Publié le 4 Feb 2020 - 00:54
ITW- ABDOU KARIM SALL, MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT

‘’Nous finirons, un jour, par mettre un terme à ce trafic transfrontalier de bois’’ 

 

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, était en tournée, ce vendredi 31 janvier, dans la région de Kolda, pour se rendre compte de l’état d’avancement des consignes qui ont été données dans le cadre de la lutte contre le trafic illicite de bois et des difficultés rencontrées par les agents des eaux et forêts sur le terrain. A la fin de la tournée, il a répondu aux questions d’’’EnQuête’’.

 

Monsieur le Ministre, vous êtes dans la région de Kolda. En quoi consiste cette visite ?

C’est dans un cadre de visites que nous effectuons de manière régulière pour être en contact avec nos collaborateurs, pour nous rendre compte, par nous-mêmes, de l’état d’avancement des consignes qui ont été données et des difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Ce matin, nous sommes dans le département de Médina Yoro Foula. Nous avons eu à procéder à des visites. Dans l’arrondissement de Fafacourou, nous avons eu à visiter le périmètre aménagé de Kandiator, la forêt classée de Bakor et constaté les saisies stockées ici à Médina Yoro Foula qui ont été réalisées par les agents des eaux et forêts.

Je voudrais également profiter de l’occasion pour remercier la brigade mixte qui opère dans la région et qui, en effet, enregistre beaucoup de saisies. D’ailleurs, vous-même vous avez constaté.

Pensez-vous un jour en finir avec cette coupe abusive de bois dans cette partie sud du pays ?

Je le pense. Dans le cadre des actions qui sont en train d’être menées, nous avons espoir que nous finirons, un jour, par mettre un terme à ce trafic transfrontalier de bois qui ne cesse de ruiner la forêt sénégalaise, notamment dans la partie sud du pays. J’ai souvent le plaisir de reprendre la phrase du discours de Son Excellence le Président de la République Macky Sall, tenu le 31 décembre 2018. Quand il s’adressait à la Nation, il disait : ‘’C’est au prix de la régénération et de la protection de notre patrimoine forestier que nous préserverons les intérêts vitaux des générations futures.’’ Et je pense que ça atteste l’ampleur du programme qui est engagé, notamment dans le cadre du PSE vert, mais également l’ampleur de la lutte contre la coupe abusive de bois qu’il faut conjuguer bien sûr avec l’initiative du PSE vert, dans le cadre du reverdissement du pays et d’un reboisement d’envergure.

Je pense également que Son Excellence le Président de la République est en train de nous appuyer et de nous soutenir. D’ailleurs, c’est un plaisir d’annoncer ici que le président a pris la décision, dans le cadre d’un recrutement exceptionnel, de doter les agents des eaux et forêts des parcs nationaux de renforts, accès important de ressources humaines pour mieux réaliser les objectifs qui sont assignés aux vaillants combattants qui luttent, au quotidien, contre ces trafiquants de bois. Je pense que nous opposerons une farouche opposition à ces délinquants.

Ce que nous avons eu sur le terrain atteste, à suffisance, que le combat est en train d’être mené et la partie diplomatique jouera également sa partition, notamment avec nos voisins qui sont la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée.

Mais ce qui est plus important, c’est qu’on constate que le département de Médina Yoro Foula partage une frontière d’à peu près 230 km avec la Gambie et nous constatons également, de par les identifications qui ont été faites, que tout le long de la frontière, que les trafiquants ont érigé des dépôts de bois. Après avoir coupé du bois au Sénégal, ils le transportent directement dans ces dépôts exportation à partir de la Gambie. D’ailleurs, nous sommes en discussion avec les autorités gambiennes, mais également, il va falloir, du côté du territoire national, que nous accentuons notre lutte.

D’ailleurs, je loue les efforts qui ont été réalisés avec cette brigade mixte composée d’agents des eaux et forêts et les forces de défense et de sécurité. Je salue également les autorités administratives qui coordonnent l’ensemble des opérations pour que nous puissions venir au bout du trafic illicite de bois.

Le 27 juin 2016, le précédent ministre de l’Environnement avait déclaré que l’Etat va créer 10 à 15 éco-villages, le long de la frontière avec la Gambie, pour permettre aux populations d’avoir des activités génératrices de revenus et de lutter contre la coupe illicite de bois. Aujourd’hui, peut-on savoir où vous en êtes avec le projet qui tarde à voir le jour ? 

Vous avez parfaitement raison. Je pense que, dans la perspective de la mise en place de ces éco-villages dont vous avez parlé tantôt, le président de la République, dans son ambitieux programme le Plan Sénégal émergent (PSE) a décidé de créer une nouvelle agence qui s’appelle l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande miraille verte qui récupère toutes les activités de l’Agence sénégalaise, mais également les activités de l’Agence nationale des éco-villages.

Y a-t-il un mécanisme qui permet une bonne exploitation du charbon de bois dans les périmètres ou les forêts aménagés ?

Tout le charbon que nous voyons à Dakar, c’est un charbon qui est obtenu à travers un mécanisme organisé, à travers ces pépinières et ces forêts qui sont aménagées, où on a des gestionnaires qui, au bout de 8 ans, puissent reprendre la coupe dans ces forêts-là. Parce que c’est quelque chose d’organisé. Et cela permet aux populations autochtones de pouvoir trouver des ressources supplémentaires.

Aujourd’hui, les feux de brousse sont la principale menace. Or, les comités de vigilance dans les villages ne sont pas assez outillés pour lutter contre ce fléau. Quel mécanisme mettre en place pour pouvoir lutter contre ces feux de brousse ?

Vous savez que la direction qui s’occupe des eaux et forêts s’appelle la Direction des eaux et forêts, chasse et conservation des sols. Cette direction a la charge, bien sûr, de veiller à la protection naturellement des forêts. C’est dans ce cadre-là que nous nous organisons, bien sûr en rapport avec les élus, les maires, pour faire face, très souvent dans des conditions qui ne sont pas les meilleures pour lutter efficacement contre ces feux de brousse qui sont souvent liés aux activités humaines ou déclenchés par inadvertance par des feux précoces. Cette année, nous allons nous organiser pour nous doter de matériels suffisants pour faire face à ces feux de brousse, notamment en mettant assez de pare-feu, mais aussi en préposant suffisamment d’unités pour lutter contre les feux de brousse.

Y a-t-il des mesures prises pour lutter contre les feux de brousse ?

Le programme PSE vert est un programme global qui ne vise pas simplement la reforestation, mais également la protection de notre forêt. Le président de la République en a fait une priorité. D’ailleurs, nous avons reçu des indications et des directives assez précises pour que nous nous mettions au travail en rapport avec les populations pour trouver une solution définitive et pérenne à cette problématique qui se pose à nous et particulièrement aux populations qui vivent dans la région du Sud. 

Je suis venu avec le directeur de l’Agence sénégalaise de la reforestation de la grande muraille verte et nous avons visité des pépinières. Ces pépinières seront remises à niveau avec la collaboration que nous allons mettre en place avec cette agence. Un protocole sera signé par les eaux et forêts et l’Agence sénégalaise de la reforestation de la grande miraille verte, pour pouvoir remettre à niveau l’ensemble des pépinières, mais également créer d’autres pépinières.

Il faut saluer également ce que j’ai vu toute à l’heure. Les populations s’organisent pour préserver le bois de vène qui est très prisé par ceux-là qui coupent et qui emportent de l’autre côté de la frontière.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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