Publié le 5 Feb 2020 - 19:34
INTIFADA A GUET-NDAR

Des véhicules brûlés, plus de cinq policiers blessés

 

Deux véhicules brûlés, plus de 20 blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre, des pirogues incendiées, les agences de la Sonatel et de la Senelec caillassées. C’est la scène apocalyptique à laquelle on a assisté, hier, à Saint-Louis, plus précisément à Guet-Ndar. Cinq manifestants ont été interpelés.

 

Quand les populations de Guet-Ndar manifestent, elles n’y vont jamais de main morte. Ce mardi, le ciel de Guet-Ndar a été noir de fumée, toute la journée, à cause des nombreux pneus brûlés. C’est vers les coups de 11 h que de jeunes pêcheurs ont barré l’accès au pont Moustapha Malick Gaye qui relie la partie de l’île de Saint-Louis à la langue de Barbarie.

Informés de la situation, les éléments du GMI ont parlementé pour permettre que la circulation reprenne. Ils ont essuyé un refus catégorique des manifestants de Guet-Ndar. Les frondeurs, très agités, arborant des gilets de sauvetage, comme s’ils revenaient de la mer, ont fait face aux lacrymogènes. Ils sont montés sur des pirogues et se sont mis à lancer des pierres sur les policiers postés de l’autre côté du petit bras du fleuve.

Les pêcheurs protestent contre l’arrêt des licences de pêche par les autorités mauritaniennes. Selon les manifestants, tous les droits ont été payés pour une durée d’un an. Mais, à leur grande surprise, en à peine deux mois de travail, on les a informés que les licences ont expiré. Face à la situation, ils n’ont pas manqué de dénoncer le silence ‘’coupable’’ des autorités sénégalaises. Ces contestataires parlent même d’une arnaque dans la livraison de ces licences. Et ils révèlent que trois pirogues ont été arraisonnées par les garde-côtes de la Mauritanie. ‘’Plus de 3 millions ont été perdus’’, soutiennent-ils. 

En colère, les jeunes pêcheurs ont voulu coûte que coûte se rendre à la gouvernance, pour prendre langue avec le représentant régional de l’Exécutif.  Hélas, ils se sont heurtés aux éléments du GMI. Les minutes défilant, la mobilisation forte de ‘’l’armée guet-ndarienne’’ a continué à grossir, avec le retour des jeunes pêcheurs partis en mer. Une mer très agitée, dans la nuit du lundi au mardi. Les choses se sont envenimées. Les jeunes manifestants ont traversé le fleuve et mis le feu à un véhicule particulier stationné à quelques jets du centre hospitalier régional.  Les forces de l’ordre ont reculé pour revenir à la charge. Les parents d’élèves, tourmentés, se sont rués vers les écoles pour récupérer leurs enfants. Les boutiques ont baissé leurs rideaux, de peur d’être vandalisées.

En plus de leurs doléances, les pêcheurs soulèvent encore le problème de la brèche qui, selon eux, ‘’est un mouroir’’. Ils dénoncent le retard noté dans la stabilisation et le balisage de la brèche qui ‘’tue sans cesse’’. ‘’Nous souffrons, alors que l’État, garant de notre sécurité, reste silencieux. La brèche nous tue. La plupart des femmes de Guet-Ndar n’ont plus de mari, à cause des accidents meurtriers sur le canal’’, a crié Mama Fall, dégoulinante de sueur. 

FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)

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