaire Mballo les ont embarquées, direction : les locaux de leur commissariat pour les besoins de leurs auditions. Elles sont au nombre de 17, précisent nos informations. Depuis lors, elles sont en garde-à-vue.

Mais, tout laisserait croire qu’elles vont opter pour la loi de l’omerta, étant donné que c’est la nouvelle stratégie des personnes interpellées, depuis que la vague des arrestations des membres de Pastef s’intensifie. Pour l’instant, elles sont poursuivies pour troubles à l’ordre public, manifestation non autorisée, rassemblement interdit.

En outre, confient nos sources, d’autres membres du PASTEF ont été interpellés à l’intérieur du pays : deux militants dans la ville sainte de Touba, un dans le sud, plus précisément à Ziguinchor.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

SERIGNE ABDOUL AKHAD MBACKE (CHERCHEUR A L'UNIVERSITE DE BALTIMORE)

‘’Macky, prenez de la hauteur et libérer ces jeunes, car…’’

Le chercheur à l'université de Baltimore, aux USA, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, donne son avis sur l’affaire Sonko et implore le chef de l’Etat de libérer les prisonniers politiques arrêtés, dans le cadre de cette affaire.

Les réactions et les analyses se multiplient, dans l’affaire Ousmane Sonko. Cette fois-ci, c’est le professeur Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, Chercheur à l'université de Baltimore, aux USA, qui se prononce. ‘’Je crois, en âme et conscience, que si quelque chose s'est passé, c'est de façon consentie. Où est le problème ?’’, s’interroge le Pr. Serigne Abdoul Akhad Mbacké. Selon qui, c’est ce qu'on appelle, du "troc sexuel". Avant, poursuit-il, on l’appelait "un paiement en nature". Là, le paiement a été effectué et le service apparemment rendu, dit-il. Concernant les arrestations dont sont victimes les pro-Sonko, ce spécialiste en administration publique, négociation, conflit et management déclare que le président Macky Sall, durant son parcours politique, a été un opposant historique ; il a usé des possibilités qu'offrait la liberté d’expression, inhérente à la démocratie, pour dénoncer les abus d’autorité et la mal gouvernance des pouvoirs successifs pour le bien du peuple.

‘’Vous conviendrez avec moi que c’est, à présent, à son tour, en tant qu’autorité, d’en accepter le principe. Vous avez certainement pris connaissance de l’analyse des spécialistes du continent, notamment celle De Laurent Bigot, ancien diplomate du Quai d’Orsay, bien connu de certains de vos amis et camarades : ‘Le drame, en Afrique de l’Ouest, c’est que, le plus souvent, pour ne pas dire pratiquement toujours, la principale menace définie par le président en place, c’est l’opposition politique.’ Les services de renseignement concentrent leurs moyens et leur énergie à faire du renseignement politique et négligent les autres menaces. Les véritables menaces, pour l’Afrique de l’Ouest, sont le crime organisé (la corruption qu’il génère, infiltre l’Etat dans ses plus hautes sphères) et le terrorisme qui prospère là où l’Etat est défaillant ou dévoyé par la logique de prédation et de prébende’’, explique-t-il.

L’universitaire fait remarquer que, dans cette sous-région, les narcotrafiquants côtoient certains décideurs politiques et les financent. Ils obtiennent, en retour, une impunité totale et développent en plus des activités légales pour blanchir leur argent. ‘’C’est pourquoi, sachant qu’en tant que musulman croyant, vous n’ignorez sans doute pas que le Coran, le Livre Saint que nous partageons, dis : ‘O Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux, et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en ta main et tu es Omnipotent.’ [Sourate 3, Verset 26]. Donc, n’ayez nulle crainte des hommes et libérez ces innocents ! Pour toutes ces raisons et d’autres, je m’autorise à vous implorer de prendre de la hauteur et faire de la clémence à ces prisonniers politiques ; s'ils meurent en prison, ce serait catastrophique aux yeux de l'opinion nationale comme internationale, et l’acte ne ferait que vous grandir’’, renchérit-il.

Il lance un appel à la jeunesse pour une conscientisation, car elle a la vie devant elle et la tête pleine de questions auxquelles elle n’a pas toujours de réponses.

CHEIKH THIAM

 

Section: