Publié le 24 Feb 2019 - 01:15
L’ŒIL DU SCRIBE UNE CHRONIQUE DE MADOU KANE

En toute démocratie

 

Sous les tropiques, gisent les idéologies. Mortes de leur belle mort, faute de s’adapter aux réalités des sociétés qui ont emprunté des trajectoires inédites. Elles furent entretenues par une élite généreuse et rêveuse, incapable d’inventer des modèles issus de leur propre histoire.  Des doctrines,  sorte d’idées prêtes à penser, se diffusèrent comme une trainée de poudre pour initier des révolutions sans révolutionnaires. Des initiatives qui se heurtèrent aux forces réactionnaires d’Occident et aux réflexes conservateurs des sociétés endogènes qui aspirent à la stabilité et qui  considèrent le passé comme l’âge d’or à ressusciter.  Elles disparurent et leur deuil se fit sans cérémonie.

Faut-il le rappeler, la démocratie est grecque et la république romaine. Ces modèles antiques ont été réinventés par les grandes révolutions de 1776 et 1789 avant de se répandre avec succès dans les sociétés industrialisées.  Si les principes sont universels, les modèles ne sont pas repliquables dans des contextes et réalités d’ailleurs. Ainsi, la mise en œuvre de la démocratie élective et représentative se heurte, dans la courte durée, aux forces centrifuges qui mettent malheureusement en évidence des clivages qui fissurent la cohésion des jeunes nations mal assises dans des frontières sans fondements.

L’émancipation progressive des peuples au détriment des régimes totalitaires et patrimoniaux  révéla le mirage des modèles démocratiques et républicains qui firent leurs preuves sous d’autres cieux. Un bon prétexte interventionniste pour consolider la mainmise occidentale dans le processus  de mise en dépendance du continent africain. Une entreprise dont les élites locales sont les complices.

A coup sûr, l’apprentissage des règles du jeu  démocratique et l’appropriation des principes de séparation des pouvoirs et de limitation des mandats qui fondent la république se feront sur la longue durée. Une expérience  mi-figue, mi-raisin dans le contexte sénégalais, pourtant montré en exemple.

Un paradoxe déroutant qui révèle les manœuvres destructrices des  démons,  amplifiées par les nouveaux media. Ils réveillent la violence et les discours fractionnistes qui titillent les appartenances ethniques ou confessionnelles. Par bonheur, la  belle réaction des Sénégalais qui semblent imperméables aux délires sataniques. L’union sacrée  de tout un peuple pour une élection apaisée.

La profusion  inflationniste des partis politiques n’est que le chant du cygne de ces formations qui fonctionnent désormais en coalitions, des groupements d’intérêts, véritables machines de conquête du pouvoir.

 La société civile, qui fait feu de tout bois en 2012, fut plus impliquée dans l’encadrement du processus démocratique  que dans le débat politicien.  Une option qui vise à instaurer une culture démocratique dans un contexte où les enjeux l’emportent sur l’intérêt général.

Pour une presse réputée très politique, il y en avait que pour la campagne électorale, donnant l’impression d’un pays en mode veille, complètement suspendu  au scrutin présidentiel.  A sa décharge, un traitement équitable, une couverture et un décryptage de grande qualité. Comme si la politique est le moteur de la vie nationale et la matière principale des organes d’information ! Que serait la presse sans les politiciens ?

Pendant ce temps, le business de la politique fait flamber la bourse opaque qui abhorre la transparence, qui crée de nouveaux riches et ruinent des spéculateurs mal inspirés.

Cette campagne restera mémorable avec des acteurs aux profils si différents qui ont investi les rues et les salons devenant presque familiers à la masse.

Fermer l’urne à un ou deux tours, les citoyens décideront, ce dimanche, dans la paix et la sérénité. Mais que le meilleur gagne, en toute démocratie.

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