Publié le 16 Jan 2016 - 04:28
KOLDA - JUGE POUR COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES

Le Kankourang  risque 2 mois de prison 

 

Le Kankourang Souleymane Camara risque de passer deux mois en prison, si le tribunal suit le réquisitoire du procureur. Ses accompagnants Sambou Camara, Mamadou Lamine Guirrassy et Boubacar Badji, poursuivis également pour coups et blessures volontaires, ont toutes les chances d’être relaxés, faute de preuves.

 

Bras croisés, regards égarés, têtes basses et air triste, Mamadou Lamine Guirrassy, agent administratif au conseil départemental de Kolda, les élèves Boubacar Badji, Souleymane Camara et Sambou Camara, n’avaient pas fière allure hier devant le tribunal d’Instance de Kolda. En prison depuis le 8 janvier dernier, ces quatre jeunes du quartier Saré Moussa de Kolda ont été jugés pour leurs excès, lors d’un rituel du Kankourang.

Il y a quelques jours, Yaya Bodian vaquait tranquillement à ses occupations, dans les rues de Saré Moussa, lorsqu’il a croisé une ribambelle de jeunes, torses nus accompagnés du Kankourang. Rapidement, il a été entouré par le Kankourang et certains jeunes et roué de coups. N’eût été l’intervention de Mamadou Lamine Guirrassy, un des accompagnants du Kankourang, le pire aurait pu se produire. Le certificat médical révèle de multiples plaies sur le corps de la victime. Ces blessures ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de sept (7) jours ont conduit Yaya Bodian à porter plainte contre Mamadou Lamine Guirrassy et compagnie. Interrogé au commissariat urbain de Kolda, Mamadou Lamine Guirrassy a cité les nommés Boubacar Badji, Souleymane Camara et Sambou Camara comme étant les auteurs des coups portés sur Yaya Bodian.  

Ce jeudi, devant les juges, Souleymane Camara a reconnu avoir porté des coups sur Yaya Bodian. « Je reconnais avoir porté des coups sur Yaya Bodian. Le jour des faits, c’est moi qui étais le Kankourang. Je portais les habits du Kankourang », a-t-il déclaré. Par contre, Sambou Camara, Mamadou Lamine Guirrassy et Boubacar Badji ont tous nié les faits. « Nous avons participé à cette manifestation. Mais, nous n’avons porté de coups sur personne au cours de notre jubilation dans les rues de Kolda », ont-ils expliqué. A la question de savoir s’ils avaient une autorisation pour cette manifestation, ils ont répondu : non. Le procureur leur a signifié qu’ils peuvent être poursuivis pour participation à une manifestation non autorisée, avant de leur conseiller de revoir leurs comportements.

La victime quant à elle a expliqué aux juges qu’elle n’a pas vu les quatre prévenus porter la main sur lui. Mais elle a soutenu qu’ils faisaient partie des accompagnants du Kankourang. Yaya Bodian a réclamé la somme de 52 mille francs Cfa, à titre de dommages et intérêts. A la suite de ce témoignage, le procureur a requis la relaxe de Mamadou Lamine Guirrassy, Sambou Camara, et Boubacar Badji. Il considère que « la partie civile n’a pas apporté des preuves pouvant les retenir dans les liens de la détention ». Par contre, il a requis deux mois de prison contre Souleymane Camara.

Avant de mettre l’affaire en délibéré pour le 28 janvier prochain, les juges ont rappelé à l’ordre les prévenus. « Toutes ces années, des actes de vandalisme, de vol et de troubles à l’ordre public sont causés par les Kankourang et leurs accompagnants, lors des rituels traditionnels de circoncision, dans les régions de Kolda et de Sédhiou », ont fait remarquer les juges. Avant de les prévenir : « La justice ne tolérera jamais ces actes de vandalisme. » Le procureur de renchérir : « Désormais, des sanctions sévères seront prises contre toute personne qui trouble la quiétude des populations. » 

EMMANUEL BOUBA YANGA (Kolda)

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