Publié le 7 Apr 2018 - 18:09
KOLDA - LITIGE FONCIER DANS LA COMMUNE DE PAKOUR

10 jeunes manifestants arrêtés seront jugés le 11 avril 

 

La situation est tendue dans la commune de Pakour où l’octroi de 1 000 hectares de parcelles à un promoteur étranger insupporte la population. Il y a eu des heurts et des arrestations.

 

Le torchon brûle entre les habitants de la commune de Pakour et les autorités administratives locales. L’octroi de 1 000 hectares de parcelles à usage de plantations de bananerais à un promoteur étranger est à l’origine du conflit.  Ainsi, ce lundi 2 avril, les habitants de Diaocounda, dans la commune de Pakour, ont arboré des brassards rouges et dressé un drapeau rouge dans toutes les concessions. Ensuite, les populations des villages de Saré Maoundé Ba et de Sinthiang Fally, entre autres, sont entrées dans la danse. Elles ont bravé la chaleur pour se rendre aux parcelles octroyées au promoteur Mamadou Oumar Tall, afin de s’opposer aux travaux qui s’y déroulent. Mais les forces de l’ordre veillaient au grain. Tandis que populations et hommes de tenue se regardaient en chiens de faïence, les ouvriers ont pris peur et arrêté les travaux.

Il y a eu des arrestations. Il s’agit d’Amadou Kane, Mama Samba Baldé, Ousmane Kane, Mamoudou Baldé, Bacary Baldé, Tidiane Baldé, Abdoulaye Baldé, Ibrahima Mballo, Mamadou Kandé et Kanta Boiro arrêtés le mardi 3 avril et déférés au parquet puis envoyés en prison le même jour. Ils seront jugés le 11 avril pour actions diverses et opposition à l’exécution des travaux autorisés par l’autorité administrative. Mais les populations n’en démordent pas.

‘’Ils se sont accaparés de nos terres sans notre consentement. Nous demandons la libération de nos terres et de nos fils emprisonnés à Kolda, s’ils veulent la paix. Sinon, nous continuerons à manifester notre colère’’, martèle le porte-parole des manifestants Mountaga Sabaly.

Ces populations déclarent vivre de ces ressources. ‘’Si l’on nous prive de ces 1 000 ha, c’est pour nous tuer à petit feu. Nous sommes des citoyens sénégalais et nous lançons un appel au président de la République pour qu’il intervienne dans ce litige foncier. Nous exigeons la lumière sur l’octroi de cette superficie. Car nous n’avons pas confiance en nos conseillers municipaux. Nous ne laisserons pas ce promoteur nous ruiner et nous sommes prêts, tous les jours que Dieu fait, à venir sur le site et nous opposer par tous les moyens à ce projet. Quitte à nous emprisonner tous ou à nous tuer, jamais nous ne céderons’’.

Nouvelle affectation de 300 ha au promoteur

D’après nos interlocuteurs, cette situation empêche une dizaine de villages d’accéder au fleuve. Elle affecte 1 500 personnes qui n’auront pas de champs de production et 2 500 têtes de bœuf ne pourront pas accéder au fleuve. D’ailleurs, 721 chefs de ménage ont signé une pétition pour protester contre cette autorisation. En plus, 10 villages ont formé un collectif des villages riverains du fleuve Kayanga (Sinthiang Madia, Kountada, Anambé Kouta, Sinthiang Fally, Sinthiang Tenning, Diaocounda, Saalya, Manato, Thiewy Bessy Samba, Saré Yéro Diao). Ils considèrent que l’autorisation de céder ces 1 000 ha a été donnée en catimini, sans concertation avec les populations, en violation du principe de la participation citoyenne.

Face au refus de la population, une rencontre a été organisée, à l’issue de laquelle les autorités ont reconnu qu’il y a eu un manque de concertation. Elles ont prévu maintenant d’octroyer 300 ha au promoteur. Mais rien n’est encore officiel. Car la délibération n’est pas disponible.

 

Section: