Publié le 10 Aug 2020 - 13:41
JOURNEE NATIONALE DE L’ARBRE 2020

Planter des arbres devant chez soi, bientôt une obligation avant de construire 

 

Pour redonner un visage vert aux villes sénégalaises colonisées par le bâti, le président de République, Macky Sall, prévoit d’inscrire dans les codes de la construction et de l’urbanisme une obligation de planter des arbres.

 

Emblème du Sénégal, présent sur les armoiries de la République aux côtés du lion, le baobab a été honoré, hier, au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), à travers une plantation symbolique du président de la République Macky Sall, prétexte pour célébrer l’édition 2020 de la Journée nationale de l’arbre.

Cette 37e édition d’une longue tradition de reboisement pour lutter contre la désertification et la reforestation, est marquée par la présence de la Covid-19, justifiant un thème axé sur ‘’La reforestation, un remède contre les pandémies’’. Une idée bien comprise par le chef de l’Etat qui, après son geste à l’endroit de la nature, a rappelé : ‘’Nous savons que ces pandémies ont pour origine, quelque part, la perte de la biodiversité. Donc, planter un arbre, c’est augmenter nos chances et nos capacités de production de remèdes contre les maladies. Car, plus la variété des plantes est importante dans un pays, plus il pourra développer une résilience dans son offre de médicaments.’’

Les rapports entre l’humain et la nature qui l’entoure sont de plus en plus conflictuels. Ce qui est pourtant évitable avec une politique adaptée d’un aménagement paysager prenant en compte le bâti et la verdure. Et pour arriver à cela, le président de la République s’est engagé dans une nouvelle résolution. ‘’Je vais proposer, dans le cadre du code de la construction et du code de l’urbanisme, que désormais les autorisations de construire soient adossées à l’obligation de planter des arbres devant les maisons et de faire en sorte que cette plantation soit suivie d’effets, afin que les plants puissent survivre’’, a-t-il assuré. Et les choses ne s’en arrêteront pas là, puisque, le chef de l’Etat a appelé l’ensemble des compatriotes à s’investir sur la plantation d’arbres pour reverdir le Sénégal.

Car, rappelle-t-il, il s’agit ‘’d’une composante du PSE Vert (Plan Sénégal émergeant) qui me tient à cœur. Nous allons, avec l’Agence de la reforestation et la Direction des eaux et forêts, planter des arbres le long des routes et autoroutes, et dans tous les espaces qui peuvent en accueillir’’.    

En présence du ministre de l’Environnement et du Développement durable Abdou Karim Sall, qui a lui aussi planté son baobab, les structures administratives se chargent déjà de concrétiser cet appel. A l’image de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte (ASERGMV) dirigée par Haïdar El Ali.

Cependant, ce dernier commence d’abord par la conscientisation, en affirmant que ‘’notre écosystème forestier est en train de disparaitre. Le désert arrive au Nord. Les sols du bassin arachidier sont pauvres. Mais la pluviométrie de cette année est très bonne et il nous faut l’accompagner par des campagnes de reboisement. Les Sénégalais doivent accompagner la volonté politique du président de la République sur le reboisement des arbres’’.

L’une des premières étapes qui sera assurée concerne le lancement dans la nature de 25 sacs contenant 56 000 graines de baobab chacune, pour qu’elles y germent. 

‘’L’arbre donne de l’air pur. Il donne à manger, enrichie les sols, apporte la pluie et peut être commercialisé pour apporter des richesses’’

Les activités de la campagne nationale de reboisement 2020 se dérouleront du 13 août au 2 septembre, en six phases qui couvriront tout le Sénégal. Si le baobab (adansonia digitata) a été choisi cette année, c’est pour la grande diversité des services qu’il offre. Avec une longévité estimée au Sénégal à 800 ans, cet arbre produit des fruits comestibles, deux fois plus riches que le lait en calcium. Toutes ses parties sont utilisées par les populations locales pour qui, il a une grande importance sociale et économique.

Toutefois, la campagne de reboisement concerne toutes les variétés d’arbres, car le but est de profiter de la nature. Comme le précise l’ancien ministre de l’Environnement, ‘’l’arbre donne de l’air pur. Il donne à manger, enrichit les sols, apporte la pluie et peut être commercialisé pour apporter des richesses. Cette année, près de 2 000 sacs de 50 kg de 25 variétés d’arbres différentes ont aussi été récoltés. Une production exceptionnelle dont une équipe sur le terrain est en train de diffuser les semences. Nous devons arrêter de saccager le peu de forêts qu’il nous reste et transformer notre paysage de sorte qu’à l’entrée de nos villages, qu’on ne retrouve plus d’ordures, mais des forêts constituées d’arbres fruitiers, par exemple’’. 

Au Centre international de conférences Abdou Diouf, le président de la République a proposé l’aménagement, pour l’ASERGMV, d’un espace pour entretenir une pépinière. De sorte que cette production puisse d’être dispersée à travers le pays.

Mais dans l’entreprise du reboisement, le gros hic, renseigne le colonel Major Baidy Ba, est la question du suivi. Et pour le directeur des Eaux, forêts, chasse et conservation des sols, il n’est plus question de gaspiller des plants : ‘’Toute structure qui sollicitera des services des eaux et forêts des plantes, devra montrer les capacités de protection et de suivi des arbres. En commençant par l’aménagement de gabions de protection.’’

Malgré son énorme potentiel dans l’exploitation des arbres, le Sénégal reste un pays à l’offre forestière encore sous-exploitée. Toutefois, le secteur garantit aussi quelques emplois verts, car les pépinières permettent de créer de plus en plus de périmètres de production fruitière concourant à la création de revenus. D’où l’importance de veiller à la préservation des arbres, source de bien-être économique, social et environnemental.  

Lamine Diouf

 

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